Auteur : Emmanuel Swedenborg
Traduit du latin par J.-F.-E. Le Boys des Guays sur l'Édition princeps (Amsterdam, 1768)
D'après une édition de 1854
Source : Livres-mystiques.com
83. Il y a deux mondes, le spirituel et le naturel, qui sont absolument distincts. L'un ne tire rien de l'autre, mais ils communiquent seulement par les correspondances dont la qualité a été montrée ailleurs en plusieurs endroits. Ainsi la chaleur dans le monde naturel correspond au bien de la charité dans le monde spirituel, et la lumière dans le monde naturel correspond au vrai de la foi dans le monde spirituel. A première vue, la chaleur et le bien de la charité, la lumière et le vrai de la foi apparaissent absolument distincts, aussi distincts que deux choses complètement différentes, cependant la chaleur spirituelle est ce bien, et la lumière spirituelle est ce vrai. Bien que ces choses soient ainsi distinctes en elles-mêmes, elles font néanmoins un par la correspondance, et le font au point que les esprits et les anges qui sont chez l'homme perçoivent la charité au lieu de la chaleur, et la foi au lieu de la lumière, lorsque l'homme lit ces mots dans la Parole. Cet exemple a été rapporté, afin qu'on sache que les deux mondes, le spirituel et le naturel, sont tellement distincts, qu'ils n'ont rien de commun entre eux, mais qu'ils ont été créés de telle façon qu'ils communiquent et même sont conjoints par les correspondances.
84. Puisque ces deux mondes sont ainsi distincts, on peut voir clairement que le monde spirituel est sous un autre soleil que le monde naturel. Car dans le monde spirituel il y a chaleur et lumière comme dans le monde naturel ; mais la chaleur spirituelle est le bien de la charité, et la lumière spirituelle est le vrai de la foi. Comme la chaleur et la lumière ne peuvent avoir qu'un soleil pour origine, il devient évident que le soleil du monde spirituel est différent de celui du monde naturel. Il devient aussi évident que le soleil du monde spirituel est tel dans son essence, que la chaleur et la lumière spirituelles peuvent exister d'après lui, et que le soleil du monde naturel est tel dans son essence, que la chaleur et la lumière naturelles peuvent exister, d'après lui. Tout ce qui est spirituel se réfère au bien et au vrai, et ne peut venir que du Divin Amour et de la Divine Sagesse, car tout bien appartient à l'amour et tout vrai appartient à la sagesse. Tout homme sage peut voir que tout spirituel n'a pas d'autre origine.
85. On a ignoré jusqu'à présent qu'il y a un autre soleil que celui du monde naturel, parce que l'homme a tellement identifié son spirituel à son naturel, qu'il a perdu la notion du spirituel, et par conséquent n'a plus su qu'il existe un monde spirituel différent du monde naturel, et dans lequel sont les esprits et les anges. Comme le monde spirituel est resté si longtemps caché aux habitants du monde naturel, il a plu au Seigneur d'ouvrir les yeux de mon esprit, afin que je voie les choses qui sont dans ce monde comme je vois celles qui sont dans le monde naturel, et que j'en donne une description, ce qui a été fait dans le traité Le Ciel et l'enfer, où, dans un article spécial, il a aussi été parlé du soleil de ce monde. En effet, je l'ai vu, et il m'est apparu dans une dimension semblable à celle du soleil du monde naturel, il était pareillement igné, mais plus brillant. Il m'a été donné de connaître que le ciel angélique tout entier est sous ce soleil ; et que les anges du troisième ciel le voient continuellement, les anges du second ciel très souvent, et les anges du premier ou dernier ciel quelquefois. On verra dans la suite que toute chaleur et toute lumière chez les anges, ainsi que toutes les choses qui apparaissent dans ce monde proviennent de ce soleil.
86. Ce Soleil n'est pas le Seigneur Lui-même, mais il procède du Seigneur. Il est le Divin Amour et la Divine Sagesse qui procèdent de Lui, et qui apparaissent comme Soleil dans ce monde. Il a été montré dans la première partie, que l'amour et la sagesse dans le Seigneur sont un, il est donc dit que ce Soleil est le Divin Amour ; en effet, la Divine Sagesse appartient au Divin Amour, par conséquent elle est aussi l'Amour.
87. Ce Soleil apparaît devant les yeux des anges comme igné, parce que l'amour et le feu se correspondent. Comme de leurs yeux ils ne peuvent voir l'amour, à sa place ils voient ce qui y correspond. En effet, les anges ont comme les hommes un interne qui pense, qui est sage, veut et aime ; et un externe qui sent, voit, parle et agit. Tous les externes sont des correspondances des internes, mais elles sont spirituelles et non naturelles. Le Divin Amour aussi est senti comme un feu par les spirituels, et pour cette raison, lorsque le feu est nommé dans la Parole il signifie l'amour, et le feu sacré dans l'église israélite le signifiait. Dans les prières qu'on adresse à Dieu, cette formule est aussi couramment employée : Que le feu céleste, c'est-à-dire, que le Divin Amour, embrase les cœurs !
88. Puisqu'une telle différence existe entre le spirituel et le naturel, ainsi qu'il a été montré au N° 83, rien de ce qui procède du Soleil du monde naturel ne peut par conséquent passer dans le monde spirituel, c'est-à-dire, rien de sa lumière et de sa chaleur, ou rien d'aucun objet de la terre la lumière du monde naturel y est obscurité, et sa chaleur y est la mort. Néanmoins la chaleur du monde peut être vivifiée par l'influx de la chaleur du ciel, et la lumière du monde peut être embrasée par l'influx de la lumière du ciel. L'influx se fait par les correspondances, et ne peut se faire par la continuité.
89. Dans le monde spirituel, où sont les anges et les esprits, il y a aussi une chaleur et une lumière, comme dans le monde naturel, où sont les hommes. De même la chaleur est sentie comme chaleur, et la lumière est vue comme lumière. Néanmoins la chaleur et la lumière du monde spirituel et celles du monde naturel n'ont absolument rien de commun, ainsi qu'il a été dit ci-dessus, N°s 83 et suiv., elles diffèrent entre elles comme le vivant et le mort. La chaleur et la lumière du monde spirituel qui procèdent du Soleil qui est pur Amour, sont en elles-mêmes vivantes ; et la chaleur et la lumière du monde naturel qui procèdent du soleil qui est le pur feu, sont en elles-mêmes mortes. De plus l'amour est vivant, et le Divin Amour est la Vie elle-même et le feu est mort, et le feu solaire est la mort elle-même; il peut être appelé ainsi, parce qu'en lui il n'y a absolument rien de la vie.
90. Comme le spirituel convient au spirituel, et le naturel au naturel, les anges, parce qu'ils sont spirituels, ne peuvent vivre dans une autre chaleur et dans une autre lumière que dans la chaleur et la lumière spirituelles, et les hommes ne peuvent vivre dans une autre chaleur et dans une autre lumière que dans une chaleur et une lumière naturelles. Si l'ange recevait la plus petite parcelle de chaleur et de lumière naturelles, il périrait, car cela est en complet désaccord avec sa vie. Chaque homme est un esprit quant aux intérieurs de son mental. Quand l'homme meurt, il sort entièrement du monde de la nature, laisse tout ce qui appartient à la nature, et entre dans un monde où il n'y a rien de la nature. Dans ce monde-là il vit complètement séparé de la nature, au point qu'aucune communication ne peut se faire par la continuité, c'est-à-dire, comme entre un plus pur et un plus grossier, mais il y en a une comme entre un antérieur et un postérieur, et cette communication n'a lieu que par les correspondances. Il s'ensuit que la chaleur et la lumière spirituelles ne sont pas une chaleur et une lumière naturelles plus pures, mais qu'elles sont d'une essence absolument différente, car la chaleur et la lumière spirituelles tirent leur essence du Soleil qui est le pur Amour, donc la Vie même, tandis que la chaleur et la lumière naturelles tirent leur essence du soleil qui est le pur feu, dans lequel il n'y a absolument rien de la vie, comme il a été dit ci-dessus.
