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Chers amis dans le Christ ! En cette période de débat visant à affirmer le libre choix de la fin de vie et à assurer un accès universel aux soins palliatifs en France, je vous invite à lire deux textes, à ce sujet : 1- La lettre de notre archevêque, Mgr Olivier de Germay, du 14 mars 2023, suivi par la Déclaration des églises chrétiennes de France (CECEF) sur la fin de vie du 05 décembre 2022.

"Ce qui importe, toutefois, nous dit le pape François, c’est de reconnaître la condition de solitude, d’abandon. Il s’agit d’une atrocité qui peut être surmontée avant toute autre injustice, car – comme le rapporte la parabole (du Bon Samaritain) – il suffit d’un instant d’attention, d’un mouvement intérieur de compassion, pour l’éliminer." Bonne lecture à tous.

Rabemanantsoa. Benjamin Msf.

Fin de vie ou fin de cohésion sociale ?

La tribune de Mgr Olivier de Germay, archevêque de Lyon,

au sujet du projet de loi sur la fin de vie, publiée mardi 14 mars 2023.

Alors que la Convention citoyenne sur la fin de vie se prononcera, semble-t-il, en faveur de l’euthanasie et du suicide assisté, il est encore temps d’ouvrir les yeux sur ce qui est en train de se passer. L’interdit de tuer - qui est dans toute société l’un des principaux piliers de la cohésion sociale – menace de s’écrouler.

Treize organisations professionnelles de santé, représentant 700 000 soignants, ont récemment exprimé leur opposition à ce projet de loi. Donner la mort ne saurait être considéré comme un soin, nous disent-ils. Et un simple artifice de langage ne saurait étouffer le cri de notre conscience.

Les personnes favorables à l’euthanasie et au suicide assisté invoquent le respect des droits individuels. Cette attention est importante, bien entendu, mais tout le monde sait qu’elle doit s’articuler avec le souci du bien commun. Sinon, on ne s’arrêterait plus aux feux rouges.

L’enjeu est là. A force d’ériger les droits individuels en absolu, on finit par ne plus voir les évolutions qu’ils induisent dans la société tout entière. Or les lois dites « sociétales » ne concernent pas que des individus. Comme leur nom l’indique, elles transforment et façonnent la société.

Les mesures prises ces dernières années en faveur des personnes porteuses de handicap, ou celles pour prévenir le suicide des jeunes, même si elles sont imparfaites, vont dans le bon sens. Elles rappellent qu’une société va mieux lorsqu’elle prend soin de la fragilité. Elles disent aux personnes vulnérables que leur vie a du prix et vaut le coup d’être vécue. Elles encouragent aussi des personnes à oser la rencontre avec les plus fragiles, et à faire l’expérience que de telles rencontres nous enrichissent.

Va-t-on faire marche arrière en légalisant l’euthanasie et le suicide assisté ? Quel message va-t-on envoyer aux personnes en fin de vie ? Qu’elles sont un poids pour la société ? Qu’elles coûtent cher ? Que tout irait mieux si elles disparaissaient ? Qu’on ne tient pas à elles ? On invoque parfois la liberté de choisir de vivre ou de mourir. Sous une telle pression de l’entourage, de quelle liberté parle-t-on ?

Les parlementaires qui devront se prononcer portent une lourde responsabilité. Cette loi dépasse en effet largement le cadre de son objet. Si le respect de la vie humaine est remisé dans un angle mort de notre conscience collective, si le fait de donner la mort est banalisé, faudra-t-il s’étonner de la montée de la violence ? Si les libertés individuelles deviennent le critère principal pour régir la vie en société, faudra-t-il s’étonner de voir l’individualisme grandissant ruiner la cohésion sociale ?

