Idées fausses :
l'ensilage est meilleur que du foin
le regain (foin de 2ème coupe) ne fait pas ruminer
La méthode de conservation du fourrage influe peut sur sa valeur alimentaire.
Elle peut influencer son appétence, la quantité consommé.
C'est le stade de récolte des plantes qui qualifie la ou les valeurs alimentaires
Un fourrage récolté au même stade aura des valeurs alimentaires très proches
Idées fausse suite : comme l'ensilage d'herbe est généralement récolté plus tôt que le foin , il est donc meilleur . En effet entre du foin et de l'ensilage, l'herbe sera plus âgée donc sa composition ne sera plus la même : plus de cellulose , plus de lignine donc moins digestible !
Il existe trois modes de conservation pour les fourrages ( qui n'utilise pas obligatoirement les mêmes principes de conservation) .
Identifier le mode de conservation , doit vous permettre de mieux gérer la récolte et la conservation
L'ensilage : mode de conservation acide
les sucres sont transformer en "vinaigre" . L'ensilage n'est rien d'autre que de la "choucroute" .
L'enrubannage : mode de conservation acide ( malgré tout)
Le foin : mode de conservation le séchage
C'est la transformation des sucres contenus dans la plante qui permettent d'acidifier le système.
Deux présupposés : il y a des sucres et on est en milieu anaérobie .
Si un des deux facteurs n’est pas correct , on risque d'avoir une mauvaise conservation : moisissure, pourriture, échauffement etc ...
Le hachage sera un élément à prendre en considération : trop fin cela aura une incidence sur la rumination , pas assez fin on peut avoir des répercussions sur l'ingestion et induire des difficultés pour tasser (donc limiter la présence d'oxygène)
L'enrubannage : cela reste un ensilage mais en "portion" : la botte ronde ou cubique.
Comme pour un ensilage : l'oxygène reste un facteur à maitriser , et cela dépend essentiellement de la technique d'enrubannage (nombre de tours , largeurs etc ...) .
Par contre, plus on s'approche du foin, moins se facteur d'oxygène est important.
Un enrubannage devrait être à plus de 55% de MS surtout pour le petits ruminants .
En dessous de 55% , il faut imaginer que vous stoker de l'eau avec du plastique qui a un coût certain !
Un bon enrubannage , c'est celui que l'on récolte en foin !
L'objectif étant d'éliminer un maximum d'eau, pour éviter que les microbes se développent et induisent des "combustions" , des fermentations etc ...
Un foin doit donc être sec ; objectif 85% de Matière sèche. Et il pourra se conserver très longtemps ( il perdra des vitamines, mais pas de sucres. donc sa valeur alimentaire restera stable)
Par contre son appétence risque de diminuer avec le temps !
Par contre, il ne doit pas reprendre de l'humidité, sinon il finira par pourrir ...
L’objectif du séchage est d’atteindre, en un minimum de temps, la teneur en matière sèche (MS) requise par rapport au mode de conservation choisi :
35 % pour l’ensilage de graminées,
45 % pour l’ensilage de légumineuses,
60 % pour de l’enrubannage
85 % pour du foin.
Minimiser le temps de séchage permet de limiter les pertes issues de la respiration du fourrage qui dégrade sa valeur alimentaire. Les cellules de la plante encore vivantes continuent en effet de respirer et consomment les sucres disponibles.
D’un autre côté, le risque de pertes mécaniques (feuilles brisées) s’accroît avec l’augmentation de la teneur en MS du fourrage.
Même en cas de rendements élevés, faire sécher du fourrage pour obtenir du foin nécessite d’évaporer 3 mm d’eau. Ceci correspond à l’évapotranspiration classique d’une belle journée de printemps.
Or, dans les faits, il est quasiment impossible de faire du foin en moins de 24h lors du séchage au champ, des mécanismes de rétention d'eau dans la plante freinent son évaporation. De manière caricaturale, la dynamique de séchage d'un fourrage se décompose en trois phases (figure 1).
Figure 1 : La cinétique de séchage des fourrages suit trois phases d’une durée croissante
Après la fauche, les fourrages perdent rapidement une partie de l’eau contenue dans les feuilles. Les jours passant, l’évaporation de l’eau est de plus en plus lente
Phase 1 : Durant la première phase de séchage, qui permet de passer de 20 % de MS -herbe fraiche) environ lors de la fauche à 45-50 % MS, la perte d’eau est très rapide et se fait essentiellement via les stomates* des feuilles encore ouverts.