91. Puisqu'il y a une telle différence entre la chaleur et la lumière des deux mondes on voit bien clairement pourquoi ceux qui sont dans un monde ne peuvent voir ceux qui sont dans l'autre ; car les yeux de l'homme qui voit d'après la lumière naturelle sont de la substance de son monde, et les yeux de l'ange sont de la substance de son monde, ils sont donc formés de part et d'autre pour recevoir d'une manière adéquate leur lumière. On peut ainsi voir dans quelle profonde ignorance sont ceux qui n'admettent pas que les anges et les esprits soient des hommes, parce qu'ils ne les voient pas de leurs yeux.
92. Jusqu'à présent on a ignoré que les anges et les esprits sont dans une tout autre lumière et une tout autre chaleur que les hommes, on a même ignoré qu'il y a une autre lumière et une autre chaleur. En effet, par la pensée, l'homme n'a pas pénétré au-delà des intérieurs ou des choses plus pures de la nature. En conséquence beaucoup d'hommes se sont figuré que les demeures des anges et des esprits sont dans l'éther, parfois dans les étoiles, ainsi au-dedans de la nature, et non au-dessus ou en-dehors de la nature. Cependant les anges et les esprits sont absolument au-dessus ou en-dehors de la nature, et dans leur monde, qui est sous un autre soleil. Comme dans ce monde les espaces sont des apparences, ainsi qu'il a été démontré ci-dessus, on ne peut par conséquent dire qu'ils sont dans l'éther ni dans les étoiles. En fait, ils sont en compagnie de l'homme, conjoints à son esprit par l'affection et la pensée ; et parce qu'il est esprit, l'homme pense et veut d'après l'esprit. Le monde spirituel est donc là où est l'homme, et nullement distant de lui. En un mot, tout homme, quant aux intérieurs de son mental, est dans le monde spirituel au milieu des esprits et des anges qui y sont, et il pense d'après la lumière de ce monde et aime d'après la chaleur de ce Monde.
mais il est le procédant du Divin Amour et de la Divine Sagesse de Dieu-Homme il en est de même de la chaleur et de la lumière procédant de ce soleil.
93. Par ce Soleil visible pour les anges, d'après lequel ils ont la chaleur et la lumière, il n'est pas entendu le Seigneur Lui-même, mais il est entendu le premier procédant du Seigneur, c'est-à-dire le plus haut degré de la chaleur spirituelle. Le plus haut degré de la chaleur spirituelle est le feu spirituel, qui est le Divin Amour et la Divine Sagesse dans leur première correspondance. Pour cette raison ce Soleil apparaît igné, il apparaît igné pour les anges et non pour les hommes ; le feu qui est feu pour les hommes n'est pas spirituel, mais naturel. Entre le feu spirituel et le feu naturel il y a la même différence qu'entre le vivant et le mort. C'est pourquoi le Soleil spirituel par la chaleur vivifie les êtres spirituels et renouvelle les choses spirituelles. Le soleil naturel agit de même, il est vrai, sur les êtres naturels et sur les choses naturelles, toutefois non d'après lui-même, mais par l'influx de la chaleur spirituelle, à laquelle il porte un secours subsidiaire.
94. Ce feu spirituel dans lequel est aussi la lumière dans son origine, devient une chaleur et une lumière spirituelles qui décroissent en procédant, et le décroissement se fait par des degrés, dont il sera parlé dans la suite. Les anciens l'ont représenté par des cercles brillants de feu et resplendissants de lumière autour de la tête de Dieu ; cette représentation est encore faite aujourd'hui, quand en peinture on présente Dieu comme Homme.
95. D'après l'expérience on voit manifestement, que l'amour produit la chaleur, et la sagesse la lumière. L'homme devient br°lant quand il aime, et voit les choses comme dans la lumière quand il pense d'après la sagesse. Il est donc évident que le premier procédant de l'amour est la chaleur, et que le premier procédant de la sagesse est la lumière. Il est évident que ce sont aussi des correspondances, car la chaleur n'existe pas dans l'amour lui-même ; mais d'après l'amour elle existe dans la volonté et par suite dans le corps ; et la lumière n'existe pas dans la sagesse, mais elle existe dans la pensée de l'entendement et par suite dans le langage. L'amour et la sagesse sont donc l'essence et la vie de la chaleur et de la lumière. La chaleur et la lumière sont des procédants, et comme elles sont des procédants, elles sont aussi des correspondances.
96. Chacun peut savoir en observant les pensées de son mental, que la lumière spirituelle est absolument distincte de la lumière naturelle. Quand le mental pense, que ce soit au milieu de la nuit ou pendant le jour, il voit ses objets dans la lumière, et ceux qui pensent spirituellement voient des vrais. Pour cette raison la lumière se réfère à l'entendement, et on dit de l'entendement qu'il voit, car on dit couramment qu'on voit, c'est-à-dire qu'on comprend ce qu'un autre veut exprimer. L'entendement étant spirituel, ne peut voir d'après la lumière naturelle, parce que la lumière naturelle n'est pas inhérente à l'homme, mais elle s'en va avec le soleil. Il est donc évident que l'entendement jouit d'une lumière différente de celle dont jouit l'œil, et que cette lumière est d'une autre origine.
97. Qu'on se garde de penser que le Soleil du monde spirituel soit Dieu Lui-même. Dieu Lui-même est Homme. Le premier procédant de son Amour et de sa Sagesse est l'igné spirituel qui apparaît devant les anges comme Soleil. C'est pourquoi lorsque le Seigneur se manifeste aux anges en personne, Il se manifeste comme Homme, parfois dans le Soleil et parfois hors du Soleil.
98. D'après cette correspondance, le Seigneur dans la Parole, est appelé non seulement Soleil, mais aussi Feu et Lumière. Par le Soleil est entendu le Seigneur quant au Divin Amour et à la Divine Sagesse ensemble ; par le Feu, le Seigneur quant au Divin Amour ; et par la Lumière, le Seigneur quant à la Divine Sagesse.
99. Dans la première partie, il a été dit comment le Divin Amour et la Divine Sagesse dans le Seigneur font un ; la Chaleur et la Lumière font pareillement un, parce qu'elles en procèdent, et les choses qui en procèdent font un en vertu de la correspondance ; en effet, la chaleur correspond à l'amour et la lumière à la sagesse. En conséquence, comme le Divin Amour est le Divin Etre, et la Divine Sagesse le Divin Exister (voir N°s 14 à 16), de même la Chaleur spirituelle est le Divin procédant du Divin Etre, et la Lumière spirituelle le Divin procédant du Divin Exister. Et comme par cette union le Divin Amour appartient à la Divine Sagesse, et la Divine Sagesse au Divin Amour (voir N°s 34 à 39), de même la Chaleur spirituelle appartient à la Lumière spirituelle, et la Lumière spirituelle à la Chaleur spirituelle ; et parce qu'il y a une telle union, il s'ensuit que la chaleur et la lumière en procédant du Seigneur comme Soleil sont un. Mais, dans la suite, on verra qu'ils ne sont pas reçus comme un par les anges ni par les hommes.
100. La chaleur et la lumière qui procèdent du Seigneur comme soleil, sont ce qui est éminemment appelé le spirituel, et elles sont appelées le spirituel au singulier, parce qu'elles sont un. Ainsi lorsqu'il est dit le spirituel dans ce qui suit, il est entendu l'une et l'autre ensemble. C'est à cause de ce spirituel que tout ce monde est appelé spirituel. Toutes les choses de ce monde tirent leur origine de ce spirituel, et par suite leur dénomination. Cette chaleur et cette lumière sont appelées le spirituel, parce que Dieu est appelé Esprit, et Dieu comme Esprit est ce Procédant. Dieu d'après son Essence Même est appelé Jéhovah ; mais par ce Procédant, il vivifie et illustre les anges du ciel et les hommes de l'église. Pour cette raison il est dit que la vivification et l'illustration sont faites par l'Esprit de Jéhovah.
