J1 : Dimanche 1er juin 2025
L’aéroport de Madère fait partie des aéroports les plus « dangereux » du monde en raison de sa situation géographique entre montagnes et océan, d’une part, et de conditions climatiques propices aux rafales de vent, d’autre part. Les pilotes doivent avoir suivi un entraînement spécifique afin de pouvoir poser leur appareil en toute sécurité sur ces pistes construites partiellement sur la mer et reposant sur 180 piliers en béton armé. Quelques semaines après notre voyage, un vol Easyjet en provenance de Lyon n’avait pas pu atterrir et ses passagers avaient été obligés de passer une nuit dans l’aérogare de Faro au Portugal. Ouf, aujourd’hui tout se passe bien, le pilote mérite les applaudissements ! 👏
Au sol, la température annoncée est de 20 degrés à 10 heures du matin, cool ! La suite se déroule comme sur des roulettes, ou presque : pas de contrôle (merci Schengen), livraison rapide des bagages et passage immédiat au comptoir du loueur. Là nous nous attardons davantage, captivés par le discours bien rodé de l’employée qui nous vante les mérites d’un modèle de voiture plus puissant (pentes +++) équipé en sus d’un GPS intégré, pour un surcoût modéré. Ce ne sera pas notre meilleure décision mais nous nous laissons convaincre et partons à bord d’une berline Mercedes Classe A, sur le GPS de laquelle nous programmons immédiatement la destination de Machico.
Comme notre hébergement sur la côte Nord n’est pas disponible avant le milieu de l’après-midi, nous bénéficions de quelques heures pour commencer à découvrir la région et en premier lieu le front de mer de Machico où j’avais aussi repéré un restaurant pour le déjeuner. En moins de cinq minutes, nous y sommes.
Il est 11 heures, nous réservons une table pour midi. En attendant, nous allons nous promener dans le charmant centre-ville où règne une douce animation aux abords des terrasses de la Praceta 25 de Abril adossée à une forteresse pluricentenaire et ombragée par de solides platanes.
Après avoir longé la plage de galets de São Roque entre deux rangées de palmiers, nous partons en direction du port de plaisance en nous attardant sur l’une des rares plages de sable blond de l’île. Artificielle, la Praia da Banda Além a été créée grâce à l’apport de sable marocain, faisant ainsi la renommée de Machico.
Front de mer de Machico
Plage de sable blond de Machico
En poussant jusqu’au bout de la jetée bordant la marina, nous bénéficions d’une belle vue d’ensemble, à la fois sur tout le bord de mer de Machico ainsi que sur les premiers reliefs montagneux du centre de l’île. A l’ouest, nous distinguons le profil longiligne de la pointe Saint-Laurent (Ponta de São Lourenço) que nous explorerons dans quelques jours.
Vue sur Machico
Vue sur la pointe Saint-Laurent
Il y a un peu de vent mais il fait très bon, on se régale ! Nous nous régalons également au restaurant Maré Alta où nous commandons une spécialité locale, un filet de sabre nappé d’un coulis de fruits de la passion, accompagné d’une banane rôtie et servi avec de la patate douce. Nous déclinons le dessert pour le moment mais c’est pour laisser plus de place pour… une glace chez le glacier voisin.
C’est donc le ventre bien bombé que nous poursuivons notre route vers la côte Nord tout en expérimentant les premiers tunnels routiers, très nombreux dans cette île si montagneuse, grâce auxquels on gagne énormément de temps.
Santana est notre destination suivante. Nous avons prévu d’y faire des courses au supermarché Continente avant de rejoindre notre lieu d’hébergement, mais il n’est que 14 heures, nous avons largement le temps de faire un petit détour.
Je suggère alors d’aller jeter un coup d’œil à Rocha do Navio, à trois minutes de l’entrée de la petite ville. Il s’agit d’un énorme rocher à moitié immergé en bord de mer entre Santana et la pointe Clérigo, au pied d’une falaise abrupte, à l’extrémité d’une plage de galets noirs bordée de quelques champs cultivés, de vignes et de bananiers. Son nom fait aussi allusion à celui d’un navire hollandais parti pour Haïti qui s’est brisé là en 1860.
L’endroit est desservi par un petit téléphérique de quatre places mais aujourd’hui nous y sommes venus juste pour la vue… incomparable sur ces paysages côtiers impressionnants.
Cherchez la cabine du téléphérique !
