FINASTERIDE 1 MG : POUR LES VICTIMES 2021 NE SAURAIT ETRE UNE ANNEE BLANCHE

La Lettre No 8 - Janvier 2021

L’année 2021 commence par une nouvelle réconfortante en termes d’information du public : le finastéride 1 mg pour l’alopécie androgénétique fait son entrée dans la liste des médicaments à éviter éditée par la revue « Prescrire ». La molécule « expose notamment à des troubles sexuels (troubles de l’érection et de l’éjaculation, baisse de la libido), des dépressions, des idées suicidaires et des cancers du sein » (1)

De fait l’année 2020 a été riche de publications scientifiques en lien avec les inhibiteurs de 5a-R, notamment axées sur la modification de la fonction de l’axe hypothalamus-hypophyse-surrénalienne (HPA), la modification du microbiote intestinal, les anomalies vasculaires péniennes, insomnie/dysfonctionnement sexuel persistant et suicide, le syndrome de l'iris souple peropératoire (IFIS), l’apparition du diabète de type 2, l'hypogonadisme iatrogène, l'accroissement des risques cardio-vasculaires…

Le nombre de déclarations des effets secondaires du finastéride enregistrées par l’OMS demeure en constante augmentation sur les années récentes, 1223 déclarations en 2020 et un cumul à 17323, la tranche d’âge la plus importante reste celle des jeunes hommes de 18 à 44 ans. Rappelons que les Autorités elles-mêmes déclarent que les déclarations de pharmacovigilance ne représentent qu’environ 5 % du nombre effectif des victimes.

Notre association tient à remercier la grande majorité des médecins ainsi que tout le réseau des pharmaciens dont nous avons constaté qu’ils ont relayé l’alerte et l’information auprès des utilisateurs. A noter également les prises de conscience bienvenues de certains dermatologues et spécialistes des cheveux. Souhaitons que la consommation de finastéride continue de baisser et que d’autres thérapies, moins invasives, soient proposées aux personnes souffrant d’alopécie androgénétique. Il devient urgent qu'au minimum les patients souffrant de chute de cheveux non androgénétique mais liée à diverses carences, choc psychologique, maladie auto immune, effets indésirables d’autres molécules,… soient écartés de ce traitement. La devise selon laquelle le traitement doit être envisagé le plus tôt possible sur les simples dires des patients et sans examen approfondi fausse toutes les données. Si la maladie est absente, au mieux le traitement est un "succès douteux" et au pire il engendre de multiples pathologies évitables. Au regard de ces faits, comment évaluer la balance bénéfice/risque ?

Souhaitons que le discours de certains spécialistes du cheveu, parfois «experts» auprès des Autorités de santé, ne vienne pas à l’encontre des objectifs d’information du public dès lors qu’ils retrouvent leur position de prescripteurs. Cohérence de propos et transparence pourraient éviter de nombreuses victimes. Ainsi que nous l’avons déjà demandé à plusieurs reprises, il est primordial que les futures informations soient réalisées sous l’égide de professionnels de santé en capacité de comprendre le mode d’action de la molécule, désireux d’améliorer la connaissance et la prise en charge des patients.

Le finastéride 1 mg : comment, dans un but cosmétique, a t-on pu créer un médicament avec son cortège d’effets indésirables capables de détruire la vie d’hommes en bonne santé ?

Qui s’occupe des victimes d’aujourd’hui ?

Fort heureusement, des médecins courageux, curieux, professionnels tentent au mieux d’alléger leurs souffrances, certains proposent de faire des recherches mais que faire sans moyens, sans coordination ?

Courant 2019 suite à des rendez-vous et échanges avec le Ministère de la Santé et la DGS, des propositions de l’association, puis le retour des spécialistes interrogés ont été jugés intéressants et cohérents.

Ainsi en août 2019, des ARS contactées nous écrivaient « La Direction Générale de la Santé et la direction générale de l’offre de soins étudient les pistes d’amélioration de la prise en charge des patients ayant des effets indésirables liés à finastéride 1mg. Dès que j’aurai ces informations je ne manquerai pas de vous les transmettre ».

Le 27 janvier 2020, la DGS nous écrit qu’elle « revient vers nous dès que possible ».

Evoquée avec l’ANSM en septembre dernier, une réunion conjointe avec les différents organismes de santé (HAS, DGS, ANSM, Ministère) est formellement demandée depuis octobre dernier afin d’éviter pertes de temps/renvois d’organisme en organisme et d'enfin pouvoir travailler activement sur le parcours de soins et la prévention.

Nous avons été, en 2020, contraints à la discrétion compte-tenu de la crise sanitaire. Aujourd'hui nous comptons sur l’appui et la tenue des engagements des Autorités de Santé.

Nous ne pouvons envisager que 2021 soit une année blanche pour les victimes du finastéride !

(1) Communique de Prescrire : www.prescrire.org/Fr/15F000963A5247A9E454BF5B3AAD0DB2/Download.aspx