Petit chat noyé

Petit chat noyé

Pauvre corps pelotonné comme un petit chat

sommeillant rêvant de beaux jours, avec sa famille,

d'un pays où la misère et la guerre n'existent pas

tes beaux yeux noirs pétillants de malice

délavés éteints à présent,

tu es venu t'échouer là sur cette grève de sable fin.

Je t'ai vu tout petit, endormi à jamais,

le museau dans le clapotis de cette mer

qui faillit être ton linceul,

mais non, elle t'a bercé jusqu'au rivage,

pour que tu deviennes à jamais symbole de l'horreur

dont la race humaine est capable,

jamais on n'oubliera ton petit corps pantelant

dans les bras de cet homme immense,

embarrassé de son grand corps qui t'a ramassé,

chiffe molle,

si petit, dégouttant ton eau comme un fluide vital.

Hébété, ahuri, il ne comprend pas ce qui lui arrive

te portant comme une offrande

il aimerait crier mais ne peut pas,

"C'est nous Hommes qui avons fait ça !".

Victime innocente de cette transhumance

qui pousse des milliers d'êtres humains à fuir

l'horreur de la guerre, de la faim, de la misère

vers d'hypothétiques rivages accueillants

au péril de leurs vies, chassés de chez eux, refoulés ici.

Dors petit et saches qu'à jamais tu seras dans nos coeur .

Christian Vivier La Garde le 3 septembre 2015