La vie vers 1905

Lors de la création du Manitoba, c’est une toute petite portion des Prairies qui devient une province, tout le reste du territoire continue d’être dirigé uniquement par le gouvernement fédéral à Ottawa.

C’est en 1905 que le gouvernement de Wilfrid Laurier acquiesce au souhait de la population et crée deux nouvelles provinces, la Saskatchewan et l’Alberta, 35 ans après la création du Manitoba. Elles ont alors les mêmes frontières qu’aujourd’hui. En 1905, les trois provinces des Prairies ont donc un fonctionnement politique semblable à celui du Québec.

Banquet pour la création de la Saskatchewan en 1905

Manitoba

Saskatchewan

Alberta

Le chemin de fer

En 1896, on compte déjà 5 400 kilomètres de voies ferrées uniquement dans la province de Québec. Avec les années, de nouvelles voies apparaissent et on relie ainsi l’ensemble du Québec et le Canada d’un océan à l’autre.

L’arrivée des chemins de fer permet de régler certains problèmes dans le transport. Par exemple, la circulation en voiture ou à cheval se heurte souvent à des chemins impraticables. Les voies navigables sont gelées l’hiver et pas toujours facilement accessibles. Toutefois, avec le développement du réseau ferroviaire, été comme hiver, les gens peuvent se déplacer avec la même fiabilité et la même rapidité.

Le chemin de fer offre aussi un énorme potentiel économique au Québec et stimule l’économie, en permettant le transport de marchandises sur de longues distances en direction de l’Ouest et des États-Unis. Le transport par train favorise aussi le développement des exportations minières et agricoles (produits laitiers, céréales, etc.).

La population

La population du Québec est environ de 1 650 000 habitants. Elle se compose majoritairement de personnes d’origine française, les Canadiens français. Cependant, les habitants d’origine britannique se font de plus en plus nombreux, et des immigrants de divers pays se joignent à eux.

En 1901, 80 % de la population québécoise est d’origine française, 18 % d’origine britannique et seulement 2 % est d’origine autre que française ou britannique. On retrouve principalement les Autochtones, les Juifs et les Italiens. L’immigration augmente beaucoup au début du 20e siècle. Le nombre d’immigrants qui vivent au Québec est multiplié par 5 entre 1901 et 1931.

L'agriculture

Au début du siècle, les techniques et l'outillage agricole sont beaucoup plus efficaces. Le domaine de l'agriculture se modernise. Les agriculteurs peuvent avoir plus de récoltes puisque les machines permettent de travailler plus rapidement. Ainsi, les agriculteurs ont des récoltes en surplus qu'ils peuvent vendre.

Dans ces années, plusieurs secteurs existent. On retrouve, par exemple, la pomiculture, l'élevage bovin, l'industrie céréalière et l'élevage avicole. Par contre, le secteur le plus important demeure les fermes laitières. Les fermiers produisent du lait, du beurre et du fromage.

Les bateaux à vapeur

Le canal Lachine est très utilisé pour acheminer les grains jusqu’au port, pour ensuite les embarquer sur un bateau. C’est encore le moyen le plus économique. Le bateau est un moyen de transport qui a évolué au fil des ans. En 1905, l’utilisation des bateaux à vapeur permet d’acheminer les marchandises et le courrier plus rapidement. Les immigrants font aussi la traversée de l’Europe vers le Canada sur ce type de bateau qui déjoue les caprices des courants et du vent. Imaginez! Un bateau à voile qui est dépendant du vent prend jusqu’à trois semaines pour faire le trajet Montréal-Québec, tandis que le bateau à vapeur, qui est plus fiable et aussi plus rapide, effectue le trajet en une vingtaine d’heures. Ce gain de temps profite au développement économique de la province.

Les rues de Montréal

En 1899, les journaux de Montréal annonçaient qu’une première automobile «sans cheval» allait se promener dans les rues de la ville. C’était tellement extraordinaire que les gens s’étaient massés en grand nombre le long des rues. La voiture était conduite par Ucal-Henri Dandurand, le propriétaire. En 1904, M. Dandurand a obtenu la première plaque d’immatriculation au Québec, pour sa cinquième voiture!