101. Que la chaleur et la lumière, c'est-à-dire, le spirituel procédant du Seigneur comme soleil, fassent un, on peut le démontrer par la chaleur et la lumière qui procèdent du soleil du monde naturel. Ces deux dernières aussi font un en sortant du soleil ; pourtant elles ne font pas un sur terre, non à cause du soleil, mais à cause de la terre, car celle-ci tourne chaque jour autour de son axe dans sa révolution autour du Soleil, ce qui donne l'apparence que la chaleur et la lumière ne font pas un, puisqu'en été il y a plus de chaleur que de lumière, et en hiver plus de lumière que de chaleur. Une certaine inégalité existe aussi dans le monde spirituel ; là, cependant le mouvement de rotation et le mouvernent de révolution n'ont pas lieu, mais les anges se tournent plus ou moins vers le Seigneur. Ceux qui se tournent davantage vers Lui reçoivent plus de chaleur et moins de lumière, et ceux qui se tournent moins reçoivent plus de lumière et moins de chaleur. Il en découle que les Cieux, qui se composent d'anges, ont été distingués en deux royaumes, dont l'un est appelé céleste, et l'autre spirituel. Les anges célestes reçoivent plus de chaleur, et les anges spirituels plus de lumière. De plus, les contrées dans lesquelles ils habitent varient en apparence selon la réception de la chaleur et de la lumière par eux. La correspondance est complète, pourvu qu'au lieu du mouvement de la terre on prenne le changement de l'état des anges.
102. On verra dans la suite que tous les spirituels qui tirent leur origine de la chaleur et de la lumière de leur soleil, font aussi pareillement un, lorsqu'ils sont considérés en eux-mêmes, mais considérés comme procédant des affections des anges, ils ne font pas un. Quand la chaleur et la lumière font un dans les cieux, c'est comme la saison du Printemps chez les anges ; mais quand elles ne font pas un, c'est comme un temps d'été ou un temps d'hiver, non comme un temps d'hiver dans les zones froides, mais comme un temps d'hiver dans les zones chaudes. Ainsi la réceptionde l'amour et de la sagesse en égale quantité, est l'état angélique même, et l'ange est donc ange du ciel selon l'union de l'amour et de la sagesse chez lui. Il en est de même de l'homme de l'église lorsque l'amour et la sagesse, c'est-à-dire, la charité et la foi, font un chez lui.
103. La plupart des hommes emportent avec eux du monde, l'idée que Dieu est au-dessus de la tête, en haut, et que le Seigneur est dans le ciel parmi les anges. Ils emportent cette idée de Dieu, parce que Dieu dans la Parole est appelé le Très-Haut, et qu'il est dit qu'Il habite en haut. Ainsi lorsqu'ils supplient et adorent, ils lèvent les yeux et les mains ne sachant pas que le Très-Haut signifie l'intime. Ils emportent l'idée que le Seigneur est dans le ciel parmi les anges, parce que certains pensent de Lui comme d'un homme et d'autres comme d'un ange, ne sachant pas que le Seigneur est le Dieu Même et Unique qui gouverne l'univers. S'Il était parmi les anges dans le ciel, Il ne pourrait pas avoir l'univers sous son regard, sous son auspice et sous son gouvernement. S'Il ne brillait pas comme Soleil devant les habitants du monde spirituel, ceux-ci ne pourraient avoir aucune lumière, car étant spirituels, seule la lumière spirituelle convient à leur essence. On verra ci-dessous quand il s'agira des degrés, qu'il y a dans les cieux une lumière qui surpasse immensément celle de la terre.
104. Le Soleil, d'après lequel les anges reçoivent la lumière et la chaleur, apparaît au-dessus des terres qu'habitent les anges, à une hauteur moyenne de quarante-cinq degrés, et en outre distant d'eux comme le soleil du monde apparaît distant des hommes. Ce Soleil apparaît toujours à cette hauteur et à cette distance et ne se déplace pas. C'est pourquoi les anges n'ont pas de temps divisé en jours et en années, ni de progression du jour allant du matin vers le midi, le soir et la nuit, ni de progression de l'année allant du printemps vers l'été, l'automne et l'hiver. Mais il y a une perpétuelle lumière et un perpétuel printemps ; en conséquence, au lieu des temps, il y a des états, ainsi qu'il a déjà été dit.
105. Le Soleil du monde spirituel apparaît à une hauteur moyenne, principalement pour les raisons suivantes : Premièrement, la chaleur et la lumière qui procèdent de ce soleil sont ainsi d'une intensité moyenne, en conséquence également proportionnées, donc convenablement tempérées. Si le soleil apparaissait au-dessus de la hauteur moyenne, il serait perçu plus de chaleur que de lumière, et s'il apparaissait au-dessous, il serait perçu plus de lumière que de chaleur, comme c'est le cas sur terre lorsque le soleil est au-dessus ou au-dessous du milieu du ciel ; car la lumière reste la même en été et en hiver, mais la chaleur augmente ou diminue selon les degrés de hauteur du soleil. Secondement, afin qu'il y ait ainsi dans tous les cieux angéliques, un perpétuel printemps, d'après lequel les anges sont dans un état depaix, car cet état correspond à la saison du printemps sur terre. Troisièmement, les anges peuvent ainsi tourner continuellement leurs faces vers le Seigneur, et Le contempler de leurs yeux ; car de quelque côté que les anges se tournent, ils ont l'Orient, ainsi le Seigneur devant leurs faces. C'est une particularité de ce monde, qui n'aurait pas lieu si le Soleil apparaissait au-dessus ou au-dessous de la hauteur moyenne, et à plus forte raison s'il apparaissait au zénith.
106. Si le Soleil du monde spirituel n'apparaissait distant des anges, comme le soleil du monde naturel l'est des hommes, tout le ciel angélique, et sous lui l'enfer, et sous l'un et l'autre notre globe terrestre, ne seraient pas sous le regard, les auspices, l'omniprésence, l'omniscience, la toute puissance et la providence du Seigneur. Il peut être comparé au soleil de notre monde. Si celui-ci n'était pas à une telle distance de la terre, où il apparaît, il ne pourrait être présent ni puissant par la chaleur et la lumière sur toute la terre, ainsi il ne pourrait fournir un secours subsidiaire au Soleil du monde spirituel.
107. Il est très important de savoir qu'il y a deux soleils, l'un spirituel pour ceux qui sont dans le monde spirituel, et l'autrenaturel pour ceux qui sont dans le monde naturel. Si On ne le sait pas, on ne peut rien comprendre avec justesse sur la création et sur l'homme, sujets qui seront traités ci-dessous. On peut, il est vrai, voir les effets, mais si les causes des effets ne sont pas vues en même temps, les effets n'apparaissent qu'obscurément.
108. Toutes les illusions, qui règnent chez les méchants et chez les simples, ont leur origine dans des apparences confirmées. Tant que les apparences restent des apparences, elles sont des vérités apparentes, selon lesquelles chacun peut penser et parler, mais quand elles sont reçues comme des vérités mêmes, ce qui arrive quand elles sont confirmées, alors les vérités apparentes deviennent des faussetés et des illusions. Par exemple, c'est une apparence, que le soleil tourne chaque jour autour de la terre et s'avance pendant l'année selon l'écliptique. Chacun peut penser et parler selon cette vérité apparente tant qu'elle n'est pas confirmée. On peut dire que le soleil se lève et se couche, qu'il fait ainsi le matin, le midi, le soir et la nuit, qu'il est maintenant dans tel ou tel degré de l'écliptique ou de sa hauteur, et fait ainsi le printemps, l'été, l'automne et l'hiver. Mais quand on confirme que cette apparence est la vérité même, celui qui le confirme pense et dit une fausseté d'après une illusion. Il en est de même des autres apparences qui sont innombrables non seulement dans les choses naturelles, civiques et morales, mais aussi dans les choses spirituelles.
