Le 5e orteil est le siège de pathologies très spécifiques :
· Le quintus varus est une déformation particulière du 5e métatarsien de l’avant pied identique à celle de l’hallux valgus mais en sens inverse, comme reflétée dans un miroir : la «tête» de cet os vient frotter sur le bord externe de la chaussure, ce qui entraîne la formation d’une «bosse» inflammatoire douloureuse, et parfois une déviation du 5e orteil en dedans vers le 4e orteil. Si les deux pathologies s’associent, on parle alors d’avant-pied «triangulaire».
· Dans certains cas, le 5e orteil se positionne au-dessus du 4e orteil («supradductus») ou en dessous de celui-ci («infradductus»).
· Dans d’autres cas, les rapports entre 4e et 5e orteils sont modifiés: on peut ainsi voir apparaître un «œil de perdrix» ou «cor humide» entre ces deux orteils.
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· DIRECTES: sur le 5e orteil lui-même
Il peut s’agir tout simplement d’une saillie de la 5e tête contre la chaussure, appelée « bunionnette » et à l’origine d’une simple bursite.
Un cor se forme, devenant parfois si gênant qu’il empêche le chaussage.
Il peut aussi s’enflammer voire s’infecter.
Dans d’autres cas l’orteil tend à rejoindre l’hallux : il se déplace en « varus » et se place soit au dessus du 4e (quintus varus « supradductus ») soit au dessous (quintus varus « infradductus »). Les tendons extenseur ou fléchisseur de l’orteil sont alors rétractés et fixent la position de l’orteil.
· INDIRECTES : sur les autres orteils
L’ « œil de perdrix » ou « cor humide » est la conséquence de la modification de la position de ces orteils entre eux.
Le mauvais fonctionnement et l’enraidissement d’un ou plusieurs orteils sont responsables d’un excès d’appui sous les têtes métatarsiennes (« métatarsalgies ») et à terme d’une dislocation articulaire (« luxation ») et ces deux pathologies s’auto-aggravent mutuellement.
Les radiographies de face et de profil en charge sont indispensables pour évaluer l’importance des déformations et juger des rapports osseux. Permet aussi de faire le bilan d’un l’hallux valgus quand il est associé.
Le traitement médical précoce soulage la pression sur les cors et peut agir sur les déformations tant qu’elles sont encore réductibles.
· Protecteur d’orteil(s) sur mesure ou orthoplastie qui limite le frottement.
· Chaussage large adapté, anti-inflammatoires, soins de pédicurie locaux.
· Semelles ou orthèses plantaires et Rééducation : elles n’ont pas vraiment de place dans la pathologie isolée du 5e orteil.
Il est largement indiqué devant les possibilités réduites du traitement médical. La chirurgie percutanée est actuellement la technique de choix, car elle donne régulièrement au prix d’une agression minime, des résultats excellents en évitant nombre de complications d’une approche plus conventionnelle. On combine des gestes sur les parties molles (tendons, membrane articulaire) et sur l’os :
Tous ces gestes sont réalisés « à la carte » en fonction du cas ; il existe des variantes techniques et le chirurgien doit parfois s'adapter et faire des gestes supplémentaires.
Les fragments osseux déplacés ne sont pas fixés avec du matériel.
Les particularités de cette chirurgie en cas d’une deformation simple :
L’intervention est réalisée sans garrot de cheville.
Sa durée est d’environ 20 minutes.
L’anti-coagulation n’est pas nécessaire sauf facteur de risque particulier (elle dure alors 12 jours).
Une chaussure médicalisée sera portée durant trois semaines après l’intervention vous permettant un déplacement aisé.
Le pansement est enlevé à partir du 15e jour.
Parfois, une orthoplastie en silicone est confectionnée pour 21 jours de plus pour stabiliser le 5e orteil.
Des bandelettes élastiques sont nécessaires pour maintenir les corrections obtenues quelques semaines supplémentaires, le temps que la cicatrisation osseuse les stabilisent.
