Images et symboles

Je me fais une image de tel lieu jamais visité, de telle personne jamais rencontrée, de telle période de ma vie à venir, du monde, de Dieu,... Toutes ces images ne correspondent que rarement à la réalité et, cependant, non seulement elles existent, mais elles véhiculent une part de vérité.

L’image est donc fort subjective, même lorsqu’il s’agit de celle qui me reste, en souvenir d’un lieu visité, d’une personne rencontrée, de mon enfance, du monde comme je le connais, de Dieu comme je le rencontre. C’est probablement cette subjectivité qui est intéressante, qui me différencie des autres, qui permet l’échange, qui enrichit la communauté.

L’image est un langage qui dépasse les frontières, qui se moque des langues, qui rapproche les cultures. C’est elle qui fait de notre monde un grand village.

L’image génère le symbole, véritable radiographie de l’être, de ses valeurs, de ses relations.

Seul le symbole peut rendre compte de l’invisible, peut faire voir au-delà des apparences, peut de chaque chose révéler l’essence.

Dites-le avec des fleurs ! Expliquez-le par une poésie ! Peignez sur toile ce que vous dit ce paysage !

Sculptez dans la matière ce que vous ne pouvez exprimer avec des mots !

Clignez des yeux pour apercevoir ce qui ressort de telle réalité, le sourire qui se cache derrière tel visage énigmatique,

la souffrance derrière telle attitude rigide, l’appel derrière tel acte provocateur !

Le symbole donne sens à la réalité. Il libère de la matérialité. Il humanise la technicité. Le symbole révèle une identité, explique une démarche, affirme bien haut une cause. Il rapproche les valeurs des individus, relie les membres d’un même groupe, rassemble les adeptes d’une même conviction.

Le symbole mène vers le spirituel, dévoile l’indicible, rend proche l’ineffable. Il combine l’ici-bas et l’au-delà, permettant la rencontre, l’échange, la réciprocité. Il signifie ce qui est le cœur de l’existence, l’esprit de la vie, l’âme de l’individu. Il garde cette distance nécessaire à l’attirance. Il permet le recul nécessaire à l’élan. Il dynamise ce qui semble inerte. Le symbole est à la matière ce que la gratuité est au commerce.

“A travers cet objet façonné par un homme, c’est Dieu qui me parle !

A travers cet homme debout, c’est la gloire de Dieu qui s’exprime !

Lorsque j’ai donné à manger à cet affamé, c’est Dieu que j’ai rassasié.

Quand j’aime un ennemi, je brise la spirale de la violence, je manifeste la miséricorde de Dieu.

Si tu perds ta vie pour l’Evangile, tu la sauves aux yeux de Dieu.”

Voilà une série d’expressions symboliques de nature à embellir notre vie. Que leur force soit pour notre joie !

Jacques Renders, mai 2000