109. Il en est de même de la distance du Soleil du monde spirituel, soleil qui est le premier procédant du Divin Amour et de la Divine Sagesse du Seigneur. La vérité est qu'il n'y a aucune distance, mais que la distance est une apparence selon le degré de réception du Divin Amour et de la Divine Sagesse par les anges. On peut voir d'après ce qui a été démontré ci-dessus, que les distances dans le monde spirituel sont des apparences, par exemple, N°s 7 à 9, que le Divin n'est pas dans l'espace ; et N°s 69 à 72, que le Divin remplit tous les espaces sans espace . Or s'il n'y a pas d'espaces, il n'y a pas non plus de distances, ou, ce qui est la même chose, si les espaces sont des apparences, les distances sont aussi des apparences, car les distances appartiennent à l'espace.
110. Le Soleil du monde spirituel apparaît à une certaine distance des anges, parce que le Divin Amour et la Divine Sagesse sont reçus par eux dans le degré de chaleur et de lumière qui convient à leur état. Car l'ange, parce qu'il est créé et fini, ne peut recevoir le Seigneur dans le premier degré de chaleur et de lumière, tel qu'il est dans le Soleil, car alors l'ange serait entièrement consumé. Le Seigneur est donc reçu par eux dans un degré de chaleur et de lumière correspondant à leur amour et à leur sagesse. Voici un exemple pour illustrer ce qui précède : Un ange du dernier Ciel ne peut monter vers les anges du troisième Ciel, car s'il le fait et entre dans leur ciel, il tombe comme en défaillance, et sa vie est comme en lutte avec la mort, parce que chez lui, le degré d'amour et de sagesse est moindre, et que la chaleur de son amour et la lumière de sa sagesse sont dans ce même degré. Que serait-ce alors si un ange montait jusqu'au soleil et entrait dans son feu ?
Les différences de réception du Seigneur par les anges font aussi que les cieux apparaissent distincts entre eux. Le Ciel suprême appelé troisième ciel, apparait au-dessus du second et celui-ci au-dessus du premier. Les cieux ne sont pas distants l'un de l'autre mais ils semblent l'être, car le Seigneur est présent chez ceux qui sont dans le dernier ciel, comme Il l'est chez ceux qui sont dans le troisième. Ce qui cause l'apparence de la distance n'est pas dans le Seigneur, mais dans les sujets qui sont les anges.
111. L'idée naturelle ne peut facilement saisir qu'il en est ainsi, parce qu'en elle il y a l'espace ; mais l'idée spirituelle, dans laquelle sont les anges, peut le saisir, parce qu'en elle il n'y a pas d'espace. Néanmoins, on peut comprendre par l'idée naturelle que l'Amour et la Sagesse, ou ce qui revient au même, que le Seigneur qui est le Divin Amour et la Divine Sagesse, ne peut s'avancer par des espaces, mais qu'Il est en chacun selon la réception. Dans Matthieu XXVIII, 20, le Seigneur enseigne qu'Il est présent chez tous ; et dans Jean XIV, 23, qu'Il fait sa demeure chez ceux qui L'aiment.
112. Mais cela ayant été confirmé par les cieux et par les anges, peut être considéré comme d'une sagesse trop élevée ; néanmoins il en est de même pour les hommes. Les hommes, quant aux intérieurs de leur mental, sont réchauffés par le Soleil du monde spirituel et sont éclairés par sa lumière, en tant qu'ils reçoivent du Seigneur l'amour et la sagesse. A la différence des anges qui sont seulement sous ce Soleil les hommes sont non seulement sous ce soleil, mais aussi sous le soleil du monde ; car les corps des hommes ne peuvent exister ni subsister que sous l'un et l'autre soleil ; il en est autrement des anges qui ont des corps spirituels.
113. Parce que le ciel est appelé habitacle de Dieu, et aussi trône de Dieu, on croit que Dieu y est, comme un roi est dans son royaume. Mais Dieu, c'est-à-dire le Seigneur, est dans le Soleil au-dessus des cieux, et par sa présence dans la chaleur et dans la lumière Il est dans les cieux, ainsi qu'il a été montré dans les deux articles précédents. Bien que le Seigneur soit de cette manière présent dans le ciel, Il y est néanmoins comme en Soi ; car ainsi qu'il a été démontré, N°s 108 à 112, la distance entre le Soleil et le ciel n'est pas une distance, mais elle est une apparence de distance. Et puisque cette distance n'est qu'une apparence, il s'ensuit que le Seigneur Lui-même est dans le ciel, car Il est dans l'amour et dans la sagesse des anges ; et puisqu'il est dans l'amour et dans la sagesse de tous les anges, et que les anges constituent le ciel, Il est dans tout le ciel.
114. Le Seigneur est non seulement dans le ciel, mais Il est aussi le ciel même, parce que l'amour et la sagesse font l'ange, et que ces deux choses appartiennent au Seigneur chez les anges ; il s'ensuit que le Seigneur est le ciel. En effet les anges ne sont pas anges par leur propre, qui est absolument comme celui de l'homme, propre qui est le mal. Il en est ainsi, parce que tous les anges ont été des hommes, et que ce propre leur est inhérent par naissance. Il est seulement éloigné, et dans la mesure où il l'est, les anges reçoivent l'amour et la sagesse, c'est-à-dire le Seigneur en eux. Chacun peut voir, pour peu qu'il élève son entendement, que le Seigneur ne peut habiter chez les anges que dans ce qui Lui appartient, c'est-à-dire, dans Son propre, qui est l'amour et la sagesse, et nullement dans celui des anges, qui est le mal. Il s'ensuit que dans la mesure où le mal est éloigné, le Seigneur est en eux, et qu'ils sont anges dans cette même mesure. L'angélique même du ciel est le Divin Amour et la Divine Sagesse ; ce Divin est appelé angélique lorsqu'il est dans les anges. Il est donc de nouveau évident que les anges sont des anges par le Seigneur, et non par eux-mêmes ; par conséquent le ciel aussi est ciel par le Seigneur
115. Mais on ne peut comprendre comment le Seigneur est dans l'ange, et l'ange dans le Seigneur, si l'on ne connait pas la nature de leur conjonction. Il y a conjonction du Seigneur avec l'ange, et de l'ange avec le Seigneur ; elle est donc réciproque. L'ange, pareillement à l'homme, ne perçoit pas autrement, sinon qu'il est dans l'amour et dans la sagesse par lui-même, et par conséquent comme si l'amour et la sagesse lui appartenaient, ou étaient siens. S'il n'en était pas ainsi, il n'y aurait aucune conjonction, et le Seigneur ne serait pas en lui, ni lui dans le Seigneur. Il n'est pas non plus possible que le Seigneur soit dans un ange ou dans un homme, à moins que celui dans lequel Il est avec l'amour et la sagesse, ne perçoive et ne sente cette présence comme sienne. Par ce moyen, le Seigneur est non seulement reçu, mais retenu après avoir été reçu, et en outre aimé en retour. Par ce moyen aussi l'ange est sage et reste sage ; car personne ne peut vouloir aimer le Seigneur et le prochain, et vouloir être sage, s'il ne sent et ne perçoit comme sien ce qu'il aime, apprend et reçoit. Personne ne peut autrement retenir cela chez soi. S'il n'en était ainsi, l'amour et la sagesse qui influent n'auraient aucun réceptacle, car ils se répandraient et n'affecteraient pas. Par conséquent l'ange ne serait pas ange, l'homme ne serait pas homme, il serait comme un objet inanimé. D'après ces explications, on peut voir que sans la réciprocité il ne peut y avoir de conjonction.