(* Ces stomates sont les organes où s’effectuent les échanges gazeux avec l’atmosphère. Parmi ces gaz, on retrouve la vapeur d’eau !)
Faucher le fourrage dès la disparition de la rosée permet de profiter d’une exposition maximale aux rayons du soleil dès le premier jour.
Pour tirer profit au maximum de cette phase rapide, il importe de répartir le fourrage sur une surface importante. Pour ce faire, il est préférable de s’orienter vers des faucheuses rotatives classiques à plat ou conditionneuses munies de système d’éparpillement large. En cas d’utilisation de faucheuses conditionneuses laissant un andain étroit, le fanage sitôt après la fauche permettra de maximiser la surface d’exposition. Rappelons que dans le choix de l’équipement de fauche, il est important de prendre en compte l’agressivité du système de conditionnement en cas de forte présence de légumineuses dans le couvert et d’en adapter les réglages.
Le fanage est à raisonner en fonction de la quantité de fourrage fauché et des conditions météorologiques. Il peut s’avérer inutile en cas de rendements faibles et avec des conditions de séchage excellentes, même en foin. Dans les autres situations, le fanage doit intervenir dès lors qu’il existe une différence notable de teneur en MS entre le haut de la couche de fourrage et celui proche du sol. Son rôle est d’accélérer et d’homogénéiser la teneur en MS du fourrage.
Phase 2 : la perte d'eau des tiges est plus lente
Le séchage ralentit durant la deuxième phase de séchage (45-50 % jusqu’à 65-70 % de MS).
Les stomates des feuilles sont fermés, l’eau doit alors traverser la cuticule cireuse pour s’évaporer des feuilles. L’eau contenue dans les tiges est également difficile à évacuer car elle doit traverser des tissus épais qui freinent son évaporation.
C’est à partir de 40-45 % MS que l’effet positif du conditionnement (rouleaux ou fléaux) s’exerce. En ayant plié/écrasé/frotté les tiges, le conditionnement facilite l’évacuation de l’eau.
En fin de 2e phase, l’aération du fourrage permet de faire circuler l’air et accélère le séchage.
En séchant 1,5 à 2 fois plus vite que les tiges, les feuilles de légumineuses deviennent cassantes. Il est alors primordial de positionner les interventions mécaniques (fanage, andainage) lors de période de réhumification par la rosée (matin ou soir).
Phase 3: veiller à bien aérer les andains
La vitesse de dessiccation lors de la troisième phase (70 % à 85 % de MS) est la plus lente et dépend de l’aération de l’andain ainsi que de l’éventuel conditionnement lors de la fauche.
L’eau sort essentiellement par les tiges. L’eau résiduelle est retenue dans la plante par des forces dites hygroscopiques. C’est le phénomène observé lorsque l’on met un morceau de sucre dans un verre contenant peu de liquide : le carré de sucre « absorbe » le liquide.
Dans le cas des plantes, les composés organiques tels que les sucres et les protéines retiennent l’eau.
Par ailleurs, lorsque le sol est humide, il peut ré humidifier le fourrage par le dessous. En ayant respecté une hauteur de fauche d’au-moins 6-7 cm, l’andainage permet alors de regrouper le fourrage pour l’aérer et l’isoler du sol.
Si les conditions de séchage sont peu favorables, privilégier le pré-andainage en constituant d’abord les petits andains et en les regroupant au dernier moment avant le pressage.
retrouver cet article arvalis : https://www.arvalis-infos.fr/comprendre-la-cinetique-de-sechage-du-fourrage-au-champ-@/view-13284-arvarticle.html
En résumer : (et cela peut choquer ..) les idées préconçues
Faucher dès que la rosée est évaporée et à plus de 6 cm du sol
Faner immédiatement après le fauchage
Faner dès qu'il y a une différence entre la face au soleil et la face au sol
(Attention pour les légumineuses: à manipuler que lorsque "l'humidité par la rosée arrive"
Andainer pour aérer (et isoler le foin du sol)
Puis récolter (presser)
Une teneur en matière sèche insuffisante lors du pressage reste la principale cause d'échauffement des foins, mais d’autres facteurs entrent en jeu. Même sans aller jusqu’à l’incendie, cet échauffement est préjudiciable car il diminue la valeur du fourrage. Eléments de repères pour comprendre les processus en jeu, déceler les situations à risque et adopter les bons réflexes en cas de doute
La conservation des balles rondes et rectangulaires de foin sans risque d’échauffement implique un pressage du fourrage dès lors que sa teneur en MS est supérieure à 84 %.