+ Olivier de Germay Archevêque de Lyon

CECEF : déclaration des églises chrétiennes de France sur la fin de vie (05/12/2022)

Le CÉCEF salue l’ouverture du débat sur la fin de vie voulu par le Président de la République. Comme composante de la société française, chaque confession chrétienne s’est exprimée sur ce sujet et continuera à le faire. Co-présidents du Conseil des Églises chrétiennes en France, il nous semble utile de rappeler ensemble les trois convictions suivantes :

mourir fait partie de la condition humaine. L’illusion de croire échapper au caractère inéluctable de la mort en le décidant, ne fait pas de sens. La dignité d’une société humaine consiste à accompagner la vie jusqu’à la mort et non à faciliter la mort. C’est pourquoi l’attention de tous doit porter sur la personne elle-même dans sa dignité, son unique et inestimable valeur. Il s’agit dès lors d’en prendre soin dans une attitude de compassion faite d’écoute et de bienveillance.

l’être humain est un être de relation. La liberté individuelle ne saurait se confondre avec l’individualisme. La vie humaine trouve son sens dans la relation aux autres et ne peut être envisagée sans une interdépendance nécessairement solidaire. La société ne se résume pas à une somme d’individus. La manière d’envisager la mort est également l’objet d’un contrat social. Nul n’est l’exclusif propriétaire de sa vie ; ses décisions comptent également pour les autres.

l’accès aux soins palliatifs en France n’est pas égal sur l’ensemble du territoire. La culture des soins palliatifs n’est pas développée comme elle le devrait. Ces insuffisances contribuent à la peur de la souffrance alors que les soins palliatifs pourraient la transformer.

C’est pourquoi le CÉCEF soutient les réserves exprimées par certains dans l’Avis N°139 du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE) et les trois demandes qui en découlent :

« …cette évolution ne pourrait être discutée qu’à la condition sine qua non qu’un certain nombre de prérequis soient d’ores et déjà effectifs :

la connaissance, l’application et l’évaluation des nombreux dispositifs législatifs existants ;

un accès aux soins palliatifs et un accompagnement global et humain pour toute personne en fin de vie ;

une analyse précise des demandes d’aide active à mourir, afin d’évaluer leur motivation et leurs impacts sur les proches et sur l’ensemble de la société, en France mais aussi dans les pays où cette aide est autorisée. »


Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, Coprésident du CÉCEF, Conférence des évêques de France

Le Pasteur Christian Krieger, Coprésident du CÉCEF, Fédération protestante de France

Le Métropolite Dimitrios, Coprésident du CÉCEF, Assemblée des évêques orthodoxes de France

Seigneur, envoie ton Esprit Saint : qu'il nous apporte à tous le réconfort, qu'il éclaire pour nous le mystère de la vie et de la mort, qu'il renforce notre communion. Amen !

PRIÈRE POUR LA PAIX

PRIÈRE DU PAPE FRANÇOIS
en conclusion de l’heure de prière Pacem in terris

Basilique Saint-Pierre
Vendredi 27 octobre 2023


Marie, regarde-nous ! Nous sommes ici devant toi. Tu es Mère, tu connais nos labeurs et nos blessures. Toi, Reine de la paix, tu souffres avec nous et pour nous, en voyant tant de tes enfants éprouvés par les conflits, angoissés par les guerres qui déchirent le monde.

C'est une heure sombre. C'est une heure sombre, Mère. Et en cette heure sombre, nous nous plongeons dans ton regard lumineux et nous nous en remettons à ton cœur, attentif à nos difficultés. Il n'a pas été épargné par les soucis et les peurs : quelle appréhension lorsqu'il n'y avait pas de place pour Jésus dans le logis, quelle peur lorsque vous avez fui précipitamment en Égypte parce qu'Hérode voulait le tuer, quelle angoisse lorsque vous l'avez perdu dans le temple ! Mais, Mère, dans les épreuves, tu as été courageuse, tu as été audacieuse : tu as eu confiance en Dieu et tu as répondu à l'appréhension par l'attention, à la peur par l'amour, à l'angoisse par l'offrande. Mère, tu n'as pas reculé, mais aux moments décisifs tu as pris l'initiative : tu t'es rendue avec empressement chez Élisabeth, aux noces de Cana tu as obtenu de Jésus le premier miracle, au Cénacle tu as maintenu les disciples unis. Et lorsque, sur le Calvaire, une épée a transpercé ton âme, toi, Mère, femme humble, femme forte, tu as tissé la nuit de la souffrance d'une espérance pascale.

Maintenant, Mère, prends une fois de plus l'initiative pour nous ; prends-la en ces temps déchirés par les conflits et dévastés par les armes. Tourne ton regard miséricordieux vers la famille humaine qui a perdu le chemin de la paix, qui a préféré Caïn à Abel et qui, perdant le sens de la fraternité, ne retrouve pas l'atmosphère de la maison. Intercède pour notre monde en danger et dans la tourmente. Apprends-nous à accueillir et à prendre soin de la vie - de toute vie humaine ! - et à rejeter la folie de la guerre, qui sème la mort et détruit l'avenir.