116. Il sera maintenant expliqué comment un ange perçoit et sent comme sien, et ainsi reçoit et retient ce qui, cependant, ne lui appartient pas ; car il a été dit ci-dessus que l'ange est ange non par ce qui lui appartient, mais par les choses qui chez lui viennent du Seigneur. Tout ange possède la liberté et la rationalité ; il les possède afin d'être susceptible de recevoir l'amour et la sagesse qui procèdent du Seigneur. Mais l'une et l'autre, tant la liberté que la rationalité ne lui appartiennent pas, elles appartiennent au Seigneur chez lui. Cependant elles apparaissent comme ses propres, parce que ces deux choses ont été intimement conjointes à sa vie, et si intimement, qu'on peut les dire jointes dans sa vie. D'après elles il peut penser et vouloir, parler et agir, et ce qu'il pense, veut, dit et fait d'après elles, apparaît comme si c'était d'après lui-meme. Ce fait produit la réciprocité, par laquelle il y a la conjonction. Néanmoins dans la mesure où l'ange croit que l'amour et la sagesse sont en lui, et ainsi se les attribue comme siens, il n'est pas dans l'état angélique, et n'est pas dans la conjonction avec le Seigneur,car il n'est pas dans la vérité. Ainsi il ne peut être dans le ciel, puisque la vérité fait un avec la lumière du ciel. En s'attribuant l'amour et la sagesse il nie qu'il vit par le Seigneur, et croit qu'il vit par lui-même, par conséquent qu'il possède la Divine Essence. La liberté et la rationalité sont les deux choses qui constituent la vie appelée angélique et humaine. Ces explications font voir que dans le but de conjonction avec le Seigneur, l'ange a la faculté de réciprocité, mais que considérée en elle-même, celle-ci appartient au Seigneur et non à l'ange. En conséquence, s'il abuse de cette réciprocité, par laquelle il perçoit et sent comme sien ce qui est au Seigneur et non à l'ange, ce qui arrive quand il se l'approprie, il déchoit de l'état angélique. Le Seigneur enseigne Lui-même dans Jean (XIV, 20 à 24 et XV, 4, 5, 6) que la conjonction est réciproque ; on voit aussi dans Jean XV, 7 que la conjonction du Seigneur avec l'homme, et de l'homme avec le Seigneur, se fait dans les choses qui appartiennent au Seigneur et, qui sont appelées ses paroles.
117. Certaines personnes croient qu'Adam a été dans une liberté ou un libre arbitre tel, qu'il a pu d'après lui-même aimer Dieu et être sage, et que ce libre arbitre a été entièrement perdu dans ses descendants. Mais c'est là une erreur, car l'homme n'est pas la vie, il est un réceptacle de la vie, voir ci-dessus N°s 4 à 6, 55 à 60. Celui qui est le réceptacle de la vie ne peut ni aimer ni être sage d'après quelque chose à soi : aussi Adam, quand il a voulu aimer et être sage d'après lui-même, a été déchu de la sagesse et de l'amour, et a-t-il été chassé du Paradis.
118. Ce qui vient d'être dit de l'ange, doit pareillement être dit du ciel qui se compose d'anges, puisque le Divin est le même dans les très grands et dans les très petits, ainsi qu'il a été démontré ci-dessus, N°s 77 à 82. Il en est de même de l'homme et de l'Eglise, car l'ange du ciel et l'homme de l'église font un par la conjonction. En fait l'homme de l'église, quand aux intérieurs qui appartiennent à son mental, est un ange ; mais par l'homme de l'église il est entendu l'homme dans lequel il y a l'église.
119. Après avoir décrit le Soleil du monde spirituel et son essence, sa chaleur et sa lumière, et la présence du Seigneur provenant de ce Soleil, il sera maintenant parlé des régions de ce monde. Il est traité de ce Soleil et de ce monde parce qu'il est traité de Dieu, et de l'Amour et de la Sagesse. Or traiter ces sujets autrement que d'après l'origine elle-même, ce serait le faire d'après les effets et non d'après les causes. Comme les effets n'enseignent que des effets, examinés seuls ils ne mettent en évidence aucune cause ; et les causes révèlent les effets. Connaître les effets d'après les causes, c'est être sage ; au contraire, rechercher les causes d'après les effets, c'est ne pas être sage, parce qu'alors il se présente des illusions qui sont appelées causes par celui qui fait des recherches, et la sagesse est ainsi transformée en fausseté. Les causes sont les antérieurs, et les effets sont les postérieurs ; et on ne peut voir les antérieurs d'après les postérieurs, mais on peut voir les postérieurs d'après les antérieurs. Tel est l'ordre. Pour cette raison il est d'abord traité du monde spirituel où sont toutes les causes, et ensuite du monde naturel, où toutes les choses qui apparaissent sont des effets.
120. Dans le monde spirituel il y a des régions comme dans le monde naturel, mais elles sont spirituelles et si différentes des naturelles, qu'entre elles il n'y a rien de commun. Dans l'un et dans l'autre monde il y a quatre régions appelées orient, occident, midi et septentrion. Dans le monde naturel, ces quatre régions sont constantes, déterminées par le soleil à midi ; à l'opposé du midi est le septentrion, à l'un des côtés est l'orient et à l'autre l'occident. Ces régions sont déterminées par le méridien de chaque lieu, car la position du soleil au méridien de chaque endroit est toujours la même, et par conséquent fixe. Il en est autrement dans le monde spirituel où les régions sont déterminées par le Soleil qui apparaît toujours à sa place, à l'orient. La détermination des régions dans ce monde n'est donc pas d'après le midi ou le sud comme dans le monde naturel mais elle est d'après l'orient ; à l'opposé est l'occident, à l'un des côtés le sud et à l'autre le septentrion. Mais on verra dans la suite que ces régions sont déterminées par les habitants du monde spirituel, qui sont les anges et les esprits, et non par le Soleil de ce monde.
121. Puisque ces régions d'après leur origine, qui est le Seigneur comme Soleil, sont spirituelles, les demeures des anges et des esprits, qui sont toutes selon ces régions, sont par conséquent spirituelles. Elles le sont, parce que les anges et les esprits ont leur demeure selon les réceptions de l'amour et de la sagesse procédant du Seigneur. Ceux qui sont dans un plus haut degré d'amour habitent à l'orient ; ceux qui sont dans un moindre degré d'amour habitent à l'occident ; ceux qui sont dans un plus haut degré de sagesse habitent au sud ; et ceux qui sont dans un moindre degré de sagesse habitent au septentrion. Il s'ensuit que dans la Parole, l'orient dans le sens suprême, signifie le Seigneur, et dans le sens relatif l'amour envers Lui ; et l'occident un amour décroissant envers Lui ; le sud signifie la sagesse dans la lumière, et le septentrion la sagesse dans l'ombre ; ou de semblables choses relativement à l'état de ceux dont il s'agit.
122. Puisque toutes les régions dans le monde spirituel sont déterminées d'après l'orient, et que l'orient dans le sens suprême signifie le Seigneur, et aussi le Divin Amour, il est évident que toutes choses procèdent du Seigneur et de l'Amour envers Lui. Il est aussi évident que dans la mesure où quelqu'un n'est pas dans cet amour, il est éloigné du Seigneur, et habite à l'occident, au sud ou au septentrion, à des distances correspondant à la réception de l'amour.
123. Parce que le Seigneur comme Soleil est constamment à l'Orient, les anciens, pour qui toutes les choses du culte étaient des représentatifs des spirituels, tournaient leurs faces vers l'orient dans leurs adorations. Pour faire de même dans leur culte, ils orientaient leurs temples de ce côté, et cette habitude se perpétue jusqu'à nos jours.
124. Il a été dit que les anges habitent différentes régions ceux qui sont dans un plus haut degré d'amour sont dans la région orientale, ceux qui sont dans un moindre degré d'amour dans la région occidentale, ceux qui sont dans la lumière de la sagesse dans la région méridionale et ceux qui sont dans l'ombre de la sagesse dans la région septentrionale. Cette diversité d'habitations semble provenir du Seigneur comme Soleil, cependant elle provient des anges. Le Seigneur n'est pas dans un plus ou moins grand degré d'amour et de sagesse, c'est-à-dire que Lui-Même comme Soleil n'est pas dans un plus ou moins grand degré de chaleur et de lumière chez l'un ou chez l'autre, car Il est partout le même, mais Il n'est pas reçu par chacun dans le même degré. De ce fait les anges apparaissent plus ou moins éloignés les uns des autres, et différents aussi selon les régions. Il en résulte que les régions dans le monde spirituel ne sont que les réceptions variées de l'amour et de la sagesse, et par conséquent de la chaleur et de la lumière qui procèdent du Seigneur comme Soleil. On voit clairement qu'il en est ainsi d'après ce qui a été démontré ci-dessus, aux N°s 108 à 112, que les distances dans le monde spirituel sont des apparences.
