Encore un échec pour la santé publique ? Analyse critique de la dépression et du risque suicidaire liés à la finastéride
par Meyer Brazis, The Journal of Clinical Psychiatry
22 septembre 2025
par Meyer Brazis, The Journal of Clinical Psychiatry
22 septembre 2025
Contexte : Le finastéride, largement prescrit pour traiter l'alopécie androgénétique, est depuis longtemps soupçonné de provoquer des réactions neuropsychiatriques graves, notamment la dépression, l'anxiété et des tendances suicidaires, même après l'arrêt du traitement. Cette étude passe systématiquement en revue les preuves qui étayent cette suspicion et analyse les raisons de cette reconnaissance tardive.
Observations : Des inquiétudes concernant la dépression liée au finastéride ont été soulevées dans plusieurs études dès 2002. Entre 2017 et 2023, quatre analyses indépendantes des systèmes de notification des effets indésirables et quatre études utilisant l'exploration de données issues de dossiers médicaux ont indiqué une augmentation significative du risque de dépression, d'anxiété et/ou de comportement suicidaire lié à l'utilisation du finastéride. Il y a donc eu un retard de deux décennies dans la prise de conscience de l'incidence et de la gravité des effets neuropsychiatriques, ce qui a permis à un médicament prescrit pour une indication cosmétique, à savoir la perte de cheveux, de causer des dommages.
Dangers potentiels et implications : en 20 ans, des centaines de milliers de personnes dans le monde ont peut-être souffert de dépression et des centaines d'entre elles se sont peut-être suicidées. Selon le principe de précaution, un tel risque lié à un médicament cosmétique suggère un rapport bénéfice/risque qui justifie une action visant à protéger le public, et la charge de prouver que l'intervention n'est pas nocive incombe aux fabricants.
Causes du retard dans la reconnaissance des risques : Le long retard dans la reconnaissance des risques associés à l'exposition au finastéride s'explique notamment par le fait que le fabricant n'a pas réalisé et publié d'études simples de pharmacovigilance à partir d'analyses de bases de données, et que les autorités réglementaires n'ont pas demandé au fabricant de réaliser de telles études ni ne les ont réalisées elles-mêmes.
Conclusions et pertinence : Les preuves actuelles montrent que l'utilisation du finastéride peut provoquer une dépression et des tendances suicidaires. Une revue historique de la littérature révèle des écarts entre les preuves issues de la recherche et les mesures réglementaires. La leçon à tirer est qu'avant d'approuver la mise sur le marché d'un médicament, les autorités réglementaires devraient exiger des fabricants qu'ils s'engagent à réaliser et à divulguer des études analytiques continues après l'autorisation de mise sur le marché, et cette exigence doit être appliquée.