Marie, tu es venue souvent à notre rencontre pour nous demander prière et pénitence. Mais nous, pris par nos besoins et distraits par des intérêts mondains, nous sommes restés sourds à tes invitations. Mais toi, qui nous aimes, tu ne te lasses pas de nous, Mère. Prends-nous par la main. Prends-nous par la main et conduis-nous à la conversion, fais-nous remettre Dieu à la première place. Aide-nous à préserver l'unité de l'Église et à être des artisans de communion dans le monde. Rappelle-nous l'importance de notre rôle, fais que nous nous sentions responsables de la paix, appelés à prier et à adorer, à intercéder et à réparer pour tout le genre humain.

Mère, seuls, nous n'y arrivons pas, sans ton Fils, nous ne pouvons rien faire. Mais toi, tu nous ramènes à Jésus, qui est notre paix. C'est pourquoi, Mère de Dieu et notre Mère, nous venons à toi, nous cherchons refuge en ton Cœur immaculé. Nous invoquons la miséricorde, Mère de miséricorde ; la paix, Reine de la paix ! Secoue l'âme de ceux qui sont pris au piège de la haine, convertis ceux qui nourrissent et attisent les conflits. Sèche les larmes des enfants - il y en a tellement qui pleurent à cette heure ! -, assiste ceux qui sont seuls et âgés, soutiens les blessés et les malades, protège ceux qui ont dû quitter leur patrie et leurs êtres chers, console ceux qui sont découragés, redonne de l`espérance.

Nous te confions et te consacrons nos vies, chaque fibre de notre être, tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes, pour toujours. Nous te consacrons l'Église afin que, témoignant au monde l'amour de Jésus, elle soit signe de concorde et soit un instrument de paix. Nous te consacrons notre monde, en particulier nous te consacrons les pays et les régions qui sont en guerre.

Le peuple fidèle t’appelle, l'aube du salut : Mère, ouvre des fenêtres de lumière dans la nuit des conflits. Toi, demeure de l'Esprit Saint, inspire des chemins de paix aux dirigeants des nations. Toi, Mère de tous les peuples, réconcilie tes enfants séduits par le mal, aveuglés par le pouvoir et la haine. Toi qui es proche de chacun, réduis notre éloignement. Toi qui as compassion de tous, apprends-nous à prendre soin des autres. Toi qui révèles la tendresse du Seigneur, fais de nous les témoins de sa consolation. Mère, Toi, Reine de la paix, répands en nos cœurs l'harmonie de Dieu. 

Amen.

Changements des textes 

du Missel Romain en 2021

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Bienheureux …..

Bienheureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes, ils n'ont pas fini de s'amuser.

Bienheureux ceux qui savent distinguer une montagne d'une taupinière, il leur sera épargné bien des tracas.

Bienheureux ceux qui sont capables de se reposer et de dormir sans chercher d'excuses, ils deviendront sages.

Bienheureux ceux qui savent se taire et écouter, ils apprendront des choses nouvelles.

Bienheureux ceux qui sont assez intelligents pour ne pas se prendre au sérieux, ils seront appréciés de leur entourage.

Heureux êtes-vous si vous pouvez regarder sérieusement les petites choses et paisiblement les choses sérieuses, vous irez loin dans la vie.

Heureux êtes-vous si vous savez admirer un sourire et oublier une grimace, votre route sera ensoleillée.

Heureux êtes-vous si vous êtes capables de toujours interpréter avec bienveillance les attitudes d'autrui, même si les apparences sont contraires, vous passerez pour des naïfs, mais la charité est à ce prix.

Bienheureux ceux qui pensent avant d'agir et qui prient avant de penser, ils éviteront bien des bêtises.

Heureux êtes-vous si vous savez vous taire et sourire même lorsqu'on vous coupe la parole, lorsqu'on vous contredit ou qu'on vous marche sur les pieds, l’Évangile commence à pénétrer votre cœur.

Bienheureux surtout, vous qui savez reconnaître le Seigneur en tous ceux que vous rencontrez, vous avez trouvé la vraie lumière, vous avez trouvé la véritable sagesse.