Au toucher, aucune sensation d’humidité ne doit être ressentie, sur le dessus, à l’intérieur et au-dessous de l’andain en contact avec le sol. Sur les tiges, les nœuds ne doivent plus comporter de zones de couleur « vert chlorophylle », signe de la présence résiduelle d’eau. A ces endroits, les composés solubles (sucres notamment) s’y concentrent et retiennent l’eau par des forces hygroscopiques.
Lorsque le foin est trop humide, une densité élevée de fourrage dans la balle est un facteur aggravant les risques d’échauffement. Cette densité ne permet pas une circulation d’air dans la balle suffisante pour évacuer rapidement l’eau résiduelle. La chaleur produite par l’activité des cellules de la plante et des micro-organismes ne peut pas se dissiper et la température interne de la balle grimpe. Selon les mêmes principes, des balles de grande dimension ou empilées les unes sur les autres sont également des facteurs de risque supplémentaires.
En résumé, plus un fourrage est humide et fortement comprimé au sein d’une balle de grande dimension, et plus le risque d’échauffement est élevé (figure 1).
Figure 1 : Le risque d’échauffement est déterminé par la teneur en MS du foin ainsi que la dimension et la densité des balles
A teneur en MS et densité de balle identiques, un fourrage jeune et riche est plus sensible à l’échauffement qu’un fourrage fauché tardivement (stade floraison ou plus tard). Un fourrage jeune se caractérise par une forte teneur en matière organiques solubles (sucres, protéines). Or, cette matière organique soluble est le carburant des réactions métaboliques à l’origine de l’échauffement.
Bien évidemment, pour que les phénomènes de respiration à l’origine de l’échauffement puissent avoir lieu, l’oxygène doit être présent. Or, l’élément n’est jamais limitant au sein de la balle ou dans un tas de balles empilées.
L’échauffement peut apparaître très rapidement après le pressage, en quelques heures. Dans cette situation, le phénomène est dû à l’activité des cellules de la plante encore vivantes.
Après quelques jours (3 à 10 jours), les cellules de la plante ne sont plus actives. Mais les micro-organismes (levures et moisissures), ont pu se développer et se multiplier : leur activité métabolique intense peut être à l’origine d’échauffement, qui peut durer de quelques jours à quelques dizaines de jours.
Le suivi de la température des balles à risque devra donc se faire sur plusieurs jours avec vigilance.
Un échauffement traduit une perte d’énergie sous forme de chaleur, c’est-à-dire que le fourrage perd de sa valeur énergétique. D’un autre côté, l’élévation de température au-delà de 40°C provoque la réaction de Maillard : les protéines se lient aux fibres et deviennent de moins en moins digestibles. Le préjudice sur les valeurs énergétique et protéique du foin dépend de la température maximale atteinte et, dans une moindre mesure, de la durée de l’échauffement.
- < 40°C : préjudice quasi imperceptible.
- 40 à 60°C : odeur de pomme pourrie, acide. Si l’échauffement s’en arrête là, le foin sera gris, poussiéreux. Cela se traduit par 5 à 15 % de pertes de valeur énergétique et 10 à 30 % de baisse de digestibilité des protéines.
- 60 à 80°C : foin de couleur brun/tabac /caramel. Les pertes sont alors comprises entre 15 et 30 % en valeur énergétique et de 30 à 80 % en digestibilité des protéines.
- 80 à 90°C : foin de couleur brun/café/noir. Le risque incendie est alors maximal.
Après échauffement, les résultats d’analyse de fourrage s’interprètent avec précaution. La baisse de digestibilité des protéines ne sera pas perçue par les analyses classiques. La protéine est bien présente dans le fourrage mais sa digestibilité est inférieure à celle indiquée sur le bulletin. Malgré une excellente appétence lorsque ces foins sont exempts de moisissures, il importe de tenir compte de la plus faible valeur énergétique et protéique des foins « caramélisés » dans le rationnement.
Retrouver cet article Arvalis sur : https://www.arvalis-infos.fr/comprendre-l-origine-et-les-consequences-de-l-echauffement-du-foin-@/view-27627-arvarticle.html