Au sommet du Teide, en téléphérique puis à pied

J12 : Lundi 22 mai 2023


Nouvelle journée dans le parc national du Teide où nous avons un rendez-vous très attendu à 14 h 30 pour monter au sommet du Pico del Teide (3718 mètres). L’ascension se fait d’abord en téléphérique puis se poursuit à pied. Il faut néanmoins avoir organisé tout cela bien à l’avance (réservation du téléphérique auprès de la société Volcano Teide et autorisation -gratuite- pour continuer à pied à demander par Internet auprès du parc national).

En 2019, nous avions choisi le premier créneau de téléphérique à 9 heures du matin, il avait été annulé au dernier moment pour cause de vent fort au sommet. Cette fois, nous avons préféré un horaire en milieu d’après-midi en espérant avoir plus de chance avec la météo. Cependant, même avec cet horaire plus tardif, nous préférons nous rendre dans le parc dès le début de matinée afin de nous acclimater.

Ce matin il fait très beau sur la côte (déjà 20 degrés) mais en prenant de la hauteur nous nous enfonçons dans une première couche nuageuse dont nous ne tardons pas à sortir autour des 2000 mètres d’altitude avant de replonger dans une seconde strate (aïe !) qui nous accompagnera jusqu’au cœur du parc national.

Nous entrons comme souvent dans le parc à El Portillo avant de longer l’immense caldera des Cañadas del Teide. Notre objectif est de rallier le pied des Roques de Garcia pour une première petite balade, même si nous l’avons déjà faite en 2019, car quand on aime… 😉

En descendant de la voiture au mirador Minas San José, la température de seulement 4 degrés nous saisit alors que les nuages continuent à envelopper les reliefs autour de cette vaste plaine aux reflets dorés d’où l’on extrayait jadis la pierre ponce.

Depuis le mirador Minas San Jose

Une vingtaine de kilomètres plus loin, au niveau des Roques de Garcia, le mercure est déjà remonté de quatre petits degrés supplémentaires. Nous nous habillons néanmoins chaudement, prêts à nous élancer sur le sentier n°3 autour des Roques. Quelle déception en constatant que l’itinéraire est fermé pour cause de travaux. Seul le belvédère est accessible, d’où il reste néanmoins la possibilité de profiter de vues imprenables sur les fameux rochers et sur la plaine qui les entoure. Même si ce n’est pas notre première fois, nous nous émerveillons toujours autant devant ces paysages grandioses aux couleurs et formes étonnantes !

La Catedral (à 2144 mètres d'altitude)

Vue sur la plaine d'Ucanca

Parmi les Roques de Garcia... le Roque Cinchado

Los Roques de Garcia

A la recherche d’un nouveau parcours que nous pourrions faire à la place du précédent, je me tourne vers un panneau d’information et là… nouvelle déconvenue ☹. En effet, j’y apprends que la majorité des sentiers du parc sont fermés aujourd’hui comme tous les lundi, mercredi et vendredi du 5 mai au 2 juin pour régulation de la population de mouflons. J’avais déjà eu écho de ces campagnes de chasse ayant lieu deux fois par an dont une à l’automne, mais je n’avais pas réalisé qu’une autre avait lieu au printemps.

Concernant les mouflons, ils ont été introduits dans la région dans les années 70 pour la chasse. Ces herbivores n’ont pas de prédateurs naturels et constituent par conséquent une menace pour les nombreuses plantes endémiques du parc, ce qui explique la nécessité de les réguler.

Pour nous tirer d’affaire, nous faisons appel à une ranger présente sur place. Elle nous propose les quelques alternatives possibles. En dehors des sentiers 10 et 11 au sommet du téléphérique, dans la « plaine » il n’y a que trois possibilités parmi lesquelles nous optons pour le sentier 18 dont le point de départ se situe sur la route TF-21 à côté du mirador et du musée ethnographique Juan Evora.

C’est parti vers cette destination après une dernière vue en cours de route sur cette magnifique plaine d’Ucanca et ses prestigieuses formations rocheuses. Vous aurez sans doute remarqué la bande nuageuse persistante qui nous prive, pour le moment, de la vue sur le Teide.

Vue sur les Roques de Garcia depuis le mirador Llano de Ucanca

Les reliefs s’ennuagent encore davantage et c’est sous un petit crachin intermittent que nous commençons notre petite randonnée de fin de matinée. Le sentier 18 intitulé « Chavao » dans la documentation du parc national est un parcours linéaire de 3.6 kilomètres entre le mirador Juan Evora et celui des Narices del Teide. Il se présente sous la forme d’une accolade que nous prévoyons de parcourir en partie seulement.

Sentier n°18 (Chavao) : en trait noir plein, le parcours que nous avons effectué en aller-retour. 