Joseph Folliet

Publié le 05 octobre 2021

Déclaration de Mgr Olivier de Germay après la publication du rapport de la Ciase


Le rapport de la Ciase a été publié ce matin. Les chiffres qu’il donne dépassent ce que l’on pouvait imaginer. Derrière les chiffres, il y a des personnes, des vies souillées, meurtries, brisées. Personnellement, ce rapport me bouleverse, m’écoeure et me scandalise. Les personnes victimes que j’ai rencontrées m’ont aidé à prendre conscience du traumatisme que représentent ces actes odieux. J’ai honte de ce qui s’est passé, de ces actes inqualifiables, mais aussi de la façon dont ces affaires ont été traitées. Ces chiffres effroyables montrent que, dans le passé, l’Église a été défaillante en voulant gérer en interne ces questions. Elle n’a pas su ou pas voulu voir ce qui se passait et a mis bien du temps à réaliser l’ampleur du phénomène.

Des personnes victimes ont eu le courage de parler, parfois grâce à des associations. On a pu parfois se sentir agressé par de telles associations, mais il faut bien reconnaître qu’elles ont permis de faire avancer les choses. C’est en partie grâce à la Parole libérée, à Lyon, que l’Église qui est en France a mandaté une commission indépendante pour faire la vérité et aboutir à la publication de ce rapport.

Dans le diocèse de Lyon, entre 1950 et aujourd’hui, 76 cas de prêtres et religieux auteurs d’abus sexuels ont été recensés, dont 49 sur personnes mineures. Mais le rapport établit que de nombreuses personnes victimes ne se sont pas fait connaître.

La publication de ce texte est douloureuse. C’est un choc pour l’Église. Ce choc sera salutaire s’il est l’occasion de regarder la réalité en face et de prendre les mesures nécessaires. Le rapport Sauvé révèle également l’ampleur, que l’on ne soupçonnait pas, des abus sexuels dans l’ensemble de la société. Cela ne diminue pas la responsabilité de l’Église. Elle peut cependant ouvrir la voie d’un véritable changement au sein de la société tout entière.

Certaines des mesures préconisées par le rapport ont déjà été mises en place, mais le président Sauvé nous demande d’aller beaucoup plus loin. Il préconise des réformes structurelles que nous étudierons dès notre prochaine assemblée plénière à Lourdes.

En terminant, je voudrais redire aux personnes victimes notre honte et notre compassion. Au nom de l’Église, je leur demande pardon.

Je voudrais également inviter les fidèles laïcs à affronter cette épreuve avec courage. Je pense aussi aux innombrables prêtres, diacres ou consacrés qui se mettent humblement et quotidiennement au service des autres. Nous sommes fiers de l’Évangile qui demeure une Bonne Nouvelle pour notre temps. Mais nous avons honte de ce qui s’est passé, et nous ne devons pas craindre que la lumière soit faite. Ensemble, travaillons à restaurer la confiance.

+ Mgr Olivier de Germay

Archevêque de Lyon

Le cri du cœur d’un prêtre

à propos des abus sexuels dans l'Église


Curé dans le diocèse de Bordeaux, le père Pierre-Alain Lejeune a écrit ce texte très fort le jour de la remise du rapport de la Ciase, exprimant le désarroi de tous ces prêtres innocents qui poursuivent leur travail « la honte au front et le cœur brisé », portant avec l’Église le fardeau des abus sexuels commis par leurs frères.

Il fait partie de ces prêtres qui tentent, jour après jour, d’accomplir leur mission dans la fidélité au Christ, sans trahir. De ces prêtres qui ne sont pas auteurs d’abus sexuels et n’ont pas cherché à ignorer la souffrance des victimes, mais qui portent aujourd’hui avec humilité le visage défiguré de l’Église en tant que membres du même corps. Curé de quatre paroisses du diocèse de Bordeaux, le père Pierre-Alain a pris la plume pour exprimer dans ce texte (publié sur son blog) tout son désarroi face aux chiffres accablants du rapport Sauvé révélé le 5 octobre, pour dire sa sollicitude envers les victimes, de la difficulté d’être prêtre aujourd’hui, mais aussi, malgré tout, de son espérance pour l’avenir.

