J9 : Vendredi 19 mai 2023
Ma première idée pour cette journée consistait à faire une randonnée en plein cœur du parc rural de Teno, un parcours en boucle entre El Palmar et Teno Alto, classée top par le guide Rother. Malgré cette bonne appréciation, Hervé n’est pas convaincu. Nous nous mettons alors d’accord sur un autre circuit, « De Tamaimo au Guama », auquel le guide Rother n’accorde pas de top mais qu’il qualifie de « randonnée panoramique au-dessus de la vallée de Santiago ». Son point de départ se situe dans le village de Tamaimo, non loin de Santiago del Teide, aux portes du parc rural de Teno, à l’extrémité nord-ouest de l’île et à une heure de route de notre lieu d’hébergement.
En traversant Santiago del Teide, nous reconnaissons le parking de l’aire récréative où nous nous étions garés en 2019 pour randonner par les crêtes en direction de Masca. Actuellement, ce parcours n’a plus l’air d’être réalisable car il se trouve sur le terrain de gigantesques travaux liés au prolongement de l’autoroute TF-1.
A l’approche de Tamaimo, j’aperçois en passant la grande croix blanche « Cruz de los Misioneros » dominant majestueusement le village du haut de ses 810 mètres, à l’avant-poste du sommet de la Montaña de Guama (877 mètres) qui est l’objectif final de notre randonnée. Nous avons hâte !
La déception est alors d’autant plus grande en arrivant au pied de la fameuse croix quand nous trouvons le sentier fermé pour cause d’éboulement. Mince alors, et surtout que faire en lieu et place ? Je sors le guide Rother pour étudier une alternative tout en posant dans l’intervalle mes lunettes de soleil sur un muret devant moi. Pour commencer, nous décidons de rester sur le sentier PR-TF-65 sur lequel nous nous trouvons pour poursuivre en direction du nord, avec l’objectif d’atteindre à minima le village de El Molledo. Le parcours ne nous semble pas particulièrement exaltant, coincé entre un muret de pierres et une ancienne conduite d’eau, mais faute de mieux…
Voir l'épaisseur du calcaire dans la conduite d'eau !
Heureusement les alentours sont riches en plantes remarquables (Aeonium et Opuntiae en fleur) qu’Hervé a tout le temps de mitrailler pendant que j’effectue un aller-retour supplémentaire jusqu’au pied de la croix pour récupérer mes lunettes de soleil oubliées sur le muret. Quand on n’a pas de tête… 😉
Il a aussi le temps d’immortaliser les paysages laissés derrière nous et ceux qui nous attendent un peu plus loin. Finalement, ils ne sont pas dénués d’intérêt, bien au contraire !
Vue vers le sud et le village de Tamaimo laissé derrière nous
Vue vers le nord
Après avoir récupéré mes lunettes et retrouvé Hervé, nous nous dirigeons vers cette forteresse rocheuse dont la silhouette m’évoque un fer à repasser géant. Un petit air de Flatiron Building ?
A son pied, un poteau indicateur signale une possibilité de rallier El Molledo via la Degollada del Roque. Ce nouvel itinéraire nous paraît beaucoup plus intéressant, nous l’adoptons illico et grimpons vers le col en question. Nous y croisons un groupe d’une quinzaine de personnes (dont une majorité de Français) accompagné d’une guide. Cela nous rappelle une rencontre similaire près de Masca en 2019 avec un groupe de randonneurs français du tour-opérateur La Balaguère dont nous avions d’ailleurs partagé le minibus entre Masca et Santiago.
Mais revenons à l’ascension en cours où nous ne manquons ni une nouvelle vue sur le village de Tamaimo ni l’observation attentive d’un dyke (roche éruptive ayant l’aspect d’un petit mur ou d’une colonne).
Village de Tamaimo
Dyke
A l’arrivée au col (830 m), nos efforts sont largement récompensés en découvrant l’audacieux dôme volcanique du Risco Blanco ainsi que le fantastique barranco plongeant vers l’océan. Nous ne regrettons pas le détour !
Entre détails botaniques, particularités géologiques et vues panoramiques, le parcours s’enroule ensuite en balcon autour du cirque montagneux jusqu’à l’entrée du village d’El Molledo.
Au pied de cette colonne rocheuse (encore un dyke !), je trouve un siège à ma convenance pour une courte pause avant d’emprunter, pour le retour, le sentier PR-TF65 quitté plus tôt.
Nous terminons cette randonnée improvisée au bout de 3 heures après avoir parcouru 8,5 kilomètres avec un dénivelé de 350 mètres sans oublier d’ajouter 35 mètres de dénivelé supplémentaires en ce qui me concerne pour avoir dû récupérer mes lunettes de soleil oubliées sur un muret. 😉
Notre parcours entre Tamaimo et El Molledo
Nous ne sommes pas mécontents de notre choix, persuadés d’avoir pu profiter de panoramas assez similaires à ceux que nous aurions vus du haut de la Montaña de Guama. Par conséquent pas de regrets d’avoir dû modifier nos plans !
Pour le pique-nique du midi (ou plutôt de 13 heures 😉), nous avons déjà notre endroit dédié, à savoir l’aire récréative de Santiago del Teide qui, bien que réduite par le chantier de l’autoroute, permet toujours de profiter d’une agréable installation à l’ombre. Aujourd’hui, nous aurions préféré être au soleil, car à l’ombre il fait presque froid. Alors nous expédions le pique-nique pour enchaîner avec la suite du programme.
Comme nous ne sommes qu’à quelques encâblures de Masca, nous voulons revoir cette localité, la plus connue du massif du Teno, accessible par une route étroite et sinueuse où il est parfois difficile de se croiser. En 2019, nous avions fait l’expérience à bord d’un minibus qui avait dû couper sa climatisation pour pouvoir négocier la montée de Masca à Santiago del Teide. Aujourd’hui nous voulons faire le trajet avec notre voiture (de location) dans le sens contraire, de Santiago vers Masca et jusqu’à Buenavista del Norte sans oublier de nous arrêter au pied du célèbre rocher aux allures de Machu Picchu.
Masca
Mirador Cherfe
Mirador Cruz de Hilda (vue vers l’est)
Mirador Cruz de Hilda (vue vers l’ouest)
Bilan : une route dantesque et des paysages fantastiques, emblématiques du parc rural du Teno que nous venons de traverser. Le Teno est un massif volcanique ancien où l’érosion a donné forme à de grandes falaises, des îles basses, des vallées fertiles et de profonds canyons dont le plus connu est celui de Masca.
Traverser ces paysages est une sacrée aventure !
Et maintenant, on rentre ? Non, pas encore. Après une journée aussi intense, j’irais bien me baigner dans l’une des piscines naturelles de la côte Nord. Justement, le Charco de la Laja, situé à San Juan de La Rambla, permet de faire cette expérience.
L’endroit est en effet très sympa mais vu les conditions de mer l’accès est interdit (fermé par une rubalise), ce qui n’empêche pas certains de passer outre, soit pour être aux premières loges au bord du bassin, soit pour se baigner en dépit des risques. Très prudents, nous restons au niveau du belvédère où le spectacle est tout aussi époustouflant. 😊
Dernière vue vers le nord avant de retrouver Las Aguas, de l’autre côté de la pointe. Quelle journée !