La rééducation et le déroulé du pas commencent après la 3e semaine selon un protocole.
La conduite n’est pas autorisée pendant 4 semaines.
Pendant 6 semaines en tout, les orteils sont fragiles, il faut porter une chaussure confortable.
L’arrêt de travail est d’environ 1,5 mois.
Les activités normales légères (voyage, randonnée...) peuvent être reprises après 2 mois, les sports d’impulsion après 4 mois.
Il est fondamental. En effet, les fractures ne sont pas fixées (ni vis, ni agrafes ni broches), ce sont les compresses qui guident la consolidation. Les ostéotomies sont malléables pendant 3 à 6 semaines. Il n’y a pas de point sur la peau, ou ils sont résorbables : il ne faut pas les enlever ; ils tombent seuls. Ainsi, le pansement réalisé au bloc opératoire ne doit pas être touché à domicile avant la date prévue. Vous devez contacter le Centre du Pied en cas d’anomalie et/ou de douleur importante. Il sera refait en général au 15e jour et les compresses remplacées par des bandes élastiques et/ou de petits appareillages réalisés en pate de silicone sur mesure selon le geste réalisé. Cette 2e contention, amovible en général pour la douche et la rééducation, doit être conservée 4 semaines supplémentaires et peut faire l’objet de « réajustements ».
Votre participation est essentielle pour un bon résultat. Un protocole ainsi qu’une ordonnance vous seront remis après l’opération, pour votre kinésithérapeute.
Auto-rééducation immédiate : vous pouvez mobiliser votre cheville et essayer de reproduire avec votre pied les 26 lettres de l’alphabet.
Avec un kinésithérapeute à partir du 21° jour, et selon le protocole, vous commencez une série de 20 séances de rééducation (pensez à les réserver à l’avance à raison de 3 séances par semaine).
Il s’agit de récupérer les amplitudes articulaires, rééduquer la marche en travaillant l’appui propulsif des orteils, masser les cicatrices et lutter contre l’œdème : la mobilisation se porte sur tout l’avant-pied au delà de la zone opérée. Les ostéotomies percutanées seront mobilisées avec prudence avant le 45° jour (montrez au kinésithérapeute votre feuille de consignes et votre protocole opératoire).
Il faut suivre rigoureusement les consignes de votre chirurgien, aller aux rendez-vous qu’il vous programme, et, s’il vous en propose, passer les examens de contrôle. Ces visites post-opératoires sont importantes, habituellement des entre 1,5 et 2 mois, entre 4 et 6 mois puis annuellement après l’intervention. À distance ce suivi pourra être remplacé par des contrôles radiographiques.
- LA DOULEUR disparaît généralement assez rapidement. Le résultat est régulièrement excellent. Il s’agit de l’un des « must » de la chirurgie percutanée.
- ARRET DE TRAVAIL ET REPRISE DES ACTIVITES HABITUELLES
6-8 semaines pour un quintus isolé
Si votre activité professionnelle nécessite une station debout prolongée ou de longs trajets à pied, l’arrêt de travail peut être prolongé à 2 mois voire plus. Le fonctionnement des orteils dépend de nombreux facteurs parmi lesquels votre âge, la rééducation et l’usure de votre articulation (arthrose). IL FAUT PROTEGER VOTRE PIED.
- LES ACTIVITES SPORTIVES : vous pouvez recommencer la natation, la marche (moins d’une heure) et le vélo à partir du 30e jour. Nager est même vivement recommandé une fois la cicatrisation terminée pour accélérer la récupération. Les sports d’impulsion (course à pied, tennis, football...) sont autorisés après environ 4 mois en fonction de la consolidation et du type d’intervention. Il ne faut pas faire subir à votre pied des contraintes qu’il n’est pas en mesure de supporter. N'hésitez pas à interroger votre chirurgien si vous avez un doute sur les risques liés à l'une ou l'autre de vos activités.