La Belle Époque

Les habitants

En 1905, la province de Québec est la plus peuplée du Canada. Environ 35% des Canadiens y vivent. En peu d'années, la population Canadienne a augmenté en flèche. Évidemment, les familles nombreuses des Canadiens français (15 à 20 enfants) accentue ce phénomène d'augmentation de la population.

Il faut dire que les Canadiens français se sentent impuissants par rapport aux anglophones. Ils souhaitent protéger leur culture et leur langue, c'est pourquoi ils font beaucoup d'enfants.

Même s'ils se sentent écrasés par les anglophones, les Canadiens français forment la plus grande partie de la population. Ils sont catholiques. De leur côtés, les anglophones, qui sont d'origine anglaise, écossaise ou irlandaise, sont presque tous protestants.

Pour ce qui est du reste de la population, ils sont d'origines et de religions diverses (Allemands, Juifs, Italiens, Autochtones...)

La prospérité de Laurier

Wilfrid Laurier (1841-1919) est le premier Canadien de langue française à accéder au poste de premier ministre du Canada. Il a été premier ministre de 1896 à 1911. Il était déjà chef du parti libéral depuis 1887 et l’est resté jusqu’à sa mort, en 1919. C’est un homme qui savait très bien s’exprimer, aussi bien en français qu’en anglais, ce qui a aidé à le rendre populaire partout au Canada. Quand il devient premier ministre, le Canada entre dans une période de prospérité. Laurier est très optimiste. Il dit que le XXe siècle sera celui du Canada. Il défend les intérêts du Canada, que ce soit par rapport à l’Angleterre ou aux États-Unis. Il veut faire du Canada un pays puissant. Il cherche aussi à unir les Canadiens, peu importe qu’ils soient francophones ou anglophones, catholiques ou protestants, nés ici ou ailleurs. Il cherche la meilleure solution pour tous, le compromis, afin que les Canadiens puissent vivre dans l’harmonie.

Son gouvernement encourage l’immigration et favorise le développement des chemins de fer. Durant son mandat, deux nouveaux chemins de fer transcontinentaux sont construits. De plus, l’arrivée de nombreux immigrants et le développement de l’Ouest du Canada amènent la création de deux nouvelles provinces en 1905 : la Saskatchewan et l’Alberta.

L'urbanisation

L'urbanisation est un mouvement de transformation de la société où il y a augmentation d'habitants en ville par rapport à l'ensemble de la population.

En effet, de plus en plus de gens habitent dans les villes plutôt qu’à la campagne. La plupart des gens qui s’installent en ville le font parce que c’est là que se trouvent les industries. Il est donc plus facile de se trouver du travail. Environ 36 % de la population vit en milieu urbain en 1901, alors qu’il n’y en avait que 15 % en 1851. Il y a donc beaucoup de gens qui quittent la campagne pour venir habiter en ville. C’est ce que l’on a appelé l’exode rural.

L’urbanisation et l’industrialisation ne profite pas seulement à Montréal, mais aussi à d’autres villes du Québec. Par exemple, la ville de Shawinigan connaît une croissance importante à cause de la construction de barrages électriques et de l’installation d’entreprises utilisant beaucoup d’électricité. Rouyn-Noranda profite beaucoup de l’exploitation minière dans la région de l’Abitibi. Plusieurs villes de l’Outaouais et du Saguenay profitent du développement de l’industrie du papier. Plus près de Montréal, des villes comme Valleyfield profitent du développement de l’industrie textile.

Shawinigan, 1910

La culture et les loisirs

À cette époque, les cirques sont populaires. Ces derniers proviennent des États-Unis et ils font des tournées dans les villes. Les gens peuvent y voir des personnages, des animaux et des femmes à barbe.

Aussi, le cinéma, un tout nouveau divertissement, devient très apprécié. On peut y regarder de courts films qui avaient été créés dans différentes provinces. C'est à Montréal, en 1906, qu'on ouvre la première salle de Cinéma, le Ouimetoscope. Les films étaient muets et en noir et blanc. Ils avaient une durée d'environ 10 minutes. Entre deux films, on présentait des sketchs ou des chansons.

