FINASTERIDE : LES OUBLIÉS DE LA VIE

La Lettre No 6 du 7 février 2019

Pour l’ANSM (Agence National de Sécurité du Médicament), les patients devraient faire preuve de responsabilité et s’informer avant de prendre du finastéride (1).

Est-ce l’affirmation subliminale que la molécule est dangereuse au point qu’il faille aller au-delà de la prescription de son médecin ?

En octobre 2017 l’ANSM demandait aux laboratoires de modifier la notice du médicament afin d’y inscrire les risques de changement d’humeur, d’idées suicidaires et de dépression, à l’été 2018 l’EMA (Agence Européenne du Médicament) demandait d’y ajouter l’anxiété. Cependant, aucun rappel des anciens lots n’ayant été organisé, début 2019 de nombreuses pharmacies ont encore en stock des boîtes avec l’ancienne notice, périmée…

L’information a-t-elle été correctement diffusée vers les pharmacies pour pallier cette déficience des notices ? La réponse semble être négative, sans connaissance des risques encourus, Propecia (Finastéride) est encore parfois délivré sans prescription et certaines officines pensent que l’on peut le prendre « comme du Doliprane » (2) !

Le patient doit-il effectuer un parcours du combattant pour s’informer ?

A l’instar d’autres médicaments, le finastéride 1mg sera certainement un jour interdit à la vente et la question restera entière : comment et pourquoi a-t-il pu rester tant d’années sur le marché ? Quelles responsabilités seront-elles alors recherchées ?

Merck, le laboratoire qui a reçu la première AMM (Autorisation de Mise sur le Marché), fabricant sous la marque Propecia, se retranche derrière l’avis de l’ANSM pour qui « la balance bénéfice­-risque est considérée pour l’instant comme favorable»(1), et déclare « on ne note aucune alerte particulière sur d’éventuels effets secondaires»(1) malgré les nombreuses plaintes de victimes et les 15.215 déclarations comptabilisées à ce jour (base VigiAccess de l’OMS).

Suite à nos nombreuses demandes d’alerte et d’information, l’ANSM a échangé avec les laboratoires qui ont soumis une proposition de courrier aux professionnels de santé ne prenant pas en compte nos remarques et notre souhait de reprendre l’ensemble des effets indésirables recensés, notamment les effets secondaires physiques :

https://ansm.sante.fr/content/download/156005/2046501/version/1/file/DHPC_190201_+finasteride.pdf

Combien de temps encore sera tue la parole des victimes souffrant d’effets indésirables ?

Ce n’est pas « moins fréquemment » qu’interviennent les pensées suicidaires, la quasi-totalité des victimes qui nous contactent en passent par là. Notre Association est en train de tourner au standard de « SOS suicide finastéride ».

Quel est l’intérêt de minimiser un effet indésirable ?

Nous allons espérer que dans un futur proche le ton de nos autorités de santé puisse prévaloir sur celui de l’industrie et souhaitons vivement que cette lettre de l’ANSM incite les professionnels de santé à faire remonter leurs constatations de terrain.

Sylviane Mathieu

Présidente de l’AVFIN


(1) Le Monde 23/01/2019(2) M6, 66 Minutes, diffusion du 03/02/2019