J4 : Dimanche 14 mai 2023
Aujourd’hui dimanche, non seulement il n’y a pas de travaux à Tijarafe mais en plus les insulaires n’allant pas travailler, la circulation est censée être moins dense qu’en semaine, du moins tôt dans la matinée. C’est pourquoi, nous avons choisi cette journée en particulier pour visiter l’extrême sud de l’île où plusieurs points d’intérêt ont retenu mon attention : une belle randonnée à proximité d’un volcan, une balade entre un phare et des salines et pour couronner le tout, un déjeuner au restaurant « El Jardin de Sal », réputé être l’un des meilleurs établissements de l’île. Beau programme en perspective !
Départ de bonne heure (7 h 15) pour un trajet d’une cinquantaine de kilomètres. En raison des conséquences de l’éruption, le trajet nord-sud est encore difficile. Seul un passage par une piste provisoire via le ravin de Las Norias à La Laguna a été dégagé et reste encore partiellement en travaux. Heureusement aujourd’hui dimanche les travaux sont à l’arrêt mais en semaine il faut sans doute compter avec des ralentissements dans ces secteurs. Le long de la route, les coulées de lave atteignent, par endroits, plusieurs mètres d’épaisseur, avec quantité de propriétés englouties. C’est impressionnant ! Près de Jedey, nous retrouvons la LP-2, très roulante, ce qui nous fait atteindre notre destination, à savoir le centre des visiteurs du volcan San Antonio, peu après 8 h 30.
Le centre tout comme le parking sont encore fermés (ouverture à 9 heures) mais en relisant notre documentation nous réalisons que nous pouvons nous garer en amont car la randonnée que nous visons débute à l’extérieur de l’enceinte.
La randonnée retenue est dénommée « De Los Canarios au Volcan Teneguia et au Faro » dans le guide Rother qui la décrit comme « une boucle merveilleuse à travers des paysages volcaniques enchanteurs ». En l’état, cinq heures sont nécessaires pour la compléter, mais nous avons d’emblée décidé de l’amputer de la partie allant au Faro (puisque le phare est accessible en voiture) pour nous contenter d’un circuit autour du volcan Teneguia. Après notre « exploit » d’hier et quelques gonalgies résiduelles, cette petite boucle nous semble plus raisonnable ! 😉
Première impression en sortant de la voiture : un vent fou balaie les alentours refroidissant considérablement l’atmosphère malgré un franc soleil. Polaire et coupe-vent sont indispensables au départ. Heureusement, dès que nous commençons à marcher, en l’occurrence à descendre le long de la clôture de l’enceinte du centre des visiteurs, nous sommes peu à peu à l’abri des rafales. La progression se fait sur un sentier en partie en lacet sur une épaisse couche de gravillons volcaniques. Il débouche au bout d’une quinzaine de minutes sur un large camino en provenance du village de Los Quemados que l’on aperçoit à proximité.
Vue sur le village de Los Quemados, le vignoble et la côte Ouest
Un panneau nous indique que nous nous tenons devant les Llanos Negros, des terres recouvertes par les cendres du volcan San Antonio qui se trouve en amont et dont l’éruption remonte à 1677. Ces terres noires très fertiles ont permis l’implantation d’un vignoble, des cépages de Malvoisie en particulier.
Tout en suivant la piste vers l’est, nous entrons à présent dans la réserve naturelle du Teneguia. Un peu plus loin, un chemin jalonné de deux rangées de pierres nous invite à nous approcher du Roque Teneguia. Changement radical d’ambiance et de paysage. Finie la verdure, place aux roches torturées et au sable volcanique où seuls quelque buissons rabougris ont trouvé matière à se développer. C’est brut de décoffrage mais tellement beau !
Dans la distance apparaît déjà le cône du volcan Teneguia. Jusqu’en 2021, c’était le plus jeune volcan de La Palma, son éruption datant de 1971. Mais intéressons-nous d’abord au Roque Teneguia que l’on observe encore mieux après l’avoir dépassé. Nous remarquons notamment sa couleur, sa composition géologique inhabituelle et la forme tourmentée de sa cheminée volcanique. Le rocher a également une importance archéologique, car il abrite des gravures rupestres au pied de son versant sud. L’accès est néanmoins interdit de ce côté-là.
