Condensateurs en boîtiers métalliques

Publié le 24-11-2010

Gainés de carton ou à fixer sur châssis, ces anciens condensateurs souvent chimiques sont assez facile à rénover en encapsulant dans leur boîtier d'origine des composants modernes en général bien moins volumineux.

En fonction du contexte, diverses solutions peuvent être envisagées.

1. Les 2 chimiques du Philetta

Le cas est particulier, en ce sens que les 2 nouveaux condensateurs ont le diamètre juste convenable pour entrer exactement dans les enveloppes en papier des anciens. Ce sont respectivement des 47µF/250V et 33µF/250V en remplacement des 50µF/150V et 30µF/150V d'origine. Leurs connexions se font par fils et non par cosses comme les originaux.

La restauration va donc consister à récupérer les extrémités des boîtiers aluminium des condensateurs d'origine, et à les abouter aux nouveaux condensateurs avant de les replacer dans leurs enveloppes en papier.

  1. "Dérouler" soigneusement une extrémité du tube carton afin d'en extraire le condensateur proprement dit.

  2. Couper les 2 extrémités du boîtier du condensateur de manière à ce que lorsqu'elles seront aboutées au condensateur de remplacement, la longueur totale soit identique à celle du boîtier avant découpe (Figure 1).

  3. Ces pièces étant nettoyées, percer en leur centre un trou pour le passage des connexions du nouveau condensateur. A terme, celles-ci seront soudées sur les cosses de raccordement du composant.

  4. Assembler par collage les trois éléments de manière à constituer le nouveau condensateur. Pour des raisons de rapidité d'exécution, j'ai utilisé de la colle cyanoacrylate qui sèche en quelques secondes (Figure 2).

  5. Il ne reste plus qu'à remettre en place dans le tube carton cet assemblage et à en "sertir" le côté précédemment déroulé.

Il y a bien sûr lieu, tout au long de cette procédure, de veiller à la coïncidence de polarité des différents éléments.

Les connexions du "vrai" condensateur seront soudées aux cosses des extrémités lors de la mise place dans le poste.

Figure 1 - Les pièces préparées

Figure 2 - Le collage à la cyano.

2. Le 8µF de l'Amplix Capri

Ayant à disposition des 6,8µF 100V, j'encapsule dans le boîtier d'origine vidé de son contenu deux de ces condensateurs, et ni vu, ni connu, voilà un 8µF avec +75% de tolérance. Un peu gros, mais pas gênant dans la fonction assurée par ce composant dans l'Amplix Capri.

Figure 3 - Un morceau de carton roulé, collé assure la liaison entre les 2 parties du boîtier.

Figure 4 - Les connexions du "vrai" condensateur sont soudées aux cosses du boîtier lors de la mise place dans le poste.

3. Deux chimiques à fixation sur châssis

En fait, les 2 condensateurs de filtrage de l'alimentation filament de l'Amplix Capri. Soit deux 2 x 1000µF 10V à sorties par fils. Pour des raisons de disponibilités de composants, l'un est restauré en 2 x 1000µF 16V et l'autre en 1 x 4700µF 16V.

Pour le démontage, après avoir hésité entre le dessertissage et la découpe du boîtier, j'ai finalement opté pour cette deuxième solution; moins hasardeuse à mon avis. Moyennant quelques précautions, l'interstice laissé par la découpe reste suffisamment discret.

  • Préalablement au sciage, tracer un repère suivant une génératrice sur le tube. Il servira pour en rabouter avec précision les 2 parties.

  • Effectuer la découpe hors des inscriptions portées sur le boîtier.

Les fils de sortie sont immobilisés dans la partie à visser avec de la colle thermique, et le canon en carton roulé est collé à la cyano dans les 2 parties du boîtier, afin d'assurer leur jonction.

Figure 5 - Les pièces préparées. Les 2 x 1000µF sont assemblés sur un morceau de circuit imprimé d'essai.

Figure 6 - La découpe est discrète.

4. Un "tube carton" indémontable

... du moins à priori, car après avoir constaté qu'il était impossible de faire coulisser le corps de la capa hors de son enveloppe, j'ai finalement incisé le carton sur toute la longueur du condensateur.

