Le bois qui parle



“Je vais vous présenter des objets qui parlent”, dit Jacques Renders, prêtre et sculpteur, à la dizaine de jeunes rassemblés devant lui. Des objets qui parlent? Autour de la table, on s’échange des regards sceptiques. Et pourtant, oui, les sculptures en bois de Jacques Renders ont beaucoup à nous dire…

C’est un labyrinthe. Un labyrinthe en bois. Rien de plus… Quoique, en y regardant de plus près, on voit se dessiner les six lettres du mot “EGLISE”. Vous les voyez ? L’Église est-elle un dédale ? Un peu, sauf qu’ici, les entrées sont multiples. Chacun arrive par où il veut. Et peut repartir, s’il en a envie. Au hasard des corridors et des allées, on découvre des espaces où se rassembler, se retirer dans l’intimité ou déambuler. Et vous, où aimeriez-vous vous installer ?

Jacques Renders, prêtre d’une unité pastorale de Bruxelles, a été enseignant pendant 27 ans. Il a donné cours de maths, de géographie, de religion. Il a aussi été au service de la pastorale des jeunes de Bruxelles. “J’ai toujours cherché les bons moyens pédagogiques pour faire découvrir les savoirs”, confie-t-il. Cela fait près de trente ans qu’il travaille le bois. Toutes ses œuvres ont un secret à nous révéler. Parfois plusieurs. Lui-même, le sculpteur, ne sait pas toujours ce qu’un objet pourra dire. Tout dépend de ce que pourront déchiffrer les âmes. Le langage des choses est bien mystérieux…

“Tous les ans, explique Jacques Renders, je présente une quarantaine d’animations, à Bruxelles ou ailleurs en Belgique. Je passe dans les classes d’école ou dans les groupes de pastorales (enfants, jeunes et adultes). Les groupes ne doivent pas dépasser la douzaine de participants, c’est important pour les échanges.”

L’objectif de Jacques Renders n’est pas tant de présenter ses sculptures que d’initier au langage symbolique. “C’est très important de montrer aux plus jeunes que les objets peuvent évoquer quelque chose pour eux. J’amène les enfants à dépasser l’approche purement descriptive pour exprimer ce qu’ils ressentent, les souvenirs que ça leur évoque, ce que cela représente pour eux.”

À côté de sculptures qui illustrent spécifiquement des notions abstraites telles que la Trinité ou la Résurrection, d’autres objets sont davantage ouvert aux interprétations multiples. À la ‘polysémie’, diront les savants. “Je pense que ces objets parlent par eux-mêmes et, lors de chaque animation, j’entends des appréciations, des remarques, des avis que je n’avais jamais entendus. Ce qui me permet de découvrir dans chaque œuvre des choses que je n’y avais pas mises. C’est la richesse de l’échange, qui est chaque fois unique.”

Jérémie BRASSEUR

Paru dans "Dimanche" n° 38, 2009