« Aujourd’hui, prêtre »

En ce mardi gris d’octobre, j’ai continué mon travail comme une bête de somme traçant le labour sous la pluie froide. J’ai poursuivi en essayant de ne pas trop me retourner, de ne pas perdre le rythme du cheval de trait qui sait qu’il ne doit pas s’arrêter au milieu du sillon. Et pourtant, Dieu sait si j’ai eu envie de lâcher l’attelage, accablé par le rapport de la CIASE rendu public ce matin. Dieu sait si j’ai souvent pensé aller, toutes affaires cessantes, me réfugier dans l’église voisine, fermer la porte et pleurer devant Dieu pour tant de misère.

Aujourd’hui j’ai continué mon travail, la honte au front et le cœur brisé ; j’ai continué parce que je ne pouvais laisser seul le vieil homme qui attendait de recevoir l’onction des malades, ni renoncer à visiter une famille endeuillée, ni oublier ces fiancés préparant leur mariage. J’ai continué avec toutes ces questions se bousculant en moi : Pourquoi ai-je voulu devenir prêtre ? Pourquoi me suis-je mis au service de cette Église dont j’ignorais tout de la face hideuse qui est révélée au grand jour ? A l’époque, aurais-je répondu de la même manière, si j’avais su ?

Aujourd’hui j’ai continué à poser les gestes du ministère en faisant le dos rond, portant dans ma prière douloureuse les milliers de vies brisées et les silences complices : les victimes et les bourreaux. J’ai fait le dos rond, sentant autour de moi, la suspicion portée sur mon habit de prêtre et l’état de vie que j’ai choisi : le célibat. Ce célibat qui depuis 25 ans, je dois le dire, m’a procuré bien plus de joies que de peines.

Aujourd’hui j’ai continué tant bien que mal à rejoindre des personnes en attente d’une parole ou d’un geste, j’ai continué à faire mon métier de prêtre. Et si ce n’était qu’un métier, je pourrais au moins démissionner et chercher à gagner autrement ma vie. Mais voilà… on devient prêtre par amour du Christ et de son Église. Et l’on ne quitte pas celle que l’on aime simplement parce qu’un matin ténébreux, elle nous apparaît laide. On ne la quitte pas, même lorsque soudainement, on se retrouve éclaboussé par sa laideur.

Aujourd’hui, j’ai continué à répondre au téléphone et aux nombreux messages quotidiens de celles et ceux qui cherchent un peu de lumière dans l’ordinaire de leur vie ou dans les drames profonds qui les traversent ; j’ai continué en me demandant pourquoi il me fallait porter le poids d’un péché commis par d’autres, porter au front la honte de ce que je n’ai pas commis. Sans doute cette douleur nous rapproche t-elle un peu des victimes d’abus sexuels qui, plus que tout autre, payent pour un crime qu’elles n’ont pas commis. Peut-être nous rapproche t-elle un peu de notre Seigneur Jésus Christ qui, d’une manière unique, a payé pour les péchés qu’il n’a jamais commis.

J’ai continué en priant de tout mon cœur pour les innombrables victimes de ces prêtres prédateurs qui ont usé d'une si belle vocation comme d'un filet de chasseur pour mieux capter leurs proies. J’ai continué en priant aussi pour tous ceux qui seront pris par l’envie de quitter le navire de l’Église. Bruyamment ou sur la pointe des pieds. J’ai continué pour résister à l’illusion pharisienne ; l'illusion qu’en nous éloignant des bourreaux nous serions innocentés de tout mal. J’ai continué en m’efforçant de ne pas déserter le champ de bataille. Or le champ de bataille, ce n’est pas seulement l’Église salie par la faute de ses membres ; le champ de bataille est en chacun de nos cœurs. Le mal n’est pas seulement chez l’autre ou chez les autres ; le mal est en chacun de nous, sous des formes diverses certes, mais il est là, tapi comme une bête sauvage qu’il nous faut dominer. J'ai continué en essayant de ne pas déserter mon cœur meurtri.

Christian de Chergé, moine de Tibhrine en Algérie, assassiné en 1995, écrivait quelques mois avant sa mort : « J’ai suffisamment vécu pour me savoir complice moi aussi, du mal qui semble, hélas, prévaloir dans le monde ». Lui, le saint ! Lui, l’homme de paix, se reconnaissait complice du mal qui allait pousser ses propres bourreaux à le tuer. Et il priait pour eux… C’est peut-être cela la sainteté : ne pas se croire innocent d’un mal reconnu chez les autres, même le pire ; savoir que le vrai combat se joue à la porte de notre cœur.

