J3 : Mardi 3 juin 2025
Aujourd’hui nous avons prévu notre première randonnée de levada mais n’avons pas encore arbitré entre la levada do Rei ou celle de Caldeirão Verde. Les deux sont classées top par le guide Rother avec un niveau de difficulté modérée (rouge) et un point de départ situé à une vingtaine de minutes de notre lieu d’hébergement. Les deux affichent un dénivelé insignifiant, mais la première est néanmoins moins longue en durée et en distance. C’est par conséquent la levada do Rei qui l’emporte. Comme nous avons été quelque peu surpris hier de ne pas être arrivés parmi les premiers sur notre lieu de randonnée, nous nous donnons aujourd’hui tous les moyens d’y parvenir. En quittant notre appartement avant 7 heures, nous atteignons le point de départ, le snack-bar Quinta Levada do Rei sur les hauteurs de Sao Jorge, à 7 h 15, largement les premiers, sauf qu’une courte averse va d’abord nous retenir brièvement dans la voiture.
Passiflore
Une fois l’averse passée, nous nous mettons en route vers 7 h 30, sous un ciel nuageux, ce qui n’est pas trop gênant dans la mesure où la randonnée s’effectue en permanence sous le couvert végétal. Nous commençons par traverser rapidement une belle forêt avant de contourner un bassin de traitement des eaux puis de grimper sur la rive de la « levada royale » qu’il nous suffit alors de suivre à contre-courant jusqu’à l’arrivée au bord du torrent Ribeiro Bonito qui alimente le canal.
Nous avançons avec précaution sur le bord du canal légèrement glissant par endroits, en raison de l’humidité ambiante dans laquelle se plaisent eucalyptus, lauriers, fougères, bruyères et mousses, autant de nuances de vert qui rivalisent d’intensité.
Le parcours suit le versant escarpé de la vallée en alternant des passages très étroits, mais pas vraiment vertigineux et toujours bien sécurisés et d’autres un peu plus larges. Pour l’instant, pas de difficulté, il n’y a personne à croiser, nous sommes tout seuls et profitons pleinement du silence de la nature à peine rompu par le glougloutement de l’eau dans la levada.
Par moments, une fenêtre dans la végétation permet de jeter un coup d’œil sur la montagne environnante, voire jusqu’à l’océan éclairé par un pâle rayon de soleil.
Au bout d’une petite heure, au détour d’un virage, le canal passe sur le côté opposé de la vallée et traverse peu après un tunnel. On connaîtra tunnel plus impressionnant, là il s’agit d’un passage d’à peine 5 mètres de long et 1,60 mètre de haut. Certes, il faut se baisser un peu mais c'est trois fois rien ! 😉
Dix minutes plus tard, nous arrivons au point d’intérêt principal du parcours, une belle cascade qui dégringole du haut de la paroi rocheuse. Elle est censée charrier peu d’eau et en rasant la falaise, on est censé pouvoir éviter le jet d’eau. En tout cas, il faut être très prudent, les dalles sous la cascade sont toujours humides et glissantes.
Mais aujourd’hui la chute d’eau nous paraît très (trop) fournie. Bien que munis de vestes de pluie, nous n’avons pas envie de nous faire doucher, encore moins à deux reprises, à l’aller et au retour. Nous renonçons par conséquent à poursuivre jusqu’au torrent Ribeiro Bonito, terminus du parcours, que nous ne jugeons pas forcément incontournable. Demi-tour devant la cascade.
Jusqu’à présent nous n’avons pas croisé âme qui vive et personne ne nous a rattrapés. Une fois le retour entamé, nous rencontrons les premiers randonneurs au bout d’un kilomètre environ, heureusement dans un passage suffisamment large pour nous croiser sans encombre. Par la suite, il y aura de plus en plus de monde. Par endroits, le croisement est un peu scabreux, certains randonneurs (surtout ceux plus jeunes que nous) se trouvant obligés d’enjamber le canal pour sauter sur la rive opposée. 😱
Au retour, le bilan est mitigé. Certes, nous avons apprécié d’avoir la levada pour nous tout seuls durant six kilomètres sur dix, mais avons regretté le manque de vues, surtout par comparaison avec le magnifique parcours en montagne de la veille. Nous l’avons donc trouvé un peu monotone. En plus, devoir se croiser à tout bout de champ dans des passages étroits est assez stressant. Bref la randonnée de levada ne nous a pas véritablement convaincus !
Alors changeons d’horizon, cap sur la côte et la plage de galets (calhau) de São Jorge pour humer l’air du large et sentir le vent dans les cheveux. Petite balade au bord de mer sous un ciel qui se découvre progressivement.
J’avais prévu de déjeuner au restaurant du complexe balnéaire voisin sans faire attention que l’établissement était fermé le mardi. Comme j’ai toujours un plan B sous la main, nous nous dirigeons alors (en voiture) vers l’hôtel Quinta do Furão qui bénéficie d’une situation exceptionnelle au milieu des vignes et au bord d’une impressionnante falaise, entre São Jorge et Santana. Son restaurant jouit lui aussi de ce bel emplacement ainsi que d’une excellente réputation gastronomique. En attendant l’heure du repas, nous faisons le tour de la propriété en nous arrêtant à différents belvédères pour profiter des vues spectaculaires sur les à-pics vertigineux qui s’étendent jusqu’à la pointe Est de l’île.
Quinta do Furão
Le déjeuner est effectivement à la hauteur de la réputation de l’établissement. Hervé se régale d’un gigot d’agneau cuit pendant 12 heures et moi d’un magret de canard/poire rôtie, les deux plats servis avec purée et brocolis. En dessert, nous ne pouvons résister à une crème brûlée à la citronnelle et fruits rouges accompagnée d’un verre de vin de Madère. Tout est excellent !
Après un tel repas, nous nous octroyons d’abord une courte pause dans notre appartement avant d’enchaîner avec une nouvelle escapade sur la côte nord-ouest, en poussant aujourd’hui jusqu’à Seixal.
La petite localité, à une vingtaine de kilomètres de notre pied-à-terre, est bâtie sur une avancée de lave, sorte de promontoire vert au débouché d’une vaste trouée dans la muraille de montagnes tombant à pic dans la mer. Avec ses vignes et ses jardins en terrasses, ses piscines naturelles creusées dans la roche volcanique et sa belle plage de sable noir, Seixal (qu’on prononce « Séchal ») ne manque pas d’atouts pour attirer les touristes.
Malgré le monde et grâce à sa chance légendaire, Hervé trouve une place de stationnement pile en surplomb des fameuses piscines. Nous n’avons que quelques pas à faire pour contempler les impressionnants reliefs côtiers avant de plonger le regard dans les bassins parfaitement intégrés dans ce décor volcanique.
Cherchez les baigneurs dans les piscines !
En revanche, pour atteindre la fameuse plage, il nous faut traverser tout le village en direction du port. Nous aurions pu le faire en voiture mais un peu d’exercice ne nous déplaît pas, d’autant que les places de stationnement sont limitées.
C’est une très belle plage de sable noir que nous arpentons les pieds dans l’eau, histoire de nous rafraîchir avant d’attaquer le retour, maintenant en côte, jusqu’à notre lieu de stationnement.
Après cette excellente journée très diversifiée, il ne reste plus qu’à rentrer à Arco pour passer la soirée tout simplement… à chiller 😊 !