Sauvetage de deux cygnes

Nous avons été appelé pour le sauvetage d'un cygne qui errait sur notre commune, très déshydraté.

Nous sommes allé le secourir, il était en état de choc, épuisé, en pleine canicule. Des personnes l'avaient abrité dans un appentis pour qu'il ne se fasse pas blesser par un véhicule.

Le même jour, des gens ont jeté par dessus notre portail un second cygne, très grièvement blessé , apparemment,par une voiture, déshydraté .

Il s'agit de deux oiseaux éjointés qui ont appartenu à quelqu'un et se connaissent.

Nous les avons appelé Kunga (pour la femelle) et Gyurme (pour le mâle).

Voici leur histoire en vidéo.

Nos cygnes noirs, Naoki et Izumi, s'entendent très bien avec les deux rescapés:

Siddharta et le cygne.

Un jour alors que Siddharta, le futur Bouddha, était encore un enfant, lui et son cousin Devadatta allèrent se promener en forêt. Devadatta était un chasseur avide, jamais sans son arc et un carquois de flèches, aussi quand un grand nombre de cygnes les survola, il visa l’oiseau de tête et transperça son aile. Les deux garçons se précipitèrent vers lui quand il s’écrasa au sol, et ce fut Siddharta qui arriva le premier. Il prit dans ses bras l’oiseau blessé et lui murmura des paroles de réconfort ; puis il enleva la flèche de sa blessure et enveloppa la plaie d’une herbe fraîche et calmante.

Devadatta lui demanda de lui donner l’oiseau mais Siddharta refusa. Devadatta insista beaucoup, alors Siddharta proposa de soumettre la question au roi, et devant la cour entière Devadatta et Siddharta présentèrent chacun leur point de vue sur cette dispute. Ils avaient tous les deux de bons arguments, aussi la cour était-elle divisée : certains pensaient que le cygne appartenait à Devadatta parce que c’est lui qui avait tiré, et d’autres qu’il était à Siddharta qui l’avait soigné.

Un vieil homme se tourna alors vers le roi : « Ce que chaque créature possède de plus précieux, c’est sa vie, dit le vieillard. Ainsi, la créature appartient à celui qui l’a protégée, pas à celui qui a essayé de lui prendre la vie ».

Comprenant la sagesse de ces paroles, la cour remit le cygne à Siddharta. il s’en occupa jusqu’à sa guérison, puis le relâcha.



Le cygne

René-François Sully Prudhomme

Sans bruit, sous le miroir des lacs profonds et calmes,

Le cygne chasse l’onde avec ses larges palmes,

Et glisse. Le duvet de ses flancs est pareil

A des neiges d’avril qui croulent au soleil ;

Mais, ferme et d’un blanc mat, vibrant sous le zéphire,

Sa grande aile l’entraîne ainsi qu’un lent navire.

Il dresse son beau col au-dessus des roseaux,

Le plonge, le promène allongé sur les eaux,

Le courbe gracieux comme un profil d’acanthe,

Et cache son bec noir dans sa gorge éclatante.

Tantôt le long des pins, séjour d’ombre et de paix,

Il serpente, et laissant les herbages épais

Traîner derrière lui comme une chevelure,

Il va d’une tardive et languissante allure ;

La grotte où le poète écoute ce qu’il sent,

Et la source qui pleure un éternel absent,

Lui plaisent : il y rôde ; une feuille de saule

En silence tombée effleure son épaule ;

Tantôt il pousse au large, et, loin du bois obscur,

Superbe, gouvernant du côté de l’azur,

Il choisit, pour fêter sa blancheur qu’il admire,

La place éblouissante où le soleil se mire.

Puis, quand les bords de l’eau ne se distinguent plus,

A l’heure où toute forme est un spectre confus,

Où l’horizon brunit, rayé d’un long trait rouge,

Alors que pas un jonc, pas un glaïeul ne bouge,

Que les rainettes font dans l’air serein leur bruit

Et que la luciole au clair de lune luit,

L’oiseau, dans le lac sombre, où sous lui se reflète

La splendeur d’une nuit lactée et violette,

Comme un vase d’argent parmi des diamants,

Dort, la tête sous l’aile, entre deux firmaments.