Le boîtier est vraiment mal en point... Je vais garder seulement le carton et en faire une capa fermée au brai.

  1. L'incision est réalisée au cutter puis refermée à la colle cyanoacrylate

  2. Les extrémités du tube ainsi reconstitué sont supprimées.

  3. Le condensateur neuf de 47µF 160V est installé dans le tube et fixé à la colle thermique, puis les extrémités sont obturées comme indiqué pour les condensateurs sous tube verre, à ceci prés que j'ai cette fois évité de fondre du brai en utilisant de la peinture acrylique noire en lieu et place.

Figure 7 - Un condensateur en mauvais état...

...mais une enveloppe utilisable.

Figure 8 - Avant et après assemblage.

5. Remplacement simplifié de chimiques vissés

Dans le cas où le poste ne justifie pas une restauration jusqu'à l'apparence des circuits (évaluation toute personnelle...), j'implante les condensateurs de substitution sous le châssis sur une section de barrette à cosses fixée par une vis auto-taraudeuse engagée dans le trou axial du canon fileté du condensateur d'origine.

Voilà ! c'est simple ; rapide, et cela n'impacte pas la semblance d'authenticité du châssis... si l'on ne regarde pas au-dessous.

C'est ainsi que j'ai traité les deux boîtiers alu du Super-Chic 50...

Évidemment, cette façon de faire ne s'applique guère qu'aux condensateurs à sortie par fils.

Figure 9

6. Deux chimiques à électrolyte liquide

Ce type de condensateur est assez ancien. Les deux pièces reconditionnées ici appartiennent au récepteur Philips 834A qui date de 1933.

Pour commencer – et afin d'éviter d'en mettre partout –, je vide les boîtiers du liquide qu'ils contiennent en exploitant les 3 trous qui existent d'origine sur le capuchon du condensateur (ce capuchon recouvre une soupape de sécurité) :

Figure 10 - Les 3 évents en haut du condensateur.

  1. Percer le haut du boîtier à travers les 3 trous en question à l'aide d'un foret de Ø 1,5 mm ;

  2. Retourner le condensateur au-dessus d'un récipient et au moyen d'une seringue médicale munie de son aiguille, injecter de l'air par l'un des trous afin d'activer la sortie du liquide (Figure 11) ;

  3. Lorsque plus rien ne sort, procéder à un "rinçage" du boîtier en y injectant un solvant avec la seringue puis après l'avoir quelque peu agité (en ayant pris soin de boucher les trous), faire à nouveau sortir le liquide comme ci-dessus ;

  4. Laisser un peu égoutter les condensateurs en position retourné avant de passer à la suite ;

Figure 11 - L'extraction du liquide ... noir !

  1. Après avoir tracé une circonférence, effectuer soigneusement le sciage du tube en le faisant tourner afin de ne pas sectionner l'armature interne du condensateur ;

  2. Le tube étant ouvert, l'armature interne peut alors être dévissée du canon isolant de fixation au châssis. Toutefois, pour l'une des deux pièces que j'ai traité … et en y allant un peu fort, la tige filetée a cassé au raz de l'isolant. Que faire ? Après avoir envisagé le perçage hasardeux – surtout avec les moyens mécaniques dont je dispose – de la tige filetée, il m'est venu à l'idée de chauffer la partie dépassante de cette tige. J'ai utilisé pour cela un fer à chauffage instantané de 100 W avec une panne copieusement chargée en soudure et j'ai ainsi pu dévisser en force, à l'aide d'une pince multiprise le moignon de tige filetée. Plusieurs passes de chauffage ont été nécessaires …

Figure 12 - Un des deux condensateurs autopsié.

  1. Tout cela étant nettoyé au produit à vaisselle, le nouveau condensateur peut être installé, raccordé côté "+" à la nouvelle tige filetée et côté "-" à la cosse à souder fixée au boîtier par un rivet pop (Figure 13) ;

  2. Il ne reste plus qu'à reconstituer le boîtier en aboutant les 2 portions du tube à l'aide d'un canon en carton collé à la cyanoacrylate à l'intérieur comme déjà indiqué par ailleurs (Figure 14).

