1943 - 1944
Les Chantiers de la Jeunesse

En France libre sous le gouvernement de Vichy la loi du 18 janvier 1941 créa les Chantiers de la Jeunesse Française (C.J.F.), appelant tous les Français de vingt ans pour un service de huit mois.

Les élèves de l'École de l'Air étaient admis comme "volontaires". Ce fut le cas de Jean Barreaud qui en 1943 se porta volontaire puisqu'il venait d'être reçu au concours de l'École de l'Air et qu'il allait avoir vingt ans en octobre.
De plus, m'avait-il dit "cela me permettait d'échapper au Service du Travail Obligatoire
1 (S.T.O.) qui durait 2 ans". En effet, le connaissant, il n'aurait jamais supporté de partir en Allemagne et encore moins de travailler pour l'ennemi...

La majorité des convoqués de 1943 furent envoyé dans les Alpes.

Le 1er juillet 1943, Jean Barreaud fut affecté au groupement n°9 « Le Roc » groupe n°7 "Bournazel", au lieu dit LE FAU2 près de Monestier-de-Clermont, commune située non loin des massifs du Vercors3.

En octobre 1943 il est nommé chef d'équipe et en novembre c'est le départ pour les Landes.

1 Loi du 16 février 1943 sur l'institution du travail obligatoire

2 Le col du Fau est un col de moyenne montagne situé sur le versant oriental du Vercors en Isère. Il se situe entre Monestier-de-Clermont et Saint-Michel-les-Portes. Son altitude est de 899 m.
3 Le Vercors fut un haut lieu de la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale. En juillet 1944, les Allemands lancent plus de 15000 soldats à l'assaut du Vercors, coûtant la vie à 201 civils et 639 maquisards.

La partie relative au séjour de Jean dans le Landes est en sous-page "Cestas".

Quelques photos issues des archives de Jean vous sont présentées ci-après.

Camp du Fau

15 août 1943 Jean Barreaud

Baraquements au camp du Fau

Août 1943
Avec quelques camarades Savoyards et Lyonnais
Jean debout à droite

Juillet 1943
Les
Demi-Lunnois1, Jean à droite
1 habitants de Tassin-la-Demi-Lune.

Août 1943
Lors d'une sortie au bord du Drac (affluent de l'Isère)

Lorsque Jean recevait du courrier au camp voici l'adresse où ce dernier arrivait (extrait d'une lettre).

Découvrez le document officiel qui relate la création, l'organisation, la vie et l'éducation reçues (théoriquement) dans les camps des C.J.F. Document provenant des archives de Jean.
Après ce d
ernier, pour ceux que ça intéresse, un résumé vous est donné sur ce qu'étaient le S.T.O. et les C.J.F.




Les Chantiers de la Jeunesse
par le Commissaire général Joseph de la Porte du Theil

Les pages sans texte ne sont pas présentées

Le S.T.O.

En France, comme dans toute l'Europe occupée, le S.T.O. fut instauré par l’Allemagne nazie. C'est ainsi que des centaines de milliers de travailleurs français furent réquisitionnés et transférés en Allemagne, contre leur gré, afin de participer à l’effort de guerre allemand.

L'Allemagne nazie imposa aussi au gouvernement de Vichy la mise en place du
S.T.O. pour essayer de compenser son manque de main-d'œuvre.

Les C.J.F.

Le C.J.F. s'inspire des principes du scoutisme et de l'armée. On y cultive l’esprit d’équipe, l’honneur, la virilité, on y célèbre la Patrie et le drapeau, on y vit au contact direct de la nature, en secteur rural et en forêt essentiellement.
Discipline militaire, cérémonie des couleurs, défilés, revues, marche au pas cadencé rappellent évidemment les méthodes de l’armée.
La pénurie empêchant la réalisation d’uniformes, les tenues sont assez disparates, même si le vert forestier de la teinture leur donne une certaine uniformité.
Leur activité est essentiellement
forestière et agricole : forestage, fabrication de charbon de bois, entretien et construction de routes, aides aux récoltes agricoles.
La formation est surtout physique (l’hébertisme) et morale (aumônier et pasteur attachés à chaque groupement). Les infirmières de la Croix-Rouge et les assistantes sociales sont les seules représentantes du sexe féminin.

(source museedelaresistanceenligne.org)


En 1943, les Chantiers sont répartis en 52 groupements, de 1500 à 2000 jeunes, installés en France non occupée et en Afrique du Nord. Le commissariat général, basé à Châtel-Guyon, (Puy-de-Dôme), coordonne les commissariats régionaux. Chaque commissariat régional supervise une école de cadres et 8 à 10 groupements, assimilables à des régiments, de 1500 à 2200 hommes. Chaque groupement est divisé en 6 à 12 groupes, semblables à des compagnies, de 150 à 200 hommes chacune. Les groupes sont eux-mêmes divisés en équipes.

Mais les Chantiers deviennent peu à peu suspects aux yeux des Allemands qui les considèrent comme des lieux où peuvent se former la résistance. Toutefois, lorsque les allemands envahissent la zone sud à partir de novembre 1942, les Chantiers ne sont pas supprimés mais leurs lieux d'implantation sont profondément modifiés. A partir de mars 1943, les groupements de Provence, des Pyrénées, et des Alpes-Jura sont respectivement délocalisés dans le Massif Central, dans le département de la Dordogne et dans les Landes. L'occupant craint en effet leur concours à un débarquement allié par la Méditerranée (groupements de Provence), le concours ou la participation à des évasions par l'Espagne (groupements des Pyrénées), et l'aide aux maquis (groupements des Alpes). En novembre 1943, les Chantiers sont réduits à 30 000 hommes, les jeunes « en excédent » étant requis par le ministère de la Production industrielle (ce qui fut le cas de Jean).

A partir de septembre 1943, devant de nouvelles exigences allemandes réclamant l'envoi en Allemagne de la quasi-totalité des effectifs restant des Chantiers, le général de La Porte du Theil, refuse catégoriquement toute mise à disposition supplémentaire au bénéfice de l'occupant. Mais il décline également les invitations de la Résistance à passer à la dissidence et à gagner Alger. Averti d'une arrestation imminente à la fin de décembre 1943, il refuse de s'enfuir. Destitué, arrêté le 4 janvier 1944 à son bureau de Châtel-Guyon, il est assigné à résidence en Allemagne jusqu'à la fin de la guerre. Jugé pour collaboration, il obtint un non-lieu en Haute Cour de Justice en 1947. Après l'arrestation du général de La Porte du Theil, les Chantiers passent sous le contrôle du ministre du Travail et de la Production industrielle. Ce changement accentue leur transformation en un vivier de main-d'œuvre au service de l'occupant en France comme en Allemagne.

Les Chantiers de la jeunesse sont finalement dissous le 10 juin 1944.
On estime le nombre de personnes passées par les Chantiers entre 300 000 et 500 000. Parmi eux, environ 16 000 jeunes ont été envoyés directement au Service de travail obligatoire (S.T.O.). La liquidation des Chantiers est confiée au ministère de l'Éducation nationale, sauf la partie financière qui releva jusqu'au 1er novembre 1945 de l'Intendance militaire.

(source France Archives)