Aujourd’hui j’ai continué à pédaler sous la pluie et dans le vent froid d’automne pour aller célébrer la messe avec quelques fidèles aussi blessés que moi par cette dure réalité. Ensemble nous avons célébré le mystère du Christ mort pour nos péchés ; lui l’innocent, mort pour sauver le criminel. Et ensemble nous avons crié vers Dieu : « délivre-nous du mal » !

Aujourd’hui, en ce sombre mardi d’octobre, j’ai continué à être prêtre parce que je sais que cette mission est plus grande que moi et que je n’en serai jamais digne ; j’ai continué à donner Dieu aux gens que je rencontrais, ce Dieu que je ne possède pas mais qui, un jour, s’est saisi de mes pauvres mains d’homme pour se donner au monde. Aujourd’hui, j’ai continué à être prêtre par amour du Christ et des hommes qu’il aime.

(tiré d'un article web de Famille Chrétienne le 08-10-21)

Le 15 août 2021

La figure de la Vierge dans les quatre évangiles

Chers frères et sœurs dans le Christ, dans le cadre de la célébration de l’Assomption de la Vierge Marie, je vous propose ce texte qui s’intitule « Le figure de la Vierge Marie dans les quatre évangiles ». Bonne fête et bonne méditation (R. Benjamin)

La tradition évangélique parle de Marie tout d’abord en tant que « mère de Jésus » et de « Très Sainte Mère de Dieu », vénérée par les catholiques et les orthodoxes. En outre, sa sainteté est admise même par les anglicans et par d’autres professions protestantes. Le Coran la définit « la mère vierge de Jésus ».

Et pourtant la plupart des apparitions de Marie dans les Évangiles nous montrent une femme du peuple, profondément authentique dans ses émotions, réelle et concrète dans son humanité… Sa vie quotidienne est celle d’une femme commune, d’origines humbles, qui en tant que telle est profondément inscrite dans le contexte historique et social dans lequel elle a vécu. Son existence est basée sur des actions ordinaires, des visites aux parents (Lc 1, 39-45), des pèlerinages (Lc 2, 41), les fiançailles et le mariage (Jn 2, 1-2). Elle assiste impuissante à la passion et à la mort de son seul et unique fils (Jn 19, 25), avec toute la douleur qu’une femme normale, qu’une mère normale puisse manifester dans une occasion si épouvantable. L’annonciation de l’Ange (Lc 1, 26-38) est le seul moment dans lequel cette femme si ordinaire semble être effleurée par le Mystère divin et elle en est entièrement investie avec les conséquences que nous connaissons tous.

Seul dans les évangiles de Luc et de Jean, la figure de Marie est mise davantage en valeur. Des trois évangiles synoptiques, c’est celui de Luc qui dédie le plus d’attention à la figure de Marie, en la mettant en valeur dès le début. C’est elle qui incarne un rôle unique, fondamental, au début de l’Évangile, pendant l’enfance et la prédication publique de Jésus. (…) Marie devient la mère de Jésus et de l’Église, une femme ordinaire qui a accepté d’assumer une mission sublime et terrible et elle ne le fait que par foi, que par amour. (…) Dans l’Évangile de Jean ensuite, son rôle de mère de Jésus, et par conséquent de tous ses disciples, émerge dans les affirmations de Christ lui-même. En effet, dans cet Évangile elle est toujours appelée « la Mère de Jésus ». Elle participe à la vie publique de son fils et, sur la croix, déjà agonisant, Jésus s’adresse à elle et à Jean en déclarant que, à partir de ce moment-là, ils seront mère et fils. C’est le moment où Christ lui confie son nouveau rôle de Mère de l’Église et de tous les chrétiens, rôle qui en fait une des figures les plus représentées dans des cadres et des statues.

Marie représente donc depuis les origines de la chrétienté la femme humble et ordinaire qui se confie à Dieu sans réserve, en acceptant sans hésiter la portée immense que ce choix implique dans son existence. Foi absolue, amour absolu.