125. Puisque les régions sont les réceptions différentes de l'amour et de la sagesse par les anges, il sera parlé de la différence d'après laquelle cette apparence existe. Le Seigneur est dans l'ange et l'ange est dans le Seigneur, ainsi qu'il a été montré dans l'article précédent. Mais parce qu'il semble que le Seigneur comme Soleil soit hors de l'ange, il semble aussi que le Seigneur le voit du Soleil, et que lui, voit le Seigneur dans le Soleil, ce qui est à peu près comme l'image qui se présente dans le miroir. S'il faut parler d'après cette apparence, il sera dit que le Seigneur voit et regarde chacun en face, mais il n'en est pas ainsi pour les anges à l'égard du Seigneur. Ceux qui sont parle Seigneur dans l'amour envers lui, Le voient directement, aussi sont-ils à l'orient et à l'occident. Mais ceux qui sont davantage dans la sagesse voient le Seigneur obliquement à droite et sont au sud, et ceux qui sont dans un moindre degré de sagesse Le voient obliquement à gauche, et sont au septentrion. Ils Le voient obliquement, parce que l'amour et la sagesse, bien qu'ils procèdent du Seigneur comme un, ne sont pas reçus comme un par les anges, ainsi qu'il a été dit ci-dessus et que la partie de sagesse reçue en excès apparait, il est vrai, comme sagesse, mais ne l'est pas, parce qu'en elle il n'y a pas la vie procédant de l'amour. Ces explications font voir clairement d'où vient la différence de réception, d'après laquelle les habitations des anges apparaissent selon les régions dans le monde spirituel.
126. On peut voir que la réception différente de l'amour et de la sagesse fait la région dans le monde spirituel, en ce que l'ange change de région selon l'accroissement et le décroissement de l'amour chez lui, d'où il est évident que la région provient non du Seigneur comme Soleil, mais de l'ange selon la réception. Il en est de même de l'homme quant à son esprit. Il est quant à l'esprit dans une des régions du monde spirituel, quelle que soit la région qu'il habite dans le monde naturel ; car ainsi qu'il a été dit ci-dessus, les régions du monde spirituel n'ont rien de commun avec celles du monde naturel. L'homme est dans celles-ci quant au corps, et dans celles-là quant à l'esprit.
127. Pour que l'amour et la sagesse fassent un chez l'ange et chez l'homme, tout est par paires dans toutes les parties de son corps. Il y a deux yeux et deux narines ; deux mains, deux jambes et deux pieds ; le cerveau a été divisé en deux hémisphères, le cœur en deux chambres, le poumon en deux lobes ; il en est de même des autres parties. Ainsi dans l'ange et dans l'homme il y a une droite et une gauche. Toutes les parties droites se réfèrent à l'amour d'où procède la sagesse, et toutes les parties gauches à la sagesse procédant de l'amour, ou, ce qui est la même chose, toutes les parties droites se réfèrent au bien d'où procède le vrai, et toutes les parties gauches au vrai procédant du bien. L'ange et l'homme ont ces paires, pour que l'amour et la sagesse, ou le bien et le vrai agissent comme un, et comme un se tournent vers le Seigneur. Dans la suite il en sera dit davantage sur ce sujet.
128. Ces explications font voir dans quelle illusion et par suite dans quelle fausseté sont ceux qui croient que le Seigneur donne à son gré le ciel, ou qu'Il donne à son gré à l'un d'être plus sage et d'aimer plus qu'un autre. Cependant le Seigneur veut que tous soient également sages et sauvés, car Il pourvoit à des moyens pour tous. Chacun, selon qu'il reçoit ces moyens et y conforme sa vie, est sage et est sauvé, car le Seigneur est le même pour tous ; mais les réceptacles qui sont les anges et les hommes, sont différents en raison d'une réception différente et d'une vie différente. On peut voir qu'il en est ainsi par ce qui vient d'être dit des régions et des demeures des anges selon les régions, à savoir, que cette différence provient non du Seigneur, mais de ceux qui reçoivent
129. Tout ce qui est dit ici des anges qui tournent leur face vers le Seigneur comme Soleil, doit aussi être entendu de l'homme quant à son esprit ; car l'homme quant à son mental est un esprit, et s'il est dans l'amour et la sagesse, il est un ange. Il s'ensuit qu'après la mort, lorsqu'il a dépouillé ses externes qu'il avait tirés du monde naturel, il devient esprit ou ange. Parce que les anges tournent continuellement la face vers le Soleil à l'orient, ainsi vers le Seigneur, il est dit aussi de l'homme qui est par le Seigneur dans l'amour et la sagesse, qu'il voit Dieu, qu'il tourne ses regards vers Dieu, qu'il a Dieu devant les yeux, expressions par lesquelles il est entendu qu'il vit comme un ange. On s'exprime ainsi dans le monde, parce que tes attitudes existent en actualité dans le ciel, et aussi en actualité dans l'esprit de l'homme ; car tout homme qui prie, a Dieu devant lui, quelle que soit la région vers laquelle est tournée sa face.
130. Les anges tournent continuellement leur face vers le Seigneur comme Soleil, parce qu'ils sont dans le Seigneur, et que le Seigneur est en eux, et parce que le Seigneur conduit intérieurement leurs affections et leurs pensées, et les tourne constamment vers Lui. Ainsi ils ne peuvent faire autrement que de regarder vers l'orient où le Seigneur apparait comme Soleil. Il est donc évident que les anges ne se tournent pas vers le Seigneur, mais que le Seigneur les tourne vers Lui. En effet, quand les anges pensent intérieurement au Seigneur, ils pensent toujours à Lui comme étant en eux. La pensée intérieure elle-même ne fait pas la distance, mais la pensée extérieure qui fait un avec la vue des yeux, produit la distance, parce qu'elle est dans l'espace. Mais la pensée intérieure qui n'est pas dans l'espace, comme dans le monde spirituel, est néanmoins dans l'apparence de l'espace. Ces choses ne peuvent être facilement comprises par l'homme qui pense à Dieu d'après l'espace, car Dieu est partout, et cependant Il n'est pas dans l'espace. Ainsi Il est tant en dedans qu'en dehors de l'ange, et par suite l'ange peut voir Dieu, c'est-à-dire le Seigneur en dedans de soi quand il pense d'après l'amour et la sagesse, et en dehors de soi quand il pense à l'amour et la sagesse. Il sera parlé spécialement de ce sujet dans les traités sur l'Omniprésence, l'Omniscience, et la Toute-Puissance du Seigneur. Que chacun se garde bien de tomber dans cette exécrable hérésie, que Dieu s'est infusé dans les hommes et qu'il est en eux, et n'est plus en Soi, car Dieu est partout tant en dedans qu'en dehors de l'homme, puisqu'Il est dans tout espace sans espace, comme il a été montré ci-dessus, aux N°s 7 à 10, et 69 à 72 ; car s'Il était dans l'homme Il serait non seulement divisible, mais encore renfermé dans l'espace ; bien plus, l'homme pourrait penser qu'il est Dieu. Cette hérésie est si abominable, que dans le monde spirituel elle sent le cadavre.
