Un jour, un matin, une nuit je vais mourir c'est sûr
La seule chose que dans ma vie, je sois réellement sûr.
J'y pense de plus en plus, j'ai l'âge où l'on y pense chaque jour
Mais faut pas s 'affoler ça va se produire, pour ça pas de détour
C'est un âge instable où l'on peut encore bâtir,
Mais planter un arbre, dont on ne verra pas le fruit
Dire je le fais pour la génération future pour autrui
C'est une bouteille à la mer, sûr de ne pas le voir grandir.
Mourir seul, sans un sourire, une main apaisante
Qui serre ta main, sentir sa chaleur bienfaisante
Avoir la conscience que comme toujours on est seul
Que toute ta vie même au milieu de la foule tu étais seul
Lorsque viendra l'heure de ma mort, mon long parcours chaotique sur terre prendra fin et je serai enfin libéré et serein. J'ai vécu, mais je n'étais pas fait pour ça, ma vie n'a été qu'un long compromis avec moi même, la mort c'est la délivrance..
Mais bien sûr je la redoute !
Une éternelle balance entre mes envies et mes possibilités, gérer, faire semblant, toujours sur le fil, heureusement j'ai une grosse faculté de rétention et d'oubli, mais provisoire, tout ces arrangements sont là, tapis et ne demandent qu'une occasion pour ressurgir et me rappeler ma misérable misère.
Je suis mort un beau soir d' été 20...
J' avais passé une journée tranquille et j'étais resté à contempler la nuit qui s'installait doucement sur la campagne. Elle m'a pris là sans bruit, sous mon arbre, sans souffrance, j'ai poussé un grand soupir de bien être et mon moi vital s'est envolé et je suis devenu une enveloppe vide.
C'est la factrice qui m'a trouvé le lendemain dans mon hamac, affalé tout couvert de rosée, sous ce platane où j'avais si souvent fini mes journées, ce coup ci j'y avais rendu mon dernier soupir.
Mon fils a été prévenu rapidement et tout c'est engrené comme une machine bien huilée, la morgue, la venue de ma petite famille, la crémation telle que je l'avais exprimé et l'épandage clandestin des cendres, à Brioux sur le pont de la Boutonne.
Mes cendres sont restées quelques instants en surface, très peu chahutées par le courant paisible de la rivière… Elles ont fini par s'écouler lentement au fil de l'eau, un rais de soleil les a suivies jusqu'au premier bosquet de saules situé dans la courbe en infléchissant le cours, direction la Charente et l'Océan.
Christian Vivier-Damiani La Garde, le .....