Le sport

La grande majorité des sports pratiqués par au Québec durant la Belle époque sont des sports britanniques. Ainsi, ce sont surtout les riches anglophones des villes qui les pratiquent. Le cricket (ressemble au baseball, mais avec un bâton plat) et la crosse (jeu de balle qui se joue avec un bâton muni d'un filet) sont populaires.

Par contre, on remarque que les Canadiens français s'intéressent de plus en plus au sport, particulièrement au hockey. Le hockey devient le sport national et la première équipe, le Canadien, voit le jour en 1909.

Les manufactures

En 1905, le Canada est toujours un pays importateur, c’est-à-dire qu’il importe plus de produits qu’il n’en exporte. Cependant, plusieurs industries sont en expansion et certains produits canadiens sont exportés partout dans le monde.

À l'époque, on dénombre, dans la province de Québec, plusieurs manufactures. On y travaillait le textile, le cuir et le tabac. Évidemment, on retrouvait encore plus d'industries d'aliments et de boissons (beurre, fromage, farine, sucre, bière et biscuits).

https://ecomusee.qc.ca/en/collections/ecomusee-collections/viau/

Les syndicats

Définition: Un syndicat est une association de personnes dont l’objectif est de défendre les intérêts professionnels. Les syndicats regroupent des personnes exerçant la même profession ou des métiers similaires et ils ont pour but la défense des droits ainsi que des intérêts matériels et moraux des travailleurs.

Jusqu’en 1872, les syndicats étaient des organisations illégales. En 1880, les Chevaliers du travail sont parmi les premiers syndicats à s’implanter au Québec. Ils demandent de meilleurs salaires, des heures de travail moins longues, de meilleures conditions d’hygiène et de sécurité, l’interdiction de faire travailler des enfants de moins de 15 ans et un salaire égal pour les hommes et les femmes.

Le syndicalisme fait de grands progrès au début du 20e siècle : le nombre de syndiqués passe d’environ 10 000 en 1901 à 97 800 en 1921.

En 1909, le gouvernement adopte une loi sur les accidents de travail afin que les victimes soient dédommagées.

Le transport dans les rues de Montréal

En 1899, les journaux de Montréal annonçaient qu’une première automobile «sans cheval» allait se promener dans les rues de la ville. C’était tellement extraordinaire que les gens s’étaient massés en grand nombre le long des rues. La voiture était conduite par Ucal-Henri Dandurand, le propriétaire. En 1904, M. Dandurand a obtenu la première plaque d’immatriculation au Québec, pour sa cinquième voiture!

En plus des automobiles et des chevaux, on retrouvait un autre moyen de transport : le tramway électrique! Tu sais ce que c’est? C’est un petit train qui passe dans les rues de la ville, un peu comme l’autobus aujourd’hui, sauf qu’il circule sur des rails situés au milieu des rues, et est relié par une perche aux fils électriques.

Ça fait beaucoup de circulation dans les rues : les chevaux, les automobiles et les tramways. Et il n’y a pas encore de feu de circulation à cette époque; le premier à Montréal est installé seulement en 1931.

Le transport maritime

Bateaux à vapeur

En cette année 1905, Montréal connaît une importante activité portuaire. Le port de Montréal est la porte d’entrée des immigrants et des touristes et une plaque tournante pour le commerce, le courrier et les produits en provenance de partout à travers le monde.

C’est encore le moyen de transport le plus économique. En 1905, l’utilisation des bateaux à vapeur permet d’acheminer les marchandises et le courrier plus rapidement. Les immigrants font aussi la traversée de l’Europe vers le Canada sur ce type de bateau qui déjoue les caprices des courants et du vent.

Toutefois, durant l’hiver, le port de Montréal est coupé du reste du monde à cause des glaces. Le port ferme donc au moins quatre mois par année. Voilà pourquoi, au printemps, l’arrivée du premier bateau symbolise le retour à la vie.