Roque Teneguia
Plus loin, le sentier rejoint un canal d’irrigation recouvert de dalles de béton. Nous le suivons un moment avant de le quitter au niveau d’un réservoir d’eau, presque au pied du volcan Teneguia. Comme la montée au sommet exige un pied sûr et qu’en cas de fort vent elle peut s’avérer périlleuse, nous préférons nous abstenir, nous contentant d’admirer la montagne de loin.
Vous noterez la forme en fer à cheval de son cône volcanique, culminant à 439 mètres d’altitude et ouvert sur 90 mètres vers le sud. Les coulées de lave après l’éruption de 1971 ont permis à l’île de gagner en superficie, ces terres supplémentaires sont aujourd’hui occupées par des bananeraies. La lave a également épargné le phare et les salines tout au sud.
Volcan Teneguia
Nous avons à présent atteint le point le plus bas de notre itinéraire puisque nous ne souhaitons pas aller jusqu’au phare. Alors il est temps d’envisager la remontée vers le centre des visiteurs. Allez, il faut monter tout là-haut, au niveau de l’antenne.
Cherchez l’antenne au sommet de la colline !
Nous commençons par grimper doucement à flanc de coteau tout en observant la particularité de ce vignoble où les plants de vigne poussent presque à plat, abrités derrière de petits murets de lave.
Après avoir dépassé les parcelles en question, l’ascension se fait de plus en plus raide, il faut redoubler d’effort. Alors, profitons-en pour faire une pause et nous retourner sur un panorama incomparable. La vue s’étend du vignoble vers différents monticules volcaniques jusqu’au complexe éolien en bord de mer ainsi qu’aux salines qu’on devine tout au sud.
Cherchez les éoliennes !
Ce spectacle nous booste alors qu’à l’approche du sommet il nous faut à nouveau affronter le vent. La poussière me cingle le visage, j’avance, mon chapeau rabattu devant les yeux.😉
C’est dans ces conditions que nous retrouvons la voiture au bout de 6,1 kilomètres parcourus en 2 h 20 avec un dénivelé de 370 mètres. Une très belle randonnée entre vignes et volcans qui nous a donné un premier aperçu de la jeune histoire volcanique de l’île. Nous complèterons nos connaissances demain avec le dernier-né des volcans.
Pour l’heure, nous nous dirigeons vers la pointe Sud dans le but de déjeuner mais pas seulement. C’est aussi l’occasion de sillonner un peu le coin. Le vent est toujours de la partie. La mer est démontée du côté des plages et les éoliennes tournent à plein régime.
Phare et salines du sud de l'île
Salines de Fuencaliente
Playa de Las Cabras
A 13 heures, nous pouvons passer à table au restaurant « El Jardin del Sal » que nous avons pris soin de réserver la veille (heureusement, car il était complet). La carte est alléchante, le service prévoyant et professionnel. Nous nous laissons séduire par les choix suivants…
En entrée : Ceviche de Cherne con Leche de Tigre de Fruta de Pasión. Pour info, Cherne est un poisson local de type mérou. Quant au lait de tigre, il n’a rien de lacté ni de félidé. 😉Il s’agit d’une marinade à base de fumet de poisson, d’herbes et d’aromates utilisée classiquement dans les recettes de ceviches.
En plat : Bacalao Confitado con Velouté de Marisco, Tierra de Aceitunas Negras y Brotes de Chile, ce qui ressemble à ça…
Bacalao Confitado con Velouté de Marisco, Tierra de Aceitunas Negras y Brotes de Chile
En dessert : Tarta de Chocolate con Helado de Almendras y Salsa Caliente de Chocolate Blanco + Tarta de Manzana con Mousse de Chocolate Blanco y Parchita.
Bref, nous nous sommes régalés et aussi amusés et même instruits avec le nom des plats. 😉
Pour couronner le tout, une bonne bouteille de Moscatel nous laisse un peu joyeux à la sortie !
Après un déjeuner pareil, il vaut mieux ne pas avoir prévu grand-chose. Ça tombe bien, je n’ai rien prévu d’autre, sinon de rentrer à la villa et d’en profiter +++.
Vue sur les volcans Teneguia et San Antonio depuis la route du phare