J10 : Samedi 20 mai 2023
Après un programme intense hier, nous projetons une petite journée plus cool avec moins de route, moins de marche et un déjeuner au restaurant. Commençons par rejoindre un petit parking au bord de la route TF-5 à côté du mirador San Pedro, six kilomètres seulement à l’est de Las Aguas. Ici nous entrons dans le « Paisaje Protegido de la Rambla de Castro », c’est-à-dire un espace naturel protégé de 45 hectares traversé par un sentier de randonnée décrit comme facile dans ma documentation, reliant le mirador cité plus haut à la Playa de Los Roques, à la lisière Ouest de Puerto de la Cruz. Nous envisageons de pouvoir éventuellement raccourcir le parcours si besoin.
Je présente l’itinéraire à Hervé comme une balade côtière tranquille et de ce fait, nous jugeons inutile de nous charger de nos bâtons de marche.
Depuis le parking, nous descendons d’abord en direction de la mer sur un large chemin pavé en traversant un véritable jardin exotique où palmiers, dragonniers, euphorbes et autres succulentes sont légion. Parmi plusieurs possibilités de détours, nous optons pour El Fortin. Cette petite forteresse servait de batterie défensive contre les attaques de pirates entre les XVe et XVIIIe siècles. Elle conserve de nos jours trois des cinq canons qui y ont été installés au début du XIXe siècle.
L’emplacement privilégié du fortin permet de balayer du regard l’ensemble de cette magnifique péninsule depuis les hauteurs du mirador San Pedro (cherchez l’antenne) à travers une vaste et belle propriété agricole jusqu’à une petite plage de sable noir à nos pieds.
Cette propriété est celle de la Casona de Los Castro, une demeure datant du XVIe siècle appartenant à la famille d’un marchand portugais Hernando de Castro. Lors de la conquête de l’île, le Portugais était au service de la couronne de Castille qui l’a récompensé par l’attribution de ces terres. Située dans une zone riche en eau, donc propice à l’agriculture, l’exploitation a été dédiée à la culture de la canne à sucre et de la vigne.
Jadis le domaine était également entouré de beaux jardins, admirés et visités par d’illustres botanistes venus de toute l’Europe aux XVIIIe et XIXe siècles.
Après ce petit crochet, nous revenons sur le chemin principal (maintenant en terre) et ne tardons pas à franchir un premier barranco sur une passerelle en bois. Sur le versant opposé la montée raide nous coupe un peu les jambes (ah, si seulement nous avions pris nos bâtons !) mais la vue sur des vergers et potagers bien garnis aide à surmonter la difficulté. Nous observons en particulier un habitant des lieux nourrissant ses animaux (paons, volailles, oies, cochons) et prenant soin de ses cultures.
Après un second barranco, nous arrivons à proximité d’un autre vestige du passé, industriel cette fois.
Il s’agit des ruines de la Gordujuela, une ancienne station de pompage hydraulique installée sur une résurgence située près de la mer qui relevait l’eau jusqu’aux terres cultivées 200 mètres plus haut. Datant de 1903, cet élévateur représentait une prouesse technique majeure. Aujourd’hui encore, le bâtiment muni de ses fenêtres cintrées a gardé une certaine allure.
D’un paysage à l’autre, après les élégants bâtiments des siècles passés, la suite du parcours nous donne un aperçu (et pas le meilleur !) du développement touristique des années 70. En effet, ici les plantations de bananes ont cédé la place il y a une cinquantaine d’années à deux ensembles résidentiels qui, malgré leurs noms de Romantica 1 et Romantica 2, ne font pas rêver. ☹
En revanche, à l’aval de ces résidences, on trouve quelques belles villas contemporaines dans lesquelles nous nous verrions bien passer des vacances. 😊
Après la Romantica 2, nous décidons de faire demi-tour (le sentier court jusqu’aux portes de Puerto de la Cruz). Il faut, en effet, garder des forces pour le retour qui s’avérera fastidieux. La succession de trois montées entrecoupées d’autant de descentes est éreintante, surtout sans bâtons de marche. ☹
Bien que très intéressante à la fois pour ses richesses naturelles et son patrimoine historique, cette randonnée (6,5 kilomètres/+ 199 m/ 2 h 15) n’avait rien d’une promenade tranquille… ou alors nous n’étions pas en forme ou mal préparés pour un tel profil. 😉
Dans ces conditions, nous sommes contents de pouvoir mettre les pieds sous la table dans le second restaurant mitoyen (ou presque) de notre Casa. Oui, mais pas tout de suite, ici comme partout en Espagne, il faut attendre 13 heures pour passer à table.
L’établissement qui porte tout simplement le nom de « Restaurante Las Aguas » sert depuis 1983 des spécialités à base de riz qu’on appelle « Arroz Caldoso », ce qui signifie « riz dans son jus de cuisson ». Ici il est agrémenté au choix de gambas, palourdes, moules, poissons ou calamars, accessoirement de poivrons et même de jambon cru. Le plat prévu pour deux personnes est cuit dans un grand poêlon en fonte. C’est en quelque sorte une paëlla, mais en plus humide. C’est une spécialité très prisée des locaux, nombreux à être venus en ce samedi midi la déguster en famille ou entre amis. Heureusement nous avions pris le soin de réserver.
Après avoir fait bombance, nous ne sommes plus bons à rien si ce n’est à passer du bon temps sur les chaises longues de la terrasse, bercés par le va-et-vient des vagues sur les rochers en contrebas. Bref, une fin d’après-midi sous le signe du farniente pour être à nouveau d’attaque demain !