J2 : Lundi 2 juin 2025
Nous attaquons cette matinée avec un incontournable, le Pico Ruivo (1862 m), point culminant de Madère, que l’on peut atteindre au terme d’une randonnée classée à la fois facile et top par le guide Rother. C’est aussi l’un des parcours les plus fréquentés de l’île alors il vaut mieux y être de bonne heure. Depuis notre lieu d’hébergement, il faut une trentaine de minutes pour rejoindre le parking d’Achada do Teixeira (alt. 1592 mètres).
Le ciel est un peu nuageux sur la côte mais, plus la route grimpe vers les hauteurs, plus nous nous enfonçons dans les nuages. Nous commençons à avoir de sérieux doutes sur la possibilité de randonner là-haut, d’autant que nous croisons quelques véhicules qui en reviennent (déjà ?). En effet, le parking est plongé dans les nuages et, surprise, il est loin d’être vide. Manifestement beaucoup de gens ont déjà terminé leur randonnée, ils sont montés pour le lever de soleil. J’en profite pour interroger trois jeunes Français sur les conditions de visibilité sur le parcours. Photos à l’appui, ils m’affirment qu’il fait très beau au-dessus des nuages. Super nouvelle !
Il ne fait que 12 degrés. Nous nous habillons en conséquence et partons à l’assaut de la montagne peu après 8 heures. Une dizaine de minutes plus tard, l’ambiance est déjà bien différente. Le ciel se dégage. Les nuages lèvent progressivement leur voile sur un décor montagneux spectaculaire où l’on distingue clairement la boule du radar coiffant le sommet du Pico do Arieiro (1818 m), deuxième plus haut sommet de l’île.
Cherchez la boule du radar au sommet du Pico Arieiro !
La montée est agréable, sur un sentier intégralement pavé, large et confortable, qui s’étire sur une longue croupe couverte de lande, auxquels buissons d’ajoncs et marguerites arbustives apportent une touche de couleur.
L’atmosphère est maintenant limpide (du moins en direction du sud) et la visibilité optimale sur les sommets. Nous adorons ces paysages qui nous rappellent un peu les Canaries. 😋
La mer de nuages fait de la résistance au nord, laissant planer un peu de mystère sur ces crêtes à l’aspect velouté, mais entravant malheureusement la vue sur la côte nord.
A deux reprises, des abris en pierre permettent au randonneur de reprendre son souffle (au propre comme au figuré) tout en profitant de beaux points de vue.
Peu après le deuxième abri, le Pico Ruivo se dévoile. En regardant attentivement, on peut distinguer sa colonne sommitale (petit point blanc sur la photo).
Cherchez la borne sommitale du Pico Ruivo (petit point blanc) !
Un peu plus loin nous atteignons le refuge de montagne du Pico Ruivo, construit en 1939. Sa cafétéria est encore fermée à cette heure mais elle sera ouverte quand nous descendrons. Altitude 1775 mètres.
A partir de là, la montée s’accentue avec des séries de marches placées à intervalle régulier. Enfin, après un dernier escalier à gravir, nos efforts sont récompensés. Nous atteignons le toit de l’île (alt. 1862 m) un peu avant 9 h 30.
Un panorama exceptionnel sur toute l’île (ou presque) s’ouvre alors à nos pieds. Waouh !
Vue sur la vallée des Nonnes, le Pico Grande (« téton » en face) et le plateau Paul da Serra (cherchez les éoliennes). On aura l’occasion d’évoquer tous ces lieux dans quelques jours.
Vue sur le Pico do Arieiro (boule du radar)
Vue sur le sentier que nous venons d’emprunter, en partie englouti par la mer de nuages.
En redescendant, nous trouvons le refuge à présent ouvert. C’est l’occasion de nous offrir un café et une part de gâteau bien réconfortants complétés par nos propres provisions.
Bien requinqués, nous poursuivons la descente tout en croisant une foule de randonneurs toujours plus importante. Il n’est pas sûr qu’ils puissent bénéficier de la même qualité de vues au sommet car petit à petit, les nuages commencent à nouveau à gagner les hauteurs et à cacher les cimes. Moralité : il faut partir tôt !
En arrivant au parking (11 heures), celui-ci est effectivement complètement ennuagé mais aussi complètement embouteillé au point que certains sont obligés de se garer le long de la route à plus de 200 mètres. Alors en quittant notre place de stationnement, nous faisons des heureux !
Fin d’une magnifique randonnée de 5,5 kilomètres avec un dénivelé de 270 mètres que nous avons effectuée en 3 heures pauses comprises. En réalité, nous avons mis près d’une heure et demie pour monter et une petite heure pour descendre.
Le déjeuner est prévu dans notre appartement mais pas sans avoir fait un approvisionnement plus conséquent en cours de route au supermarché de Santana. L’après-midi est dédié à une escapade sur la côte nord mais pas avant un repos postprandial.
14 h 30, c’est l’heure de mettre les voiles ou plutôt d’embarquer à bord de notre bolide afin d’explorer deux localités côtières situées à l’ouest de notre port d’attache : Ponta Delgada et São Vicente.
Ponta Delgada ne présente pas un intérêt majeur. Une courte halte au bord de mer nous permet néanmoins de réaliser que notre lieu d’hébergement se trouve non loin, au niveau de la deuxième avancée rocheuse, à seulement deux kilomètres à vol d’oiseau alors que par la route il a fallu parcourir près de dix kilomètres. Les îlots rocheux vus hier depuis le Caminho da Entrosa sont parfaitement reconnaissables.
Pour la suite, plutôt que d’emprunter la route rapide VE1 et ses tunnels, nous préférons prendre la route buissonnière. Cette voie « antique » contourne toutes les pointes rocheuses au plus près de la mer entre Ponta Delgada et São Vicente, rasant les hautes falaises au pied desquelles fougères et agapanthes ont trouvé un terrain idéal pour s’épanouir. Les arrêts s’enchaînent pour profiter des panoramas.
La petite ville de São Vicente comporte deux parties : le vieux village en retrait de la mer et, 500 mètres plus bas, le front de mer manquant cruellement de charme et par ailleurs en travaux. En revanche, sa plage de galets est l’une des préférées des surfeurs. C’est à partir de là que nous empruntons à pied la « Promenade da Fajã da Areia ». Cette allée entièrement pavée suit l’océan jusqu’au club nautique, sur un peu plus de 600 mètres. A notre grande surprise, nous sommes les seuls à arpenter ce passage, ce qui n’est pas sans nous déplaire. Quel calme !
On aurait aussi pu appeler ce parcours « Allée des Dragonniers » tant ces spécimens ont été plantés en nombre ici.
A l’issue de cette agréable balade, nous reprenons la route vers Arco de São Jorge. Dans le centre du village de Boaventura, nous suivons au hasard un panneau indiquant « Miradouro » sans savoir qu’il allait nous amener au restaurant de São Cristovão, celui que nous avions observé hier depuis les hauteurs du Caminho da Entrosa.
Après le côté recto, nous contemplons aujourd’hui le verso tout en sirotant un verre sur la terrasse en surplomb de la mer. Une belle façon de clore la journée ! 🙂
Une journée qui se termine vraiment à l’heure du coucher de soleil au moment où l’astre du jour pâlit, pris au piège d’une bande brumeuse à l’horizon.
On dirait Jupiter, mais c'est bien le soleil !