Aristote par Charles Hummel

« Aristote, cet homme qui construisit avec ses pensées une demeure si vaste que la science occidentale pouvait y habiter pendant deux mille ans. »

« Pour Aristote, la finalité de l’éducation est identique à la finalité de l’homme. Évidemment, toute éducation vise, explicitement ou implicitement, un idéal humain. Mais, pour Aristote, l’éducation est indispensable pour l’actualisation complète de l’homme. Le bien suprême auquel tout homme aspire, c’est le bonheur. Or, l’homme heureux d’Aristote n’est pas un sauvage heureux, ce n’est pas l’homme à l’état naturel, c’est l’homme éduqué. L’homme heureux, l’homme de bien, est un homme vertueux, mais la vertu s’acquiert précisément par l’éducation. L’éthique et l’éducation se confondent. Les livres qu’Aristote a écrits sur l’éthique sont des manuels pour enseigner l’art de vivre. »

« La cause véritablement déterminante du bonheur réside dans l’activité conforme à la vertu. »

« Ce n’est donc pas une oeuvre négligeable de contracter dès la plus tendre enfance telle ou telle habitude, c’est au contraire d’une importance majeure, disons mieux, totale. »

« Il existe trois facteurs qui font devenir les hommes bons et pleinement vertueux et ces trois facteurs

sont nature, habitude et raison. »

« Les vertus, la sagesse, le bonheur s’acquièrent par l’éducation. L’art de vivre s’apprend. »

« La morale d’Aristote est fondée sur des concepts tels que le bonheur, le juste milieu, le loisir, la sagesse. »

« La fin de la vie active de l’homme, c’est le loisir. C’est la faculté de pouvoir et de savoir disposer librement de son temps. »

« La liberté est une fin ultime de l’éducation, car il n’y a pas de bonheur sans liberté. »

« Cette liberté se réalise dans la contemplation ou dans la vie philosophique, c'est-à-dire dans l'activité de l’esprit débarrassé de toute contrainte d’ordre matériel. »

« Le loisir, la scholè, que doit viser l’éducation, c’est la liberté de s’occuper des choses essentielles. C’est par cette liberté que se réalise la sagesse : vie consacrée à la philosophie, à la contemplation, tel est le vrai bonheur. Par le loisir, signe de liberté, l’éducation doit conduire à l’ultime fin de l’homme, qui est d’avoir une vie intellectuelle qui élève l’esprit. C’est ce vrai « métier d’homme » que l’éducation doit enseigner. »

« L’éducation ne se limite pas à la période de la jeunesse, c’est un processus global qui concerne tout l’être humain et qui dure toute sa vie. »

« Le système éducatif d’Aristote est donc réellement un système d’éducation permanente. »

« Aristote traite longuement de l’éducation musicale. Plus encore que la gymnastique, la musique est un moyen d’influencer le caractère moral. Pour cette raison, elle est indispensable. Évidemment, il faut veiller à ce qu’on se concentre sur la bonne musique, car certains modes musicaux, certains rythmes ou certaines mélodies gâtent le caractère. »

« Comme l’ensemble de la philosophie pratique d’Aristote, sa théorie de l’éducation est une pédagogie du bon sens. Tout d’abord, il faut éviter les extrêmes, les exagérations. »

« Les choses qu’il faut avoir apprises pour les faire, c’est en faisant que nous les apprenons : par exemple, c’est en construisant qu’on devient constructeur, et en jouant de la cithare qu’on devient cithariste ».

« Si la finalité de l’homme est une de ses préoccupations essentielles, ce n’est que par l’éducation que l’homme s’accomplit entièrement. »

« La théorie de l’éducation aristotélicienne n’a rien perdu de son actualité. Ce qu’il dit sur la politique éducative et son rôle dans la société, sa conception d’un système d’éducation permanente et d’une éducation pour la paix et le loisir, ses réflexions d’ordre pédagogique rejoignent des préoccupations qui sont celles des responsables de l’éducation de nos jours. »

Charles Hummel (Suisse). Études de philosophie aux Universités de Bâle (auprès de Karl Jaspers), Rome et Zurich. Délégué permanent de la Suisse auprès de l’UNESCO, 1970-1987. Membre du Conseil exécutif de l’UNESCO. Membre (et président) du Conseil du Bureau international d’éducation (BIE). Représentant de la Suisse au Conseil de la Coopération culturelle (Strasbourg). Ambassadeur en Irlande (1987-1992). Auteur de Nicolas de Cuse, de l’éducation d’aujourd’hui face au monde de demain et de nombreux articles sur des questions philosophiques et pédagogiques. Les citations sont extraites des traductions des oeuvres d’Aristote par Jean Tricot, Librairie J. Vrin, Paris.