FINASTERIDE : LE RAPPORT BENEFICE/RISQUE

La Lettre No 2 du 30 mai 2018

Pour les autorités médicales le rapport bénéfice / risque du médicament resterait favorable ce qui justifierait de ne pas le retirer du marché.

Mais comment la balance bénéfice risque peut-elle s’appliquer au Propecia (finastéride 1 mg) alors que son objet n’est pas de proposer une solution pour guérir, mais pour pallier une simple question esthétique ? L’alopécie androgénique est bien évidemment un cap extrêmement difficile pour beaucoup, les changements liés à « l’image » peuvent engendrer souffrance et incompréhension. Mais un accompagnement différent ne serait-il pas souhaitable ? Les autorités de Santé ne pourraient-elles pas proposer des méthodes alternatives à ce perturbateur endocrinien ? La connaissance réelle des risques encourus par leurs patients ne permettrait-elle pas aux prescripteurs, en toute conscience, de les mettre en garde et d’œuvrer pour un travail d’accompagnement vers ce nouvel état ? Nous pouvons aisément imaginer que beaucoup opterait pour la conservation de leur santé… Combien de cas, combien de vies brisées sont-ils nécessaires pour dire STOP à la délivrance du finastéride ?

D’après la notice du médicament ses effets indésirables peuvent concerner un peu plus d’1% des utilisateurs. Citons le professeur Andrew Rynne en Irlande, avec qui plusieurs victimes françaises sont en relation : « Même si vous acceptez ce nombre comme étant exact, ce que personnellement je ne crois pas, cela peut vous sembler un nombre faible si vous n'êtes pas expérimenté. Mais en réalité 1% des utilisateurs de finastéride ayant des effets secondaires graves comme la perte de la libido, la dysfonction érectile et le volume réduit de sperme est un nombre très élevé et significatif »

En effet le docteur Rynne rappelle qu’au départ les utilisateurs de Propecia ne sont pas des malades espérant guérir d'une affection grave quitte à ce que le traitement ne soit pas sans risque. Non, ce sont des jeunes en bonne santé, qui n’ont en tête qu’un souci esthétique, et qui à cause du médicament, passent de bien portants à gravement et durablement traumatisés. Cela fait toute la différence.

Ainsi le docteur Luigi Raino, en Italie, affirme : "je ne prescris plus finastéride à mes patients car, à mon avis, nous dépassons la limite risque / bénéfice".

De plus l’évaluation du rapport bénéfice / risque doit inclure tous les éléments connus à la suite d’essais cliniques sur une population suffisamment large dont les caractéristiques sont connues. Mais sur quelles études se basent les autorités de contrôle ?

De quelle manière les signalements que des victimes nous ont confirmés avoir enregistré sur le site de l'ANSM sont-ils pris en compte ? Apparemment certains sont écartés. Quels sont les critères de rejet ? Comment favoriser une politique de déclaration systématique ? Quels sont les moyens de l’ANSM pour inciter chaque praticien à accompagner son patient dans cette démarche ? Trop de victimes encore craignent de témoigner, de déclarer les douleurs, l’altération de leur état physique ou mental suite à la prise de ce perturbateur endocrinien, se mortifiant d’avoir été si naïves, ne comprenant pas pourquoi elles n’avaient pas été prévenues, craignant les sarcasmes, tétanisées à la pensée de devoir évoquer l’intimité mise à mal, les souffrances endurées … Combien sont-elles réellement ?

http://ansm.sante.fr/Declarer-un-effet-indesirable

Nous ne saurions que vous recommander de visionner ce reportage de Swiss TV (sous-titré anglais), dans lequel Franz a eu le courage de parler à visage découvert, et qui traduit si bien le désespoir que vivent tant de victimes du finastéride qui nous contactent : https://youtu.be/-h7AB1ildro

L'état de Franz est l'occasion de rappeler la nature de l'affection engendrée par le médicament. Les victimes ont parfois de telles difficultés à se concentrer que chaque acte administratif de la vie est une véritable épreuve. Coupés de leur famille, ils n'ont pas toujours l'assistance nécessaire pour simplement effectuer la déclaration des effets secondaires. C'est la perversité même de l'affection engendrée par le Propecia.

Enfin cette évaluation de la balance bénéfice / risque doit se faire également au niveau individuel par le médecin traitant en considérant les caractéristiques propres à chaque patient, ses antécédents... ce qui peut permettre d’adapter un traitement.

L’ANSM conseille à chaque utilisateur de lire attentivement les notices, mais les anciennes boites de Propecia sont malheureusement encore en circulation, les ajouts de dépression et idées suicidaires ne sont donc pas mentionnés. Nombre de médecins et pharmaciens n’ont pas vu passer l’alerte de l’ANSM d’octobre 2017. Qui dès lors va prévenir les patients ?

Combien d’anciennes boîtes en circulation ? Combien de nouvelles victimes par méconnaissance ou négligence ?

Sommes-nous à l’aube d’un nouveau drame sanitaire ?

Sylviane Mathieu, Présidente de l’AVFIN