L'éducation

Depuis la confédération de 1867, la responsabilité de l’éducation relève des provinces. Au Québec, le gouvernement provincial laisse l’Église catholique et la minorité protestante organiser les écoles. Il y a donc un système scolaire pour les catholiques et un pour les protestants. Environ la moitié du personnel enseignant sont des religieux ou des religieuses.

Jusqu’en 1943, l’école n’est pas obligatoire. Certains enfants n'iront jamais à l'école, d'autres très peu. La fréquentation scolaire dépendait du sexe des enfants, de la richesse de leurs parents, de l’endroit où ils habitent (ville ou campagne) et de leur religion.

À cette époque, il n'y avait pas de maternelle. Les enfants commençaient directement en première année, et ce, vers l'âge de six ans. Compléter leur primaire prenait généralement entre quatre et cinq ans. Les jeunes sont donc nombreux à quitter l’école vers l’âge de 10 ou 11 ans.

Le téléphone

En 1905, l’utilisation du téléphone était peu répandue. Seules les familles riches et les grandes entreprises avaient les moyens d’en posséder.

Lorsque l’on voulait appeler, on devait d’abord s’adresser à une téléphoniste qui transmettait l’appel à la personne désirée.

La santé au début du siècle

En 1905, pour 1000 naissances, il y a 153 bébés qui meurent avant l’âge d’un an, au Québec.

De quoi meurent les enfants?

  • Beaucoup meurent de maladies causées par la mauvaise qualité de l’eau et du lait. Il faudrait que l’eau soit traitée (par filtration ou chloration) et que tout le lait soit pasteurisé. Mais ce n’est qu’à partir de 1910 que l’eau sera traitée et de 1926 qu’une loi rendra obligatoire la pasteurisation.

  • Il y a aussi toutes les maladies contagieuses : variole, diphtérie, tuberculose, pour ne nommer que les plus importantes. Un hôpital pour les maladies contagieuses vient d’ailleurs d’ouvrir à Montréal, en 1905 : l’hôpital Saint-Paul.

Le savais-tu?

À cette époque, la carte d’assurance-maladie n’existe pas. Il faut payer pour avoir des soins. La situation d’un malade est donc très différente selon qui est riche ou pauvre. Aussi, la plupart des hôpitaux du Québec sont situés dans les villes, il est donc plus difficile de se faire soigner lorsqu'on habite en campagne, puisqu'il y a peu d’hôpitaux. En campagne, le médecin a un cabinet et il est souvent appelé à se déplacer pour aller voir les malades à leur résidence.

https://shsb.mb.ca/Famille_Pierre_Couture_Philomene_Cusson_1903_MSB779

Les vêtements

À cette époque, les gens de la ville avaient accès à des grands magasins, installés le long des rues principales : la rue Sainte-Catherine, à Montréal, ou la rue Saint-Joseph, à Québec. Les plus importants étaient Eaton, Simpson, Dupuis Frères, Morgan ou Paquet. Ce sont des magasins à grande surface qui offrent une grande diversité de produits (vêtements pour hommes, femmes et enfants, jouets, produits alimentaires, articles ménagers, etc.)

Dans les régions rurales, les gens n’ont pas accès à ces magasins. Les femmes confectionnent souvent elles-mêmes les vêtements de leur famille. Elles tissent et tricotent les vêtements d’hiver avec la laine de leurs moutons. Il y a bien le magasin général, mais le choix d’articles n’est pas aussi grand, les vêtements ne sont pas aussi à la mode et les prix ne sont pas toujours aussi compétitifs que dans les grands magasins. L’arrivée des catalogues, publiés deux fois par année, est attendue fébrilement et bouleverse la façon de se vêtir. Les catalogues les plus attendus sont ceux des magasins Eaton et Simpson, disponibles en anglais seulement. L’accès aux produits est ainsi facilité dans les régions éloignées, car ils sont livrés par la poste ou par le train.

