01-06-2021

Mardi 01 juin 2021 : Perte de Font-Froide – Vercors – Alain Figuier.

Au vu des objectifs que je me suis fixé, je pars de Voreppe à six heures quarante-cinq . Hélas dès le carrefour de Sassenage , je me trouve derrière un poids lourd qui roule pépère. Impossible de doubler, car une cohorte de voiture descend du Vercors, en un flot ininterrompu. J’ai franchement mal choisi mon heure.

J’ai toujours l’arrière du camion devant mon nez, et je prends mes distances pour avoir moins de gaz. Arrivé à Bouilly toujours au « cul des camionneurs sont sympas », j’ai l’agréable surprise de me faire arrêter par la gendarmerie de Villard-de-Lans pour ... excès de vitesse : 63 au-lieu de 50 km/h.

Le ton monte, je ne comprends pas « moi, mais pas le camion !!! ». Du coup, papiers, contrôle du véhicule. Et un second Gendarme vient en renfort. Il repère le kit et me demande si je suis spéléo, ensuite il lui semble me connaître. Ce dont je doute fort ayant aucune accointance avec l’armée. Il m’a reconnu grâce aux demandes de matière de désobstruction que je fais chaque année. Je m’en tire avec un papotage spéléo et sans amende. Ouf, tout va mieux, mais j’ai perdu mon temps.

Au niveau de la maison forestière de Chalimont, deux biches traversent tranquillement la route juste devant la voiture, et au moment de me garer vers « Font-froide 2 », je tombe nez à nez avec un sanglier. Nous avons eu peur tous les deux, et il a eu le bon réflexe de partir à l’opposé en courant. Il est presque neuf heures, le temps est magnifique, la température est de +8°C. Enfin de la spéléo.

Le ruisseau est à son plus haut régime, le débit conséquent, supérieur à ma première visite. J’enfile ma combinaison jaune, je tourne le dos à cette petite mais furieuse cascade pour protéger le perforateur. Néanmoins plein d’éclaboussures passent par dessus mes épaules. Un trou, une paille vite mise, je ressors pour essuyer le perfo avec une serviette qui servait à le protéger dans le kit. Rebelote, un second trou, une autre paille. Je ressors encore, essuie le perfo et le mets au soleil. Je replonge dans l’eau, amorce les fils. Le tir est un peu étouffé par l’eau, les gaz tournent en rond. Finalement ils décident de sortir.

A juger du débit d’eau, j’en conclus qu’il y a un courant d’air soufflant assez important. Tout cela m’a donné faim, je mâchonne au soleil ; puis décide d’aller jeter un œil au fond avant de me trimballer tout le kit de désobstruction.

Au passage, toujours sous l’eau, j’empile les déchets du tir, en forme d’escalier pour améliorer la sortie du ressaut. Dans la perte, ce n’est pas le grand beau, le plafond est à soixante centimètres (j’ai exagéré la dernière fois) et j’ai une belle eau courante sur dix centimètres. Bien avant l’étroiture, j’entends le grondement qui provient du puits. A un passage étroit, due à une dalle du plafond qui tombe en biais , j’ai la satisfaction de voir qu’il y a une magnifique bassine avec plein de remous. Je me mets sur le côté droit et….surprise, l’eau pénètre et me mouille complètement, je pense que j’ai dû déchirer ma combinaison en rampant. La bassine est formée par un barrage de caillasse enduite de boue fossilisée. Je bataille une bonne heure à le détruire et à remonter les plus grosses pierres plus loin vers l’amont. Je ressors trempé et lessivé, je ne sens plus mes bras et mon dos. Je vide les bottes et tords tout mon linge.

Après inspection la combinaison n’est pas déchirée, mais sur le côté droit, au lieu d’une poche c’est un trou de passage fermé avec un minuscule velcros. Elle est conçue pour les travailleurs du BTP pour être portée par-dessus leurs vêtements. L’orifice sert en fait de passage pour aller dans une poche d’un pantalon intérieur. Je fais un rapide tour d’horizon, à la mare qui alimente la perte , au scialet de Fontfroide n°3 qui est juste de l’autre côté du chemin en face de la dite mare.

Puis retour à la voiture. En conclusion, je vais attendre un mois avant de remettre la désobstruction du boyau. En espérant que le temps soit au beau. Je rêve d’attaquer le méandre du fond, car il n’y a qu’une trentaine de mètres en profondeur pour atteindre le ruisseau du scialet n°3 ou celui des amonts du Trisou.

TPST = 2h environ.