La Chaussée

Pierre-Claude La Chaussée (1692-1754), connu aussi comme Nivelle de La Chaussée, est le créateur de la comédie larmoyante. L'Épître de Clio, de 1731, est sa première oeuvre. Il y défend l'importance des vers pour la tragédie. La formule "seront les seuls que [les Amours] chanteront toujours" résume bien la réputation de Quinault au XVIIe siècle.

Dans l'édition de 1732, il n'y a que quatre vers consacrés à Quinault :

Enseigne-leur à marcher sur tes traces : *

Cher nourrisson des Muses, et des Graces,

Toi dont les vers consacrez aux Amours,

Seront les seuls qu'ils chanteront toujours. 

* On prétend que Quinault n'a pas employé plus de 7 ou 8.00 mots differents dans ses Poëmes. [Le "on" est Furetière.]

Épître de Clio. Au sujet des nouvelles Opinions

répandües depuis peu, contre la Poësie, 

Paris, Veuve d’Hilaire Foucault, 1732, p. 23.

Dans ses Oeuvres de théâtre de 1741 et ses Œuvres de 1752 , la louange de Quinault est plus développée :

   Mais tel se plaint qu'on a mal-à-propos

Appauvri l'Art de la moitié des mots,

Qui trouve encor assez de verbiage

Pour allonger un ennuyeux ouvrage ;

Et les Rimeurs auroient encor besoin,

Qu'on eût poussé la réforme plus loin :

Mais sous leurs yeux ils ont plus d'un modele, (1)

Qui leur en donne un exemple fidele ;

Et parmi ceux qu'on pourroit imiter,

Il en est un qu'on ne peut trop citer,

Qui les invite à marcher sur ses traces :

Tu le connois, ce favori des Graces,

Lui dont les vers consacrés aux Amours,

Seront les seuls qu'ils chanteront toujours ;

Il avoit peu de cordes à sa lyre,

Et cependant elle a pû lui suffire

Pour exprimer tout ce qu'un tendre amour

Peut, dans un coeur, inspirer tour à tour.

La fiere Armide, & la tendre Angélique,

Nous a fait voir sur la Scene lyrique,

Qu'en peu de mots on peut être abondant.

(1) On prétend que Quinault n'a pas employé plus de sept ou huit cens mots différens dans ses Poëmes. [Le "on" est Furetière.]

Œuvres de Monsieur Nivelle de la Chaussée, de l’Académie Française.

Nouvelle édition. Tome Cinquième. Paris, Prault, 1752, p. 163-164.