Réflexions et refus de la communauté municipale de Firavitoba

Texte extrait de la lettre de la communauté municipale de Firavitoba, dans le département colombien de Boyacá, à la Directrice Générale de l’Autorité nationale des licences du Ministère de l’environnement et développement durable (République de Colombie) le 13 novembre 2012.

Objet : Réflexions et refus de la communauté municipale de Firavitoba à propos des activités de la société Maurel & Prom dans l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures dans notre territoire.

Notre communauté, soutenue par le Collectif pour la Protection de l’Environnement de la Province du Sugamuxi, a pris connaissance de la modification de licence environnementale prétendue par la compagnie multinationale Maurel & Prom devant les autorités colombiennes.

La raison de cette lettre est de manifester un rejet total de l’élargissement de ces activités et de la surface affectée dans le département de Boyacá et dans notre village, car elles ont d’ores et déjà causé des sérieux préjudices écologiques et sociaux sur notre territoire paisible et sa richesse naturelle.

Après quelques considérations historiques autour de la lutte des peuples du continent américain pour leur indépendance et quelques réflexions sur les caractéristiques culturelles et économiques de Firavitoba et la province du Sugamuxi dans le contexte colombien, nous considérons un devoir de défendre notre territoire contre l’arrachement de ses résources naturelles, contre l’exploitation de ses gens et contre la détérioration de notre mode de vie.

Conscients de l’importance majeure de l’eau, de la terre, de chaque être vivant pour cette défense nous nous sommes associés ayant comme référence la Constitution de notre pays et espérons recevoir l’aide de nos autorités en tant que colonne vertébrale de la protection des ressources naturels renouvelables.

Nous manifestons notre déception du fait que des institutions centrales ont permis l’entrée de sociétés multinationales qui ont malheureusement initié la destruction de notre histoire et notre patrimoine culturel ainsi que nos ressources naturels. Ces compagnies utilisent leur énorme pouvoir économique pour essayer d’acheter les valeurs de nos gens et détruire nos liens de solidarité centenaires.

Nous élevons nos voix pour protester contre l’invasion soudaine et sans consultation de notre espace vital car nous n’avons jamais eu besoin d’exploiter nos ressources et notre société de façon démesurée et irrationnelle, nous avons vécu en paix et en harmonie loin de toute aide, y compris celle de l’état qui ne nous est proposée que sous forme de promesses en période électorale.

L’initiative que le gouvernement national a appelée des locomotives économiques, jamais consultée aux collectivités territoriales, détruit nos espaces et l’enthousiasme de nos gens ; tout en ravageant nos écosystèmes, elle nous apporte la pauvreté et la destruction du tissu social.

En tant qu’autorité environnementale, votre intervention résolue et immédiate est nécessaire pour empêcher la recolonisation de notre terre. Les institutions comme celle que vous représentez, Madame, doivent être présentes pour assurer le suivi permanent des entreprises et de leurs procédés d’exploitation, pour garantir la sûreté alimentaire de la région et du pays.

Firavitoba se situe à courte distance de centres importants de population. Son patrimoine naturel et son mode de vie calme attirent vers notre commune les habitants de ces agglomérations et une cohabitation harmonieuse se développe ; elle serait mis en cause par les activités à fort impact liés à l’extraction du pétrole qui exigeraient en outre le remplacement de nos modestes infrastructures de transport.

Par conséquent nous exigeons, entre autres mesures, que l’Autorite nationale des licences environnementales s’abstienne de modifier le project « Muisca » de la société Maurel & Prom Colombia B.V. et que la commune de Firavitoba soit exclue de toute activité liée à l’exploitation ou la prospection d’hydrocarbures dans sa vallée.