Figure 13 - L’implantation des nouveaux condensateurs ...

Figure 14 - La pièce en carton est d'abord roulée puis elle est engagée au 2/3 et collée dans la partie supérieure du boîtier avant d'être emboîtée et collée dans la partie inférieure.

7. Une boîte de condensateurs Philips

J'ai rédigé ce paragraphe suite à la réfection pour le récepteur Philips 834A d'un bloc de condensateurs dont 5 des 6 composants qu'il contient sont hors service. Pour un autre poste ; le Philips 634C contenant également un de ces bloc de condensateurs, j'avais contourné le problème en dissimulant dans le câblage le remplaçant du seul condensateur qui était défectueux.

Figure 15 - Les constituants de la boîte de 6 condensateurs du poste 834A.

  1. Après avoir ôté la soudure obstruant les rivets des cosses de connexion, je fais couler par ces orifices la vaseline remplissant le boîtier, en chauffant celui-ci avec le fer à souder de 100 W appliqué sur ses parois.

  2. Les "couvercles" haut et bas de la boîte semblant bien être, non seulement soudés, mais sertis, je l'ouvre en sciant le corps à raz au-dessous de la soudure supérieure tout en prenant garde de ne pas entamer le retrait du couvercle support des cosses.

  3. Tout étant nettoyé au mieux – je n'ai pas trouvé de méthode vraiment pratique pour éliminer la vaseline –, je réalise une sorte de grappe avec les nouveaux condensateurs en soudant une de leurs pattes directement dans les cosses de la partie supérieure du boîtier (figure 16).

  4. Les 6 autres pattes sont réunies en un point commun qui est connecté au boîtier, puis les deux parties sont assemblées et reliées entre-elles par quelques points de soudure (figure 17).

Figure 16 - Le point commun aux 6 condensateurs est raccordé au couvercle.

Figure 17 - La boîte reconstituée.

8. Les chimiques de l'oscilloscope GM 3155 B

Ils sont au nombre de six : deux de 32 µF et quatre de 16 µF. Ce sont des chimiques à électrolyte liquide qui sont associés par paire en série. Je les ai restaurés en adjoignant à chacun d'eux une résistance afin d'assurer l'équilibrage des tensions dans les groupements,

En fait, sur chaque condensateur 2 résistances connectées en série sont nécessaires en raison des tensions mises en jeu. En effet, une résistance à couche carbone courante supporte au maximum 250 V ; or en circuit, chacun de ces condensateurs est soumis à une tension d'environ 400 V.

1. Ôter l'opercule supérieur du boîtier qui est simplement emboîté sur le corps du condensateur. Enlever également l'anneau en caoutchouc entourant le téton central.

2. Percer 2 trous diamétralement opposés à la partie supérieure du boîtier et vider par ceux-ci le liquide qu'il contient puis rincer l'intérieur en y injectant un solvant à l'aide d'une seringue.

3. Scier à ras le téton comportant les évents de sécurité.

4. À l'aide d'une cisaille grignoteuse agrandir l'ouverture du fond du boîtier.

5. Séparer du corps du condensateur l'armature interne en perçant précautionneusement dans l'axe du canon fileté avec un foret de diamètre 5,5 mm, jusqu'à ce que la cosse de connexion se détache.

6. Arracher alors par l'ouverture du fond du boîtier l'armature ainsi libérée en utilisant un pince plate et une forte cisaille, puis nettoyer la pièce à l'eau savonneuse.

7. Un coup de lime sur l'ouverture, un morceau de carton pour isoler l'intérieur, un rivet pop avec une cosse pour la connexion "moins" et le boîtier est prêt à recevoir le nouveau condensateur.

Figure 18 - En haut, le nouveau condensateur avec ses résistances sous gaine thermorétractable et en bas, la pièce terminée : l'opercule supérieur est en place et le fil "plus" est immobilisé à l'aide de colle thermique.

Figure 19 - Pour cette paire particulière, où l'un des boîtier sert de support à l'autre, j'ai placé les deux condensateurs connectés en série dans la même enveloppe.