J10 : Mardi 10 juin 2025
Cette page aurait dû s’intituler « Vers le Pico Ruivo do Paul ». En effet, au cours des derniers jours, nous avons souvent aperçu le champ d’éoliennes qui coiffent le plateau Paul da Serra au-dessus du col d’Encumeada. Pour notre dernière journée pleine à Madère, nous voulons découvrir ce plateau culminant entre 1400 et 1600 mètres d’altitude, souvent couvert de nuages. Pour info, « Paul » n’a rien à voir avec le prénom masculin mais signifie « marécage » en portugais. On y trouve des étendues de mousse et de fougères à perte de vue qui servent de pâturages aux vaches, des petits lacs, des rivières de montagne et bien sûr, des levadas qui acheminent l’eau si précieuse vers les terres cultivées du littoral. La levada la plus connue et la plus courue du plateau est celle de Rabaçal (25 Fontes), mais en raison de sa fréquentation et du fait que nous n’aimons pas randonner dans les levadas, nous avons fait un choix différent et opté pour le « mont panoramique le plus haut de Paul da Serra », le Pico Ruivo do Paul, 1640 mètres d’altitude.
Oui mais ça, c’était le projet sur le papier.🤨 Dans la réalité, il fait gris sur la côte, très gris sur le trajet et les conditions ne s’améliorent pas là-haut. Pire encore, le plateau est plongé dans d’épais nuages, avec une température de 10,5 degrés seulement, un crachin digne du mois de novembre en Bretagne et une visibilité très limitée. Le guide Rother conseille de ne faire cette randonnée que par temps clair, nous préférons renoncer. Ok, mais alors on fait quoi ? 🤔
Je propose de retourner sur la côte où il pourrait faire un peu meilleur. J’ai même une idée bien précise : Ponta do Pargo à l’extrémité sud-ouest de l’île. Ça fait une petite trotte, une trentaine de kilomètres pour un peu plus d’une trentaine de minutes de trajet. En cours de route, nous passons devant le parking de Rabaçal (randonnée des 25 Fontes), lui aussi soumis au brouillard et à la pluie, mais néanmoins bondé. Ici les conditions météo déplorables n'ont l’air de rebuter personne 😉.
En prenant la direction du sud et en passant sous la couche nuageuse, il fait à présent un peu plus clair même si ça n’est pas le grand beau temps. Le guide Rother indique comme top « la boucle de Ponta do Pargo », une « boucle paisible » entre campagne et littoral. C’est l’occasion ou jamais de découvrir cette région rurale à l’écart des circuits touristiques.
Oui, mais avant de nous lancer dans ce parcours de près de 4 heures, allons d’abord jusqu’au phare, cela nous laissera le temps de voir si les conditions météo s’améliorent vraiment. Construit en 1922 et perché à plus de 300 mètres de haut sur une falaise abrupte, il permet de superbes coups d’œil sur la côte escarpée et c’est depuis son pied qu’on a les plus belles vues. Nous confirmons !
Nous confirmons aussi que la couleur du ciel n’indique rien de bon. A peine avons-nous rejoint le centre du village qu’il se met à pleuvoir des cordes. Dans ce cas, la boucle de Ponta do Pargo tombe… à l’eau ! 🙁
Il faut changer notre fusil d’épaule une nouvelle fois. Après avoir hésité à nous promener dans l’une des petites localités du littoral sud-ouest, nous préférons ne plus prendre de risque et décidons de rentrer tout simplement à Ribeira Brava où il fait (presque) beau et où il n’a pas plu ! Dire qu’on a fait près de 90 kilomètres dans la matinée !
Comme on n’est jamais mieux que chez soi, nous en profitons pour nous reposer sur la terrasse de la villa sous un ciel de plus en plus dégagé. En début d’après-midi, nous sommes à nouveau prêts à nous risquer à l’extérieur. 😉
Après avoir évoqué un instant la possibilité de retourner sur le plateau, nous préférons de pas prendre de risque (encore des nuages accrochés à la montagne) et optons pour une petite balade plus proche de la villa. C’est un parcours de levada, oui mais… panoramique, comme le précise le guide Rother. L’itinéraire intitulé « De Boa Morte le long de la levada do Norte » est classé noir si on l’effectue dans son intégralité. Nous nous contenterons des premiers kilomètres jusqu’à Eira do Mourão où il n’y a ni tunnel, ni passage vertigineux, ni sentier étroit. Bref, aucun irritant !
Il nous faut à peine cinq minutes en voiture (3 kilomètres) pour rejoindre le point de départ à Boa Morte (alt. 530 mètres).
Nous remontons à contre-courant la levada do Norte très fleurie avant de plonger dans une forêt mixte d’eucalyptus, d’acacias et de pins.
Fleurs et...
... fruits de l'acacia
Les observations botaniques s’enchaînent…
Acanthe à feuilles molles
Valérianes blanches et rouges
La levada s’oriente ensuite vers l’est en pénétrant dans la vallée de la Ribeira Funda où un pont enjambe des gorges profondément encaissées.
Le canal continue à serpenter sur le versant opposé où nous observons, au passage, quelques vieilles maisons madéroises, dont certaines seulement sont habitées, entourées de jardinets coquets.
Au bout de trois quarts d’heure, nous approchons du hameau d’Eira do Mourão perché sur un éperon rocheux loin au-dessus de la vallée de Ribeira Brava et pourtant pas si éloigné de la mer.
La partie facile se termine ici. Après, la levada très exposée s’étire vers le nord le long d’une paroi abrupte. Vertige garanti ! 😨
Avant de rebrousser chemin, nous souhaitons néanmoins nous approcher davantage du hameau pour de meilleures vues. Pour cela, il faut descendre une rue en pente raide (et surtout la remonter après !).
Mais ça vaut vraiment le coup ! Quelles vues magnifiques sur la vallée de la Ribeira Brava ! 😍
En levant les yeux vers les montagnes, nous constatons que les nuages sont encore largement présents sur les crêtes. Nous avons par conséquent bien fait de ne pas nous aventurer une seconde fois en montagne cet après-midi.
Cette petite balade de levada nous a parfaitement convenu. Ce n’est bien sûr pas la plus réputée mais, pour nous, elle avait l’avantage de se trouver non loin de notre hébergement. En outre pas de difficulté sur le parcours. Beaucoup de fleurs en revanche et de beaux panoramas en prime ! En tout, nous avons mis deux heures pour parcourir tranquillement les 8 kilomètres aller-retour. 🙂
Capucines
Brugmansia
Fuchsia
Sur le chemin du retour, nous tombons sur ces deux lézards en train de s’accoupler !
La soirée est… ensoleillée avec 26 degrés au thermomètre. La journée a donc mieux fini qu’elle n’avait commencé !