De Bretagne

De Bretagne

Il me reste le souvenir

D’une main de granit passant ses doigts dans une chevelure d’écume

De méandres et de vallées qui dialoguent déjà avec l’inconnu du grand large

De Bretagne

Il me reste l’envie de parcourir

Les côtes et les monts d’un monde encore sauvage

Avant qu’il ne s’efface

De Bretagne il me reste

Le souvenir d’une limite qui se découpe

Pour mieux s’imbriquer dans un monde étrangement liquide

Qui intimide et attire

L’angoisse n’est pas dans l’incertitude de l’horizon

Mais dans ce petit bond que l’on fait pour monter à bord d’un navire

Quitter la côte c’est quitter le stable pour l’instable,

Le fini pour l’infini,

Un monde pour un autre

Comment ne pas avoir le vertige du haut des falaises roses du Cap Fréhel

En regardant un corps aussi étrange que la mer

Venir lécher les pieds de nos certitudes de pierre

Le trait qui sépare si simplement la terre de la mer sur nos cartes

Prend soudain une apparence si complexe

Voilà le solide et le liquide qui se touchent

Le trait n’en est plus un, emporté par le cycle des marées

Et chahuté par les caprices du vent

Quel plaisir de se trouver à la jonction de deux mondes

En regardant avec stupéfaction comment l’un peut finir et l’autre commencer