131. Les anges se tournent vers le Seigneur de telle façon, que dans toute orientation de leur corps ils ont le Seigneur comme Soleil devant eux. L'ange peut se tourner de tous les côtés, et voir ainsi les différents objets qui sont autour de lui, néanmoins le Seigneur comme Soleil apparaît continuellement devant sa face. Cela peut paraître étonnant, cependant c'est la vérité. Il m'a aussi été donné de voir ainsi le Seigneur comme Soleil. Je Le vois maintenant devant ma face, et je L'ai vu pareillement pendant plusieurs années sans égard à la région du monde vers laquelle j'étais tourné.
132. Puisque le Seigneur comme Soleil, et ainsi l'Orient, est devant les faces de tous les anges, il s'ensuit qu'ils ont le midi à droite, le septentrion à gauche et l'occident derrière eux ; par conséquent il en est de même, dans toute orientation de leur corps, car, ainsi qu'il a déjà été dit toutes les régions dans le monde spirituel ont été déteriminées par l'orient. C'est pourquoi ceux qui ont l'orient devant les yeux sont dans ces régions mêmes, et bien plus, ce sont eux qui déterminent ces régions. En effet, ainsi qu'il a été montré ci-dessus, N°s 124 à 128, les régions proviennent non du Seigneur comme Soleil, mais des anges selon la réception.
133. Or, puisque le ciel se compose d'anges, et que les anges sont d'une telle nature, il s'ensuit que le ciel tout entier se tourne vers le Seigneur, et que par cette convergence le ciel est gouverné comme un seul homme par le Seigneur, qui le voit aussi comme un seul homme. On voit dans le traité Le ciel et l'enfer, N°s 59 à 87, que le ciel est comme un seul homme sous le regard du Seigneur. Il en est de même pour les régions du ciel.
134. Puisque les régions sont comme inscrites dans l'ange et aussi dans le ciel tout entier, l'ange, où qu'il aille, contrairement à l'homme dans le monde, connaît sa maison et son habitation. L'homme ne connaît ni sa maison ni son habitation d'après la région spirituelle en lui, parce qu'il pense d'après l'espace, ainsi d'après les régions du monde naturel, qui n'ont rien de commun avec celles du monde spirituel. Néanmoins une telle connaissance a été implantée chez les oiseaux et les animaux. De nombreuses observations nous le font voir et sont des indices qu'il en est de même dans le monde spirituel, car toutes les choses qui existent dans le monde naturel sont des effets, et toutes celles qui existent dans le monde spirituel sont les causes de ces effets. Aucun naturel ne peut prendre forme sans sa cause qui est spirituelle.
135. Les anges ont un entendement et une volonté, ils ont une face et un corps. Ils ont aussi les choses intérieures de l'entendement et de la volonté qui sont les choses qui appartiennent à leur affection et à leur pensée intérieures, les choses intérieures de la face qui sont les cerveaux, et les choses intérieures du corps qui sont les viscères dont les principaux sont le cœur et le poumon. En un mot, les anges ont toutes et chacune des choses qui sont chez les hommes sur terre, et c'est par elles que les anges sont des hommes. La forme externe sans ces internes ne fait pas d'eux des hommes, mais la forme externe jointe à ces internes, ou plutôt provenant de ces internes, le fait. Car autrement, ils seraient seulement des images d'homme, dans lesquelles il n'y aurait pas la vie, parce qu'en dedans il n'y aurait pas la forme de la vie.
136. On sait que la volonté et l'entendement gouvernent le corps à leur gré, car ce que l'entendement pense la bouche le prononce, et ce que la volonté veut le corps le fait. Il est donc évident que le corps est la forme qui correspond à l'entendement et à la volonté. Et parce que la forme se dit aussi de l'entendement et de la volonté, il est de même évident que la forme du corps correspond à celle de l'entendement et de la volonté. Mais ces formes respectives ne sauraient être décrites ici. Il y a dans chacune de ces formes des choses innombrables qui agissent comme un, parce qu'elles se correspondent mutuellement. Il en découle que le mental, c'est-à-dire la volonté et l'entendement, gouverne le corps à son gré, ainsi absolument comme il se gouverne lui-même. Il s'ensuit que les intérieurs du mental font un avec les intérieurs du corps, et que les extérieurs du mental font un avec les extérieurs du corps. Il sera parlé plus loin des intérieurs du mental, ainsi que des intérieurs du corps, lorsque les degrés de la vie auront été traités.
137. Puisque les intérieurs du mental font un avec les intérieurs du corps, il s'ensuit que lorsque les intérieurs du mental se tournent vers le Seigneur comme Soleil, les intérieurs du corps font aussi de même ; et puisque les extérieurs de l'un et de l'autre, tant du mental que du corps, dépendent de leurs intérieurs, il en résulte qu'eux aussi font de même. En effet, ce que l'externe fait, il le fait d'après les internes, car le commun tire tout ce qu'il possède des particuliers dont il se compose. Puisque l'ange tourne sa face et son corps vers le Seigneur comme Soleil, il est donc évident que tous les intérieurs de son mental et de son corps sont aussi tournés vers le Seigneur. Il en est de même de l'homme, s'il a continuellement le Seigneur devant les yeux, ce qui a lieu quand il est dans l'amour et dans la sagesse, alors il Le regarde non seulement des yeux et de la face, mais aussi de tout son mental et de tout son cœur, c'est-à-dire, de toutes les choses de la volonté et de l'entendement, et en même temps de toutes celles du corps.
138. Se tourner ainsi vers le Seigneur, c'est se tourner réellement vers Lui et c'est une certaine élévation. En effet, il y a élévation dans la chaleur et la lumière du Ciel qui se fait par l'ouverture des intérieurs. Quand ceux-ci ont été ouverts, l'amour et la sagesse influent dans les intérieurs du mental, et la chaleur et la lumière du ciel dans les intérieurs du corps. De là vient l'élévation, qui est comme si l'on passait d'un nuage épais dans l'air, ou de l'air dans l'éther. L'amour et la sagesse avec leur chaleur et leur lumière sont le Seigneur chez l'homme, et le Seigneur, ainsi qu'il a été dit, tourne l'homme vers Lui. C'est le contraire pour ceux qui ne sont pas dans l'amour et la sagesse, et encore plus pour ceux qui sont contre l'amour et la sagesse. Leurs intérieurs, tant du mental que du corps, sont fermés, et quand ils sont fermés, les extérieurs réagissent contre le Seigneur, car telle est leur vraie nature. En conséquence ils tournent le dos au Seigneur ; et tourner le dos au Seigneur, c'est se tourner vers l'enfer.
139. L'action de se tourner vers le Seigneur provient de l'amour et en même temps de la sagesse, et non de l'amour seul, ni de la sagesse seule. L'amour seul est comme l'être sans l'exister, car l'amour existe dans la sagesse ; et la sagesse sans l'amour est comme l'exister sans son être, car la Sagesse existe d'après l'amour. Il y a, il est vrai, un amour sans la sagesse, mais cet amour appartient à l'homme et non au Seigneur. Il y a aussi une sagesse sans l'amour, mais bien qu'elle vienne du Seigneur, elle n'a pas le Seigneur en elle, car elle est comme la lumière d'hiver qui vient, il est vrai, du soleil, mais n'a pas en elle l'essence du soleil, qui est la chaleur.
140. Il sera d'abord dit ce qu'est un esprit et ce qu'est un ange : Tout homme après la mort vient premièrement dans le monde des esprits, qui tient le milieu entre le Ciel et l'enfer. Là, il accomplit ses temps, c'est-à-dire, ses états, et selon sa vie il est préparé pour le ciel ou pour l'enfer. Tant qu'il reste dans ce monde, il est appelé esprit. Celui qui de ce monde est élevé dans le ciel est appelé ange, et celui qui s'est précipité dans l'enfer est appelé satan ou diable. Tant qu'ils sont dans le monde des esprits, celui qui est préparé pour le Ciel est appelé esprit angélique, et celui qui est préparé pour l'enfer esprit infernal. Pendant cette préparation l'esprit angélique est conjoint avec le Ciel, et l'esprit infernal avec l'enfer. Tous les esprits qui sont dans le monde des esprits sont adjoints aux hommes, parce que les hommes quant aux intérieurs de leur mental sont pareillement entre le ciel et l'enfer, et par ces esprits ils communiquent avec le ciel ou avec l'enfer, selon leur vie. Il faut qu'on sache que le monde des esprits est différent du monde spirituel : le monde des esprits est celui dont on vient de parler ; mais le monde spirituel comprend le monde des esprits, le ciel et l'enfer.