Les apparitions de la Vierge Marie à travers le monde

Les experts de la 42° semaine mariale à Saragosse en 1986 ont dénombré au moins 21.000 apparitions mariales depuis l'an 1000, même si l'Église n'en a authentifié officiellement que très peu…. Au cours du seul XX° siècle, il a été recensé près de 400 apparitions mariales (ou prétendues telles), et 200 pour la seule période de 1944 à 1993. Voici quelques-unes des apparitions reconnues par l’Église, à travers le monde.

Le LAUS (France, 1664) : Dans une petite grotte, la Vierge Marie apparaît pour la première fois à Benoîte Rencurel, une bergère illettrée de seize ans. Ces apparitions ont duré 54 ans, jusqu’à la mort de Benoîte en 1718.

La Salette (France, 1846) : La « Belle Dame » apparaît à Mélanie Calvat (15 ans) et à Maximin Giraud (11 ans), deux jeunes bergers. Elle est en pleurs, et les regarde : « Avancez, dit-elle, n’ayez pas peur ! Je suis ici pour vous annoncer une grande nouvelle ».

Lourdes (France, 1858) : Apparition à Bernadette Soubirous (14 ans), jeune fille simple et de santé fragile. Le jeudi 25 mars, fête de l’Annonciation et sommet des 18 apparitions, la Vierge Marie se présente à elle comme étant « l’Immaculée Conception ».

Champion (États-Unis, 1859) : La Vierge Marie apparaît trois fois à Adèle Brise, à Champion. La Vierge lui dit : « Je suis la Reine du Ciel qui prie pour la conversion des pécheurs, et je désire que tu fasses comme moi ».

Pontmain (France, 1871) : Le 17 janvier Eugène Barbedette (13 ans), fils d’un paysan, voit une belle dame vêtue d’une robe bleue parsemée d’étoiles d’or. Elle porte une couronne sur la tête et lui sourit. Trois autres enfants verront la belle Dame : Joseph Barbedette, Françoise Richer et Jeanne-Marie Lebossé.

Gietrzwald (Pologne, 1877) : La Vierge Marie apparaît à 160 reprises à deux jeunes filles : Justyna Szafrynska (13 ans) et Barbara Samulowska (12 ans). Le 30 juin, elle dit : « Je désire que vous récitiez le rosaire tous les jours ». Le 1er juillet, elle se présente : « Je suis la très sainte Vierge Marie Immaculée ». Les messages transmis invitent à la prière et à la pénitence.

Fatima (Portuga, 1917) : Le 13 mai 1917, la Vierge Marie apparaît à Lucia, Francisco et Jacinta, trois jeunes bergers. Ils ont vu une dame vêtue d’un blanc plus brillant que le soleil. « La lumière l’environnait ou plutôt émanait d’elle (…). Nous étions près d’elle (…), à 1 mètre et demi de distance, plus ou moins. Elle paraissait plus de 18 ans ».

Beauraing (Belgique, 1932) : De 1932 à 1933, la Vierge Marie apparaît 33 fois à Fernande (15 ans), Gilberte (13 ans) et Albert Voisin (11 ans). À chaque apparition, ils tombent brutalement à genoux, mais ils ne se heurtent pas contre le sol, aucun ne se blesse.

Banneux (Belgique, 1933) : La Vierge Marie apparaît à Mariette Béco (11 ans). La dame invite la jeune fille à se rapprocher et se présentera comme la « Vierge des Pauvres ».

Betania (Venezuela, 1976-1988) : Près d’une grotte, le 25 mars 1976, la Vierge apparaît à Maria Esperanza Medrano. Elle continue à lui apparaître jusqu’en 1988 et lui transmet un grand nombre de messages pour le monde …

San Nicolas de los Arroyos (Argentine, 1983) : Le 25 septembre, la Vierge Marie apparaît à Marie demande à Gladys, une mère de famille de rechercher une statue de Notre-Dame du Rosaire qui avait été bénite par un Pape avant de tomber dans l’oubli. La statue en question sera trouvée dans l’une des cloches de la cathédrale.

Kibeho (Rwanda, 1981-1986) : La Vierge Marie apparaît à Alphonsine Mumereke, Nathalie Mumukamazimepaka et Marie-Claude Mukangango. Elle se présente comme « Notre-Dame des Sept Douleurs » et elle exhorte à la prière incessante, au jeûne, à la repentance et à la conversion.