En plus des automobiles et des chevaux, on retrouvait un autre moyen de transport : le tramway électrique! Tu sais ce que c’est? C’est un petit train qui passe dans les rues de la ville, un peu comme l’autobus aujourd’hui, sauf qu’il circule sur des rails situés au milieu des rues, et est relié par une perche aux fils électriques.

Ça fait beaucoup de circulation dans les rues : les chevaux, les automobiles et les tramways. Et il n’y a pas encore de feu de circulation à cette époque; le premier à Montréal est installé seulement en 1931.

Tramway de Montréal, 1902

Ucal-Henri Dandurand et une voiture à essence

La santé

En 1905, pour 1000 naissances, il y a 153 bébés qui meurent avant l’âge d’un an, au Québec.

De quoi meurent les enfants?

  • Beaucoup meurent de maladies causées par la mauvaise qualité de l’eau et du lait. Il faudrait que l’eau soit traitée (par filtration ou chloration) et que tout le lait soit pasteurisé. Mais ce n’est qu’à partir de 1910 que l’eau sera traitée et de 1926 qu’une loi rendra obligatoire la pasteurisation.

  • Il y a aussi toutes les maladies contagieuses : variole, diphtérie, tuberculose, pour ne nommer que les plus importantes. Un hôpital pour les maladies contagieuses vient d’ailleurs d’ouvrir à Montréal, en 1905 : l’hôpital Saint-Paul.

Le savais-tu?

À cette époque, la carte d’assurance-maladie n’existe pas. Il faut payer pour recevoir des soins. La situation d’un malade est donc très différente selon s'il est riche ou pauvre. Aussi, la plupart des hôpitaux du Québec sont situés dans les villes, il est donc plus difficile de se faire soigner lorsqu'on habite en campagne, puisqu'il y a peu d’hôpitaux. À la campagne, le médecin a un cabinet et il est souvent appelé à se déplacer pour aller voir les malades à leur résidence.


Hôpital général de Montréal 1910

Les vêtements

À cette époque, les gens de la ville avaient accès à des grands magasins, installés le long des rues principales : la rue Sainte-Catherine, à Montréal, ou la rue Saint-Joseph, à Québec. Les plus importants étaient Eaton, Simpson, Dupuis Frères, Morgan ou Paquet. Ce sont des magasins à grande surface qui offrent une grande diversité de produits (vêtements pour hommes, femmes et enfants, jouets, produits alimentaires, articles ménagers, etc.)

Dans les régions rurales, les gens n’ont pas accès à ces magasins. Les femmes confectionnent souvent elles-mêmes les vêtements de leur famille. Elles tissent et tricotent les vêtements d’hiver avec la laine de leurs moutons. Il y a bien le magasin général, mais le choix d’articles n’est pas aussi grand, les vêtements ne sont pas aussi à la mode et les prix ne sont pas toujours aussi compétitifs que dans les grands magasins. L’arrivée des catalogues, publiés deux fois par année, est attendue fébrilement et bouleverse la façon de se vêtir. Les catalogues les plus attendus sont ceux des magasins Eaton et Simpson, disponibles en anglais seulement. L’accès aux produits est ainsi facilité dans les régions éloignées, car ils sont livrés par la poste ou par le train.

L'alimentation

À la campagne

Pour dîner, il y avait des légumes du potager familial et un poulet rôti. Tôt le matin, on faisait cuire du pain et on fabriquait du beurre à partir du lait des vaches. Aussi, on achetait des produits au magasin général. Même si on produisait presque tout ce qui est nécessaire à notre alimentation sur la ferme, parfois on achetait quelques produits pour compléter notre alimentation.


  • L’été, pour conserver les aliments qui doivent rester au froid, nous utilisions la glacière. La glacière conservait les aliments grâce au gros cube de glace que le marchand de glace vendait. Il y avait aussi le caveau qui servait à garder les légumes au frais.

  • Quand l'été se terminait, ils devaient penser à cuisiner des confitures et des conserves en prévision de l’hiver.

