J4 : Mercredi 4 juin 2025
Après une randonnée de levada hier, nous aspirons à trouver aujourd’hui un environnement plus dégagé. Pour cela, la pointe nord-est de l’île est particulièrement adaptée. En effet, la presqu’île de São Lourenço, tel un doigt tendu loin dans la mer, se démarque du reste de l’île verdoyant et fleuri en présentant un paysage minéral recouvert d’une végétation rase totalement desséchée en été. L’endroit très fréquenté fait partie des immanquables de Madère, il est donc indispensable d’y d’arriver tôt.
Quand nous arrivons sur place peu avant 8 heures, force est de constater que nous ne sommes pas les premiers. Certains sans doute partis pour le lever du soleil en reviennent déjà. Néanmoins ce n’est pas encore la foule mais cela risque de ne pas durer.
J’ai porté quotidiennement notre sac à dos depuis le début du séjour afin de soulager Hervé qui avait souffert du dos avant nos vacances. Bilan : ce matin, c’est moi qui aie très mal au dos, au point de ne pas être sûre de pouvoir boucler la randonnée. On verra bien ! Pour le moment, nous profitons de l’affluence encore modérée pour nous mettre rapidement en route. Hervé se charge bien entendu du sac. 😉
Pour commencer, nous empruntons un chemin vallonné, assez large et parfaitement délimité, d’abord pavé puis revêtu de madriers. Nous sommes immédiatement dans l’ambiance, conquis par ces paysages semi-arides dont le nuancier passe des teintes miel à des couleurs brun ocre, à peine rehaussées d’un soupçon de vert.
En promenant le regard sur cette presqu’île d’origine volcanique, nous parvenons dès à présent à visualiser notre objectif. Au loin, nous distinguons en effet un rocher percé surmonté par le sommet imposant du Morro do Furado (= colline percée) au pied duquel on devine la petite palmeraie entourant la Casa do Sardinha (auberge). A l’horizon se dressent les contours des îles Desertas qui, comme leur nom l’indique, sont inhabitées mais constituent une importante réserve naturelle, marine et terrestre.
Cherchez la colline percée et les îles Desertas !
Après avoir contourné la baie, nous arrivons à proximité d’un carrefour. Un court écart à gauche permet d’être aux premières loges pour observer les formes saillantes des reliefs et des récifs côtiers, notamment une étonnante tour rocheuse s’élevant devant la côte nord de la pointe.
De retour sur le chemin principal, nous nous hissons à présent au sommet d’une crête rocheuse où une nouvelle plateforme panoramique permet d’évaluer tout le chemin parcouru et bien plus encore.
A l’arrière-plan les collines surplombant l’aéroport dominées par la chaîne montagneuse du centre de l’île. Également visible la rangée de palmiers bordant le parking de départ de la randonnée et à nos pieds la magnifique baie d’Abra que nous venons de contourner. Waouh, une telle vue me fait oublier (ou du moins surmonter) mon mal de dos et m’encourage à poursuivre !
Cinquante minutes après notre départ, nous abordons le passage le plus étroit, un pont naturel de quelques mètres de large seulement, dominant des à-pics de près de 100 mètres des deux côtés. Le passage est néanmoins bien sécurisé par un câble métallique.
Nous nous approchons alors petit à petit de la Casa do Sardinha (cafétéria). Pour arriver à la Casa, les autorités chargées de la protection de l’environnement ont aménagé un circuit que nous décidons de suivre dans le sens des aiguilles d’une montre (comme indiqué dans le guide Rother). Le sentier décrit un large cercle en pente légèrement descendante autour de cette vaste zone d’herbes jaunies où la Casa entourée de palmiers-dattiers fait figure d’oasis.
Avant que le sentier n’oblique vers l’établissement, nous profitons de la vue sur la côte nord et ses hautes parois rocheuses tombant à la verticale dans l’océan.
A cette heure (9 h), la cafétéria de la Casa do Sardinha est encore fermée, nous poursuivons. D’après les indications du guide Rother, la suite se déroule en contre-haut de la Casa en direction du sommet du Morro do Furado (alt. 160 m). Un panneau à sa base déconseille néanmoins cette extension en raison de la forte détérioration du sentier. La carte officielle ne mentionne d’ailleurs pas cet écart. Cela n’empêche pas la plupart des randonneurs de passer outre. Moi, avec mon dos en compote, je m’abstiens mais Hervé se laisse tenter par une montée partielle.
Carte officielle du PR8
Je le suis alors des yeux. Depuis mon poste d’observation, je devine que la pente est de plus en plus raide et glissante. En effet, en tentant de se retenir au câble métallique d’une barrière de sécurité, mon homme se blesse légèrement à la main, ce qui sonne son abandon définitif, à mi-distance du sommet. Il ramène néanmoins quelques beaux clichés témoignant d’une vue spectaculaire sur l’intégralité de la presqu’île et l’ensemble de l’itinéraire parcouru.
Pendant que je continue à me reposer, Hervé se lance dans l’exploration minutieuse des environs, à la recherche de curiosités géologiques remarquables aux airs d’œufs craquelés ou de « gueules cassées ».
Après cette longue parenthèse, il est temps de reprendre notre circuit précédemment abandonné pour terminer notre large boucle autour de la Casa do Sardinha. Ce n’est d’ailleurs pas sans peine car à présent le sentier grimpe non-stop. Ce ne sera pas non plus la seule grimpette du retour. C’est maintenant une suite incessante de montées et de descentes rendues pénibles à cette heure (10 h – 11 h) par le flot ininterrompu de randonneurs, créant des embouteillages dans certains passages étroits. Malgré ces contraintes, nous parvenons à profiter jusqu’au bout de la beauté des paysages.
Au retour (11 h 30) nous ne sommes pas surpris de trouver le grand parking archicomble, obligeant les derniers arrivés à se garer sur les accotements sur plus d’un kilomètre. C’est la rançon du succès de cette superbe randonnée de près de 7,5 kilomètres avec un dénivelé cumulé de 400 mètres. Nous l’avons effectuée en 3 heures et demie, pauses et extensions comprises. Nous sommes ravis mais fourbus et vu l’heure, ne sommes pas mécontents de pouvoir manger un morceau.
Dans ce but, nous prenons une nouvelle fois la direction du front de mer de Machico. Nous y avons déjà nos repères, sûrs d’y trouver des bancs pour notre pique-nique, un glacier pour notre dessert et un bar en terrasse pour un café. Une petite balade pour digérer ? Non merci, nous avons déjà suffisamment crapahuté ce matin. 😉
En revanche, pour agrémenter la route du retour vers Arco, je propose un dernier détour vers Faïal. Au Miradouro do Guindaste, une passerelle en verre offre un point de vue original sur les falaises côtières situées entre Porto da Cruz et Santana. L’expérience, sans être vraiment vertigineuse, m’impressionne quand même un peu, de sorte que je me trouve obligée de m’agripper au garde-corps. 😉
Vers l’ouest, mon regard s’accroche aux collines verdoyantes du bord de mer et s’arrête sur leur structure géologique caractéristique résultant d’une coulée de lave.
A l’est, je découvre, au premier plan, la masse rocheuse monumentale de Penha d'Águia (Rocher de l’Aigle) alors qu’au loin se détachent les contours bien nets de la presqu’île Saint-Laurent.
Cherchez la Pointe Saint-Laurent !
Décidément, la presqu’île emblématique de Madère aura marqué cette journée de bout en bout.