Novembre 1998
Petit parallélépipède rose et fendu dans le milieu
Objet de tant de convoitises.
Elle est belle, grande et blonde, la boulangère de mon quartier,évoluant avec une grâce un peu empruntée parmi les baguettes, les pains ronds, longs, fendus, mais tous unis par une belle couleur de miel.
Une douce chaleur échappée du fournil et l’odeur du feu de bois et le parfum charnel de la belle boulangère aux joues si roses que l’on aimerait les croquer comme une friandise.
Bocaux remplis de bonbons, réglisses en spirale, longs carambars, coquilles de st Jacques à la confiture glacée et dans un coin, là, les énormes Malabars . Elle les prend dans le bocal de sa main potelée, les met dans un sachet en papier qu’elle me tend, je touche sa main, mon cœur chavire, je fonds, je me dépêche pour payer et je sors du magasin en courant. Ouf !
je respire à m’en faire éclater les poumons, arrivé au coin de la rue, j’entrebâille le sac, j’y mets le nez, j’inspire, ça sent bon le sucre, les arômes artificiels, la gomme.
Entre le pouce et l’index, je sors un malabar, le dépiaute avec soin, le glisse dans ma bouche, le colle au palais avec la langue, aspire un jet de liquide sirupeux en fermant les yeux, l’extase !
Il faut bien l’humecter, le faire voyager d’un coté à l’autre de la bouche en se régalant du sirop qui coule au fond du gosier.
Surtout, bien se garder de l’avaler tout rond, mon meilleur ami, Bernard connaît un de ses cousins qui avait un ami qui connaissait quelqu’un qui en avait avalé un tout rond, il en est mort, les boyaux collés paraît il.....
Le danger me fait frissonner, j’aime bien cette sensation de vivre dangereusement et de risquer ma vie à chaque déglutition, un mouvement incontrôlé de la langue et hop ! fini ! collés les boyaux !!
Quand il est bien ramolli, je commence à mâcher, à droite avec les grosses dents du fond, ça colle, j’ai du mal à rouvrir la bouche, enfin ça vient, je rumine, à droite, à gauche, à gauche, à droite, quelle volupté.
Il est bien ! il est bien ! je le colle aux dents de devant, j’ouvre légèrement la bouche et je pousse avec la langue, vainement.
A gauche, à droite, à droite, à gauche, j’avale un peu de jus, je colle aux dents de devant, j’ouvre, je pousse, ouais ! c’est bon ! ça marche ! je souffle délicatement, la bulle se développe, elle est grosse comme une orange, un pamplemousse, un melon, toute rose et irisée, plus grosse qu’un melon ! ouais ! ouais ! et PAF !
j’y vois plus, les paupières collées, les joues siliconées, et un grand rire me secoue, le PIED !
Deuxième essai…..