La suite est en pointillés noirs.

Peu de dénivelé pour cet itinéraire bordé d’un côté par une muraille de formations rocheuses remarquables aux allures de pénitents au pied desquels nous observerons aussi quelques variétés de plantes endémiques.

Vélars en balais et vipérines 

Vélar en balais = Erysimum scoparium (endémique)

De l’autre côté, un immense champ de lave dont la traversée à un moment donné sera un peu malaisée mais qui nous donnera à voir des spécimens de laves cordées.

Lave cordée et squelette de vipérine

Au bout de 2.2 kilomètres, nous faisons demi-tour pour revenir au parking avant de nous diriger vers le Parador Nacional, l’hôtel historique du parc qui abrite aussi une cafétéria où nous avons prévu de déjeuner.

En attendant notre rendez-vous de l’après-midi, le centre des visiteurs Cañada Blanca mitoyen tombe à point pour une petite parenthèse instructive tout en nous offrant un excellent prétexte pour rester au chaud (car il ne fait pas bien chaud dehors).

Vers 13 h 30, nous commençons à nous rapprocher de la base du téléphérique sans oublier de nous couvrir en conséquence. Bonne nouvelle, l’horaire de 14 h 30 correspond à l’arrivée à la gare supérieure, ce qui signifie que nous pouvons nous présenter dès 14 h 10 à la station inférieure pour un embarquement à 14 h 20. En moins de dix minutes nous passons de 2356 mètres à 3555 mètres d’altitude. Waouh ! ça décoiffe !

Bien que notre créneau réservé pour la montée à pied coure de 15 heures à 17 heures, nous pouvons accéder immédiatement, après avoir montré patte blanche à la cahute dédiée. Il reste à ce stade une distance de 614 mètres à parcourir et un dénivelé de 163 mètres à surmonter. 

A priori ce n’est pas la mer à boire, mais pour rappel nous nous trouvons à plus de 3500 mètres. En ce qui me concerne je garde un assez mauvais souvenir de certaines montées en altitude, notamment à l’Aiguille du Midi et en Bolivie. Je suis par conséquent vigilante au moindre signe, mais pour l’heure tout va bien alors que nous commençons à gravir les premières marches d’une pente qui sera de plus en plus escarpée. Il est 14 h 35.

Cherchez les randonneurs qui nous précédent !

Le souffle est court et l’effort intense mais petit à petit, d’un étage à l’autre, nous nous rapprochons du sommet, surmontant un à un les différents obstacles. Au-dessus de nous, des taches jaunâtres dans la pente annoncent des dépôts de soufre dont l’odeur d’œuf pourri viendra bientôt agresser nos narines, portée par un vent qui forcit de plus en plus.

Cherchez les deux petits panneaux solaires dans la pente (près des taches jaunes)

C’est aussi le moment de faire une courte pause afin de profiter du panorama incomparable sur les alentours. Ici on aperçoit le belvédère de la Fortaleza, un autre parcours accessible (sans autorisation) depuis la gare supérieure du téléphérique.

Cherchez le mirador de la Fortaleza !

15 h 10, ça y est, Hervé arrive en éclaireur au sommet. Comme nous le craignions, la mer de nuages remonte très haut en altitude et réduit un peu la vue.

Quelques minutes plus tard, je le rejoins et nous en profitons pour immortaliser l’instant.

C'est qui les rois du monde ?

Après avoir transmis cette photo à nos enfants, notre fille nous rétorque : « Tout ça pour aller voir des nuages ? ». Quelle rabat-joie ! Ce n’est quand même pas tous les jours qu’on peut s’enorgueillir d’avoir atteint le toit de l’Espagne ! 😊Notons aussi que nous avons réalisé l’exploit dans le temps imparti, à savoir 40 minutes comme prévu par la documentation du parc ! Nous n’avons donc pas à rougir !

Il ne reste plus qu’à redescendre à pied puis en téléphérique tout en contemplant au passage des vues à présent plus dégagées sur la caldera qui reste néanmoins toujours ourlée de son indéfectible écharpe nuageuse. Au milieu de cette immense cuvette, notre regard s’arrête tout particulièrement sur les Roques de Garcia qui dressent leur profil hérissé au centre de cette immense cuvette tel un dragon dominant son royaume.

Cherchez les Roques de Garcia !

Vue sur les Cañadas del Teide depuis l’intérieur de la télécabine

Nous achevons notre expédition au bar du téléphérique. C’est l’occasion de faire le bilan de cette journée que les différents imprévus n’ont pas réussi à gâcher et qui se termine par un dernier coup d’œil aux prestigieux Roques de Garcia à travers la baie vitrée du bar. 

Adiós… El Teide !

Vue sur les Roques de Garcia à travers les baies vitrées du bar