1943 - 1944
Affectation
à
Cestas




A l'automne 1943, un septième commissariat régional des C.J.F. fut créé dans les Landes pour la récupération des pins brûlés l'été précédent.

En novembre 43, le groupement1 n°9 "Le Roc" groupe n°7 "Bournazel" part à Saint-Magne dans les Landes. Jean Barreaud arrive à Cestas2, sa nouvelle affectation. Chef d'équipe, il dirigera 30 hommes, des "bûcherons".

Le 25 décembre 1943, à la levée des "Couleurs" il lit une allocution3 de sa composition "Patrie" qui montre à quel point il souffre de voir son pays sous le joug des allemands et son espoir de voir la France prochainement libérée. L'allocution peut-être difficile à lire aussi l'ai je recopiée afin que sa lecture en soit plus aisée, voir ci-après.

En janvier 1944, changement d'appellation les C.J.F. passent aux Eaux et Forêts. Quelques temps après, ses chefs partent pour le maquis et lui confient ceux qui reste, les couleurs et une barrique de vin !

Le 14 juillet 1944, il organise une cérémonie aux couleurs, en zone occupée. Il écrit "ça s'arrose avec une bonbonne de vin !"

A une date non identifiée, il va à Lourdes, en pèlerinage ou simplement pour s'y recueillir, nous ne saurons jamais... J'ai retrouvé une photo où Jean est en montagne et au dos de laquelle il a écrit "Lourdes", elle est présentée ci-après.

Le 20 août 1944, il est appelé par sa famille, son père est au plus mal... Il retourne à Tassin-la-Demi-Lune en urgence... son père décédera le 20 septembre.

Début octobre 1944, un appel radio (ou TSF) est diffusé, le regroupement des élèves de l'école de l'Air à Aix-en-Provence est annoncé... Il ne retournera pas à Cestas...

1 Jusqu'en octobre 1943, le Groupement n°9 "Le Roc" groupe n°7 "Bournazel" était basé à Monestier-de-Clermont en Isère puis en novembre 1943 il fut transféré à Saint-Magne en Gironde. Sa devise était "Sans faille". Créé le 15 août 1940 il fut versé à la production industrielle le 1er février 1944.
2 Cestas se situe approximativement entre Saint-Magne (
30 km) et Bordeaux (24 km).
3 Le document présenté a dû être envoyé à son père qui l'a recopié car l'écriture n'est pas de Jean mais de son père,
Claude.

Allocution prononcée le 25 décembre 1943 à la levée des "Couleurs"

par le C.E. Jean Barreaud

Groupement n°9 - de Bournazel n°71

à Cestas - Château Alexandre - Landes

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Patrie

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Ô Patrie, nous sommes tes mages, et nous t'apportons en cette nuit pleine d'espoir, l'offrande de nos Cœurs.

Une année nouvelle se lève, des cupides, des inconscients s'acharnent sur ton cœur meurtri, crucifié.

Tu souffrais de l'absence de tes fils, prisonniers d'une lutte inégale, ou frileux d'une rançon écrasante. Pères et fils, en terre ennemie, séparés toujours par des barbelés, ta longue et lourde couronne d'épines.

Tu souffrais de voir tes fils, l'esprit égaré, s'entre-tuer et se haïr... Éponge trempée dans le vinaigre que t'offre l'anarchie sous les yeux passifs d'un peuple vieux et bourgeois.

Tu souffrais du rapt de tes terres lointaines, foulées par les bottes étrangères, blessures en ton flan haletant.

Tu souffrais hier, tu souffrais en cette nuit, tu souffriras peut-être encore demain, mais déjà l'espoir a lui1.

Déjà un ennemi chancelant a lâcher-prise1,

Et la belle Menton,

Et la belle Tarentaise,

Et la profonde vallée du Guil,

Tu les as retrouvées.

Déjà une jeunesse nouvelle se lève, et brûle de bouleverser la routine.

Elle rêve de fierté car elle souffre de te voir piétinée.

Elle rêve de "Baroud" car elle veut te sauver.

Elle rêve de gratuité car elle a soif de sacrifice.

Elle veut se sacrifier pour que tu sois unie, plus belle et plus forte, pour que tes ennemis, les cupides, les inconscients, tremblent à ton seul nom, et meurent en te combattant, pour que rajeunie, tu redeviennes l'aliment du Monde.

Au pied de ton drapeau, bleu comme ton ciel, blanc comme ton âme, rouge comme ton sang, cette nuit nous jurons de ne pas être des vaincus.

-.-.-.-. Ô Notre France .-.-.-.-.

1 Corrigé lors de la recopie






Sur la photo de droite comme sur celle en haut de page, on voit bien sur la poitrine de Jean son insigne de chef d'équipe.

Au sommet d'une montagne... on est un peu comme dans une église...
m
'avait-il dit un jour ...