Dans le temps on pouvait également y descendre à pied le long d’un sentier aujourd’hui beaucoup trop érodé et fermé. En revanche, au fond du petit parking, je remarque une étroite sente longeant le bord de la falaise vers le nord. Nous la suivons sur une centaine de mètres, histoire de prendre conscience de la végétation exubérante de cette région.
Chèvrefeuille du Cap
Agapanthe
Après ce crochet, nous revenons à présent à l’entrée de Santana pour quelques emplettes. Nous ne faisons qu’un ravitaillement minimal (nous achèterons le reste demain) car il y a quelques jours, à travers la vidéo de présentation détaillée de notre hébergement, nous avons réalisé qu’il n’y avait pas de place de stationnement directement à son pied. Il y a bien des places de parking sur le bord de la route ER101 mais elles sont réservées aux clients du bar-restaurant voisin. Nous devons par conséquent nous garer à près de 200 mètres sur le bord de cette route ER101, à cheval sur l’accotement et sur la chaussée. Cela ne nous inspire pas vraiment confiance mais nous nous rendrons compte que c’est une pratique courante ici.
Depuis la route, il y a encore 200 mètres supplémentaires à parcourir jusqu’au pied de notre appartement. Avec une valise à roulettes de 20 kilos, un sac de courses et deux sacs à dos, il vaut mieux ne pas être chargé davantage.
En effet, c’est le prix à payer pour être au calme, en pleine nature, sur le passage d’un sentier de randonnée, avec comme seul vis-à-vis l’océan à perte de vue et comme seuls voisins (en dehors du restaurant) les versants arborés de la montagne côtière.
La vue depuis la terrasse du restaurant donne un bel aperçu des lieux. Nous occupons l’appartement du milieu (sur les trois que compte l’immeuble), un grand studio confortable, lumineux et très fonctionnel bénéficiant d’une magnifique terrasse dominant la mer.
Notre appartement se trouve au niveau intermédiaire
On peut aussi se faire une bonne idée de notre lieu d’hébergement depuis le fameux sentier de randonnée passant devant notre porte, sur lequel nous nous engageons en cette fin d’après-midi.
Cherchez notre immeuble !
Il s’agit du Caminho da Entrosa, un « Caminho Real » ou « chemin royal », une désignation donnée aux principales routes terrestres construites avant l’établissement de la République, donc avant 1910, dont la construction a été lancée par des gouverneurs ou des personnalités de haut rang comme alternatives aux liaisons maritimes.
Celui-ci relie Arco de São Jorge à São Cristãvoa. Entièrement pavé, il a été taillé en partie dans la falaise de la montagne côtière et témoigne des exploits des anciens à construire des voies sur une île aussi accidentée. Le parcours aller-retour fait plus de 4 kilomètres avec 250 mètres de dénivelé. Nous n’en prévoyons qu’une petite partie.
Même si le ciel est partiellement nuageux, la température est idéale pour marcher et l’impression de beau temps prédomine.
Nous arrivons d’abord à un belvédère sécurisé (Miradouro da Enseada da Baixo) où le regard plonge le long de pentes abruptes abondamment fleuries pour découvrir quelques îlots rocheux surgissant d’une mer mugissante.
Encore un petit effort pour nous hisser jusqu’au point culminant du sentier afin d’apercevoir le but final du parcours, la petite localité de São Cristãvoa et son restaurant du même nom. A l’arrière-plan, nous découvrons toute la côte nord jusqu’à l’extrémité ouest de Madère.
On devine aussi la suite du parcours, une descente très raide vers la vallée fluviale de Ribeira do Porco suivie d’une nouvelle remontée pour atteindre le terminus. Des efforts que nous ne sommes pas prêts à consentir aujourd’hui. C’est pourquoi nous faisons demi-tour à cet endroit.
Cherchez le restaurant, reconnaissable à son parking bien rempli !
Le chemin du retour nous réserve encore quelques belles surprises. D’abord trois variétés de plantes : Giroflée (Matthiola maderensis), Aeonium glandulosum et Vipérine (Echium candidans), toutes les trois endémiques de Madère.
Giroflée de Madère = Matthiola maderensis
Aeonium glandulosum
Vipérine de Madère = Echium candidans
Enfin, la balade se termine par la rencontre avec un lézard, Teira dugesii, endémique lui aussi de l’archipel de Madère.
Après cette première journée déjà bien remplie (et levés depuis 3 h 30 ce matin !) nous aspirons à du repos pour le restant de la soirée. A l’heure où le soleil se couche (21 h 15), nous rejoignons les bras de Morphée.