  • Au mois de décembre, ils faisaient boucherie, c’est-à-dire abattre quelques animaux pour leur viande. Ainsi, ils pouvaient consommer de la viande, comme le bœuf et le porc, tout l’hiver, sans avoir en plus à nourrir ces animaux. Pour conserver la viande plus longtemps, on la sale, on la fume ou on la congèle.



En ville

  • Les habitants de la ville, achetaient presque tout au marché, là où des cultivateurs vendaient chaque semaine une partie de leur récolte.


  • Les gens se procuraient la viande chez le boucher et le poisson chez le poissonnier.


  • Chez les riches bourgeois, la table est abondamment garnie de produits importés, comme le chocolat, ou de fruits exotiques, comme les pamplemousses. Avec les nouveaux moyens de transport, les denrées voyageaient plus vite et pouvaient provenir de plus loin dans le monde. Les publicités dans les journaux vantaient les mérites de ces nouveaux produits, comme les chips.


Les maisons

À la campagne

  • La plupart des maisons sont en bois et construite sur un solage pour la protéger du froid.

  • Il y avait aussi un deuxième étage où on retrouvait les chambres.

  • À l'avant, on retrouvait une grande galerie où les gens passaient du temps.

  • Le terrain et la maison étaient grands. Ils ne manquaient pas d'espace.

  • Le soir venu, on s’éclairait à la chandelle.

En ville

  • L’électricité entre tranquillement dans les maison.

  • Dans la cuisine, pour avoir de l'eau, pas besoin de pomper pour tirer l’eau du puit; nous avons un robinet.

  • Le poêle à bois sert à cuisiner, mais aussi à chauffer la maison.

  • L'espace est restreint. Les maisons sont très rapprochées et plusieurs familles y habitent. C’est moins intime qu'à la campagne. On entend les gens parler à travers les murs.

  • En ville, tout est plus sale et tout va très vite.

Les loisirs

Le soir, les gens organisaient des veillés. Ils dansaient, jouaient du violon et ils sortaient les cuillers de bois pour faire du rythme. Tout le monde se réunissait, la famille, les voisins, etc. Durant la veillée, les jeunes hommes vont faire tournoyer les jolies demoiselles, tandis que les plus vieux vont fumer la pipe et jouer aux dames ou aux cartes au coin du feu.

En été et en automne, les hommes vont pêcher et chasser et organisent parfois des courses de chevaux. L’hiver, on patinait et on faisait des balades en traîneau.

Dans les grandes villes de Québec et Montréal, il y a même des endroits réservés aux loisirs. Il y a des parcs et même des patinoires où on joue au hockey.

En 1905, les arts ne sont pas encore très développés au Québec. Comme la radio et la télévision n’existent pas encore, la culture est souvent transmise par des moyens traditionnels. Les gens se réunissent pour chanter des chansons et raconter des histoires ou des légendes. Comme il y a encore beaucoup de gens qui ne savent pas lire, les livres ne sont pas encore très répandus.

La religion catholique

  • L’Église catholique encadre et dicte la ligne de conduite des croyants.

  • Les curés jouent un rôle important au sein de la société catholique.

  • Chaque habitant participe à l’entretien de la paroisse en effectuant des travaux ou en payant sa dîme (on doit remettre une portion de sa récolte ou de ses revenus au curé).

  • La plupart des familles prient matin et soir. Avant chaque repas, on récite le bénédicité pour remercier Dieu et lui demander de bénir le repas. À la fin de la journée, on s'agenouille pour réciter le chapelet en famille.

Le dimanche est déclaré Jour du Seigneur. Toute la famille porte ses plus beaux vêtements et se rend à l’Église pour la messe.

L'électricité

Au début des années 1900, l’électricité sert d’abord à l’éclairage des rues et au fonctionnement des tramways. Seules les villes d’une certaine importance osent se lancer dans l’aventure de l’électricité.


L’électrification se poursuit à des rythmes différents dans les diverses régions du Québec. Comme le coût de l’électricité est très élevé, au début, seuls quelques riches citoyens peuvent utiliser cette source d’énergie pour éclairer l’intérieur de leur maison. Au fil des ans, de plus en plus de familles pourront s’offrir ce service.