Les loisirs

Le soir, les gens organisaient des veillées. Les gens dansaient, jouaient du violon et ils sortaient les cuillères de bois pour faire du rythme. Tout le monde se réunissait, la famille, les voisins, etc. Chaque rencontre devient une fête, que ce soit Noël, le temps des sucres ou une épluchette de blé d'Inde. Durant la veillée, les jeunes hommes vont faire tournoyer les jolies demoiselles, tandis que les plus vieux vont fumer la pipe et jouer aux dames ou aux cartes au coin du feu. Souvent, on écoutait les plus vieux raconter des histoires.

En été et en automne, les hommes vont pêcher et chasser et organisent parfois des courses de chevaux.

L’hiver, on patinait et on faisait des balades en traîneau.

Dans les grandes villes de Québec et Montréal, il y a même des endroits réservés aux loisirs. Il y a des parcs et même des patinoires où on joue à un nouveau jeu qui se nomme le hockey.

En 1905, les arts ne sont pas encore très développés au Québec. Comme la radio et la télévision n’existent pas encore, la culture est souvent transmise par des moyens traditionnels. Les gens se réunissent pour chanter des chansons et raconter des histoires ou des légendes. Comme il y a encore beaucoup de gens qui ne savent pas lire, les livres ne sont pas encore très répandus.

La religion catholique

  • L’Église catholique encadre et dicte la ligne de conduite des croyants.

  • Les curés jouent un rôle important au sein de la société catholique.

  • Chaque habitant, en bon catholique, participe à l’entretien de la paroisse en effectuant des travaux ou en payant sa dîme (on doit remettre une portion de sa récolte ou de ses revenus au curé).

  • La plupart des familles prient matin et soir. Avant chaque repas, on récitait le bénédicité pour remercier Dieu et lui demander de bénir le repas. À la fin de la journée, on s'agenouillait pour réciter le chapelet en famille.

  • Le dimanche est déclaré Jour du Seigneur. Toute la famille portait ses plus beaux vêtements et se rendait à l’Église pour la messe.

La situation des femmes

En 1905, les femmes sont considérées comme des mineures. Elles n’ont ni le droit de vote ni le droit de se présenter aux élections. Les femmes célibataires et les veuves peuvent être propriétaires, mais dès qu’elles sont mariées, les femmes cèdent la plupart de leurs droits à leur mari. Elles ne peuvent même pas posséder un compte à la banque.

La plupart des politiciens, journalistes et personnalités religieuses considèrent que la place des femmes est à la maison afin de s’occuper de la famille.

Le gouvernement

Depuis la Confédération, en 1867, le Canada est devenu une fédération et les colonies sont devenues des provinces. Ainsi, les provinces acceptent de donner certains pouvoirs au pays, soit le gouvernement fédéral, établi à Ottawa. Le gouvernement fédéral administre le pays, mais chacune des provinces est aussi administrée par son propre gouvernement provincial.

Les gouvernements fédéral et provinciaux disposent de pouvoirs différents : Au fédéral, on s'occupe des questions communes à toutes les provinces du pays, comme par exemple, le commerce, la navigation, les postes, la défense ou encore la monnaie. Au provincial, on s’occupe de santé et d’éducation. Chaque province peut gérer différemment les services dont ils ont la responsabilité. Les deux gouvernements se partagent les décisions à propos des transports, du commerce et des ressources naturelles.

À cette époque, les femmes n'avaient pas le droit de vote. Lors d’une élection, les hommes votent pour choisir les députés associés à différents partis politiques.

Il y a un premier ministre à Ottawa qui représente le Canada (gouvernement fédéral) et un dans chaque province (gouvernement provincial). Le premier ministre, chef du parti au pouvoir, choisit ses ministres. Les ministres veillent donc à l’application des lois votées par l’Assemblée législative.

Par contre, la Grande-Bretagne a toujours le dernier mot dans l’administration de la colonie et son représentant au Canada, le gouverneur, peut bloquer les lois votées par l’Assemblée législative. D’ailleurs, certains députés commencent à réclamer le gouvernement responsable, c’est-à-dire que toutes les décisions concernant le Bas-Canada soient prises par les députés élus par le peuple.

Edouard VII

1901-1910

George V

1910-1936