Inondations

Inondation : catastrophe "naturelle"? par Françoise Sirol et Catherine Sirol (septembre 2015)

Les conséquences des décisions actuelles de gestion sont dramatiques et l’on considère aujourd’hui qu’il s’agit de l’ECOCIDE le plus grave d’ Europe.

Cela fait 35 ans que la famille Sauvy a vendu au Conservatoire du Littoral ses droits sur l’étang de Canet pour faire obstacle au projet des Mairies de Canet et de Saint Nazaire qui envisageaient de le combler à des fins immobilières et de le saler afin de l’inclure au Domaine maritime.

La Famille SAUVY ignorait que le Conservatoire n’a pas le pouvoir de gérer les terres qu’il acquiert : il en fait assurer la gestion par des Partenaires gestionnaires et la gestion est proposée en priorité aux collectivités territoriales.

Ce sont les gestionnaires qui sont les employeurs des gardes du littoral et qui assurent sur les terrains, la surveillance et l’entretien des sites.

La gestion est parfois confiée à des établissements publics, comme le Parc national de Port-Cros ou à des associations agréées, comme la Ligue pour la Protection des Oiseaux ou la Société nationale de protection de la nature.

Ignorante de cet état de fait, la famille Sauvy n’a pas été en mesure de s’opposer à la décision du Conservatoire du Littoral de confier la gestion de l’étang de Canet à … la mairie de Canet alors même que la décision de vendre avait pour objectif de priver cette dernière de toute immixtion dans la gestion de ce site dont elle envisageait à moyen terme la destruction.

La Mairie de Canet a ainsi pu poursuivre son projet visant au comblement de l’étang par la mise en place d’un système empêchant la purge des limons dragués par les rivières d’amont en crues (Réart, Fosseille, etc…).

C’est ainsi que la mairie de Canet a construit une digue surmontée de petites vannes à l’intention des pêcheurs, digue que l’on aperçoit de la route et qui empêche le retour à la mer des limons des rivières … mais aussi des tonnes de sable draguées par la mer par vent d’Est lorsqu’elle rentre avec force dans l’étang, alors que depuis des temps immémoriaux, ce fort courant permettait la reconstitution du banc de sable qui refermait naturellement l’étang, le grau, après y avoir injecté plancton et autres alevins qui assuraient la conservation des espèces et l’activité des pêcheurs.

En outre et pour activer le processus de salinité et de comblement, en 1990, la Mairie de Canet, avec l’assentiment du Conservatoire du Littoral, a rouvert le « canal des Allemands », alors que, à l’issue de deux procès engagés et gagnés par la famille SAUVY en 1917 et 1956, l’Etat qui avait déjà tenté une même opération pendant les deux guerres, avait été condamné à faire reboucher le canal en question, à indemniser les dommages de guerre et, notamment, à dédommager les riverains dont les terres avaient été ravagées par le sel.

Rappelons qu’il s’agit d’un étang d’eau douce, c’est à dire dont le degré de salinité ne dépasse pas un certain seuil, raison pour laquelle il est demeuré propriété privée des riverains et a pu ainsi être cédé au Conservatoire.

Cet étang doit rester d’eau douce pour sauvegarder non seulement sa faune et sa flore – il est classé Natura 2000- mais également les propriétés riveraines qui étaient auparavant principalement maraichères.

C’est pourquoi son mode de communication naturel ancestral avec la mer devait impérativement être sauvegardé car il a permis pendant des siècles d’empêcher une entrée de sel excessive tout en permettant l’entrée du plancton et des alevins, d’en conserver la propreté et la profondeur en assurant ainsi une protection sans faille.

Les conséquences des décisions actuelles de gestion sont dramatiques et l’on considère aujourd’hui qu’il s’agit de l’ECOCIDE le plus grave d’ Europe, la transformation volontaire de cet étang d’eau douce en étang salé en ayant définitivement modifié la faune et la flore, entrainant la disparition de centaines d’espèces de migrateurs dont il constituait la dernière étape, aire de repos et de nidification, avant leur arrivée en baie de Somme.

Enfin, en 1993, le Conservatoire a autorisé la Mairie de Canet à dévier le canal d’Elne dans l’étang à travers l’Agouille de la Mar qui y aboutit et ce canal a déversé dans l’étang les effluents toxiques de 30 caves coopératives et de plus de 22 communes non encore ou insuffisamment équipées de stations d’épurations.

Salé, l’étang est aujourd’hui pollué.

Les herbiers classés en Europe, nourriture spécifique des migrateurs « d’eau douce » sont détruits. Les migrateurs qui viennent d’Afrique qui se posent pour se nourrir avant de reprendre leur route vers le Nord de l’Europe, repartent le ventre vide et ne survivent pas à la migration.

L’étang, bassin naturel de rétention des eaux de ruissellements, ne joue plus son rôle.

Les Agouilles (fossés) qui y drainaient les eaux de la plaine se déversent sur les terres alentours et l’étang, qui n’a plus de profondeur, déborde sur les terres riveraines … Souvenez-vous des inondations du 30 novembre 2014 …

Il n’y a plus d’issue pour les eaux torrentielles qui dévalent du Bassin versant lors des orages en amont… les routes et les villes s’inondent en aval de part et d’autre de la route littorale, inexorablement.

Cette eau ne peut plus rejoindre la mer, y apporter ses limons : elle ne peut qu’abonder un étang peu profond qui aussitôt déborde et les déverse sur les terres riveraines.

Catastrophe « naturelle » ?

Le 1er décembre 2014, pluie et vent d’Est ! La mer déchaînée est passée par-dessus la digue Est entraînant avec elle des centaines de tonnes de sable dans l’étang, pendant ce temps des pluies diluviennes tombaient dru sur le bassin versant et les 5 rivières aboutissant dans l’étang, totalisant près de 2000 m3/s se heurtaient à la mer.

Le niveau de l’étang est monté en quelques heures à peine de 2m 80 et s’est déversé au Sud sur Saint Cyprien rentrant dans les maisons, chargé d’une eau polluée et salée …. Au Nord sur les propriétés riveraines.

Si aucune décision n’est prise rapidement, ce sont plusieurs milliers de personnes qui sont en danger de submersion par eau salée, menacés de perdre leurs biens.

Pourquoi un tel entêtement alors que des solutions simples et peu couteuses existent : Rétablissement du fonctionnement origine de l’étang et de sa « barre fusible », récupération des tonnes de sable emprisonné qui représente une richesse inestimable et dont le produit de la vente pourra largement couvrir le montant des travaux indispensables à la remise en état de ce merveilleux plan d’eau.