L'intelligence

L'intelligence est la fonction de connaissance par laquelle nous saisissons les objets. La pensée est toute activité de l'intelligence. L'idée est la simple représentation dans l'intelligence d'une nature connue.

1) La pensée en général

Penser, c'est juger, concevoir et raisonner; c'est affirmer la vérité; c'est construire la science; c'est organiser; c'est réfléchir; c'est résoudre des problèmes; c'est parler.

La loi normale d'évolution vitale de la pensée humaine est de progresser sans limite; le mouvement débute par l'affirmation des vérités les plus générales; il progresse par les sciences particulières pour s'achever en synthèses à la fois très vastes et très riches.

Si on considère la vie de l'esprit, le progrès s'accomplit en passant du général au particulier et au plus précis.

Mais, si l'on considère l'origine sensible de la pensée, on voit que son effort continuel, et donc son progrès, consiste à passer du particulier au général.

2) Les étapes vers la certitude

À partir des premières affirmations spontanées, notre intelligence progresse vers la certitude par les étapes du doute, du soupçon, de l'opinion; mais au terme, l'assentiment ou croyance comporte divers degrés.

Le jugement se manifeste, psychologiquement, comme l'affirmation d'une vérité.

La vérité est l'adéquation entre l'être et l'intelligence; l'adéquation de notre pensée avec la chose.

La certitude est l'état subjectif de repos où l'esprit adhère à un jugement sans crainte d'erreur.

La croyance est l'assentiment donné par l'esprit à l'objet d'un jugement, et principalement en tant que cet assentiment est doué de certitude; en ce sens, tout jugement est une croyance et l'on peut considérer ces deux termes comme synonymes.

L'ignorance est l'absence de connaissance.

Le doute est l'état d'équilibre où l'esprit, en face de deux propositions contradictoires, n'incline pas plus à l'affirmation qu'à la négation.

Le soupçon est l'état d'âme où l'esprit, en face de deux contradictoires, est davantage porté vers une alternative que vers l'autre. Le soupçon est un état d'âme essentiellement instable très proche du doute.

L'hypothèse est la proposition exprimant le nouveau jugement considéré comme possible ou vraisemblable.

L'opinion est l'état d'âme où l'esprit devant un problème, penche totalement vers une des deux contradictoires et y adhère, mais avec crainte d'erreur.

3) La raison

La raison se définit comme une ensemble d'opérations intellectuelles appelées raisonnements à la recherche de la vérité.

Le bon sens est la fonction intellectuelle par laquelle nous saisissons intuitivement et immédiatement les premiers principes.

Les premiers principes sont des jugements immédiatement évidents pour tout homme i.e. les premières pensées d'où viennent toutes les autres. Les principes premiers sont intuitifs et non discursifs. Il n'est pas nécessaire de les démontrer, parce qu'ils portent en eux leur certitude avec leur vérité évidente.

1) L'être et le principe d'identité : Tout être est ce qu'il est.

2) Le vrai et le principe de raison suffisante : Tout est intelligible par l'être.

3) Le changement et le principe de causalité : Tout ce qui commence a une cause. Pas d'effet sans cause. Les mêmes causes dans les mêmes circonstances produisent toujours les mêmes effets. Tout être changeant ou imparfait a une cause.

4) Le permanent et le principe de substance : Tout phénomène suppose une substance.

5) Le bien et le principe de finalité : Tout agent agit pour une fin. Tout a une fin.


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La Philosophie théorique