141. Il sera dit aussi quelque chose des amours, puisqu'il s'agit des anges et des esprits qui se tournent d'après leurs amours vers leurs amours. Le ciel tout entier est divisé en sociétés selon toutes les différences des amours célestes : l'enfer pareillement, selon les différences des amours infernaux ; et le monde des esprits pareillement, selon les différences des amours, tant célestes qu'infernaux. Il y a deux amours qui sont les têtes de tous les autres, ou auxquels se réfèrent tous les autres amours. L'amour qui est la tête, ou auquel se réferent tous les amours célestes, est l'amour envers le Seigneur. L'amour qui est la tête, ou auquel se réfèrent tous les amours infernaux, est l'amour de dominer d'après l'amour de soi. Ces deux amours sont diamétralement opposés l'un à l'autre.
142. puisque ces deux amours sont entièrement opposés l'un à l'autre, et que tous ceux qui sont dans l'amour envers le Seigneur se tournent vers Lui comme Soleil (comme il a été montré dans l'article précédent), on peut voir que tous ceux qui sont dans l'amour de dominer d'après l'amour de soi, tournent le dos au Seigneur. Ils se tournent ainsi dans un sens opposé, parce que ceux qui sont dans l'amour envers le Seigneur n'aiment qu'à être conduits par le Seigneur, et veulent que le Seigneur seul domine, tandis que ceux qui sont dans l'amour de dominer d'après l'amour de soi n'aiment qu'à être conduits par eux-mêmes, et veulent dominer seuls. Il est dit l'amour de dominer d'après l'amour de soi, parce que l'amour de dominer d'après l'amour de faire des usages, est l'amour spirituel, car il fait un avec l'amour du prochain, et doit être nommé l'amour de faire des usages et non l'amour de dominer.
143. Chaque esprit, quel qu'il soit, se tourne vers son amour dominant, parce que l'amour est la vie de chacun, comme il a été montré dans la première partie, N°s 1, 2, 3 ; et la vie tourne ses réceptacles qui sont appelés membres, organes et viscères, donc l'homme tout entier, vers cette société qui est dans un amour semblable au sien, ainsi où est son amour.
144. Parce que l'amour de dominer d'après l'amour de soi est entièrement opposé à l'amour envers le Seigneur, les esprits qui sont dans cet amour de dominer, détournent leur face du Seigneur, et par suite regardent des yeux vers l'occident de leur monde. Etant ainsi quant au corps en sens contraire, ils ont derrière eux l'orient parce qu'ils haïssent le Seigneur, à droite le septentrion parce qu'ils aiment les illusions et par suite les faussetés, à gauche le midi parce qu'ils méprisent la lumière de la sagesse. Ils peuvent se tourner dans tous les sens, mais toutes les choses qu' ils voient apparaissent semblables à leur amour. Ces esprits Sont naturels-sensuels, et certains sont tels, qu'ils croient qu'eux seuls vivent, et ils regardent les autres comme des images. Ils se croient plus sages que tous les autres, bien qu'ils soient insensés.
145. Dans le monde spirituel on voit des chemins, frayés comme ceux du monde naturel, quelques-uns conduisent au ciel, d'autres à l'enfer. Ceux qui conduisent à l'enfer ne sont pas vus par les esprits qui vont vers le ciel, et ceux qui conduisent au Ciel ne sont pas vus par les esprits qui vont vers l'enfer. Ces chemins sont innombrables, car il y en a pour chaque société du ciel, et pour chaque société de l'enfer. L'esprit entre dans le chemin qui conduit à la société de son amour et ne voit pas les chemins qui mènent ailleurs. Ainsi il avance sur ce chemin, à mesure qu'il se tourne vers son amour dominant.
146. Dans La Doctrine de la Nouvelle Jérusalem sur le Seigneur, il a été montré que Dieu est un en personne et en essence, qu'en Lui est la Trinité, et que ce Dieu est le Seigneur ; et aussi que la Trinité en Lui est nommée Père, Fils et Saint-Esprit, et que le Divin de qui tout procède est nommé Père, le Divin Humain Fils, et le Divin Procédant Saint-Esprit. Néanmoins personne ne sait pourquoi l'Esprit-Saint est appelé le Divin Procédant, parce que jusqu'à présent on a ignoré que le Seigneur apparaît comme Soleil devant les anges, et que de ce Soleil procèdent une chaleur qui dans son essence est le Divin Amour, et une Lumière qui dans son essence est la Divine Sagesse. Tant que cela était ignoré, on ne pouvait savoir que le Divin Procédant n'est pas le Divin en Soi ; en conséquence, la doctrine Athanasienne de la Trinité déclare qu'il y a la personne du Père, une autre qui est celle du Fils, et une autre qui est celle du Saint-Esprit. Or maintenant, quand on sait que le Seigneur apparaît comme Soleil, on peut avoir une idée juste du Divin Procédant, qui est appelé Esprit-Saint, à savoir, qu'il est un avec le Seigneur, mais qu'il procède de Lui comme la chaleur et la lumière procèdent du soleil. Pour cette même raison, les anges sont dans la Divine Chaleur et dans la Divine Lumière dans la mesure où ils sont dans l'amour et dans la sagesse. Sans cette connaissance que le Seigneur apparaît comme Soleil dans le monde spirituel, et que son Divin procède ainsi, on ne peut jamais savoir ce qui est entendu par procéder, par exemple, si c'est seulement communiquer les choses qui appartiennent au Père et au Fils, ou seulement illustrer et enseigner. Mais puisqu'il est maintenant connu que Dieu est un, et qu'il est Omniprésent, il ne convient pas à une raison éclairée de reconnaître le Divin Procédant comme Divin par Soi, de l'appeler Dieu, et ainsi diviser Dieu.
147. Il a été montré ci-dessus que Dieu n'est pas dans l'espace, et que par cela même Il est Omniprésent, et aussi que le Divin est le même partout, mais que son apparence différente dans les anges et dans les hommes vient d'une réception différente. Maintenant, puisque le Divin Procédant du Seigneur comme Soleil est dans la lumière et dans la chaleur, et que la lumière et la chaleur influent d'abord dans les réceptacles universels, qui sont appelés atmosphères dans le monde, et que celles-ci sont les réceptacles des nuées ou nuages, on peut voir que l'homme ou l'ange est le réceptacle du Divin Procédant selon la façon dont les intérieurs qui appartiennent à l'entendement ont été voilés par de telles nuées. Par les nuées sont entendues les nuées spirituelles, qui sont les pensées. Celles-ci sont en concordance avec la Divine Sagesse si elles viennent des vrais, et sont en discordance si elles viennent des faux. En conséquence, lorsque dans le monde spirituel, les pensées d'après les vrais se présentent à la vue, elles apparaissent comme des nuées blanches, et les pensées d'après les faux comme des nuées noires. D'après ces explications, on peut voir que le Divin Procédant est, il est vrai, dans tout homme, mais qu'il est différemment voilé par chacun.
148. Puisque le Divin même est présent dans l'ange et dans l'homme par la chaleur et la lumière spirituelles, il est dit de ceux qui sont dans les vrais de la Divine Sagesse et dans les biens du Divin Amour, quand ils sont affectés et que par l'affection ils pensent sur ces vrais et ces biens d'après ces biens et ces vrais, qu'ils sont embrasés de Dieu, ce qui arrive même parfois jusqu'à la perception et la sensation, comme lorsqu'un prédicateur parle d'après le zèle. On dit aussi d'eux qu'ils sont éclairés de Dieu, parce que le Seigneur par son Divin Procédant non seulement embrase la volonté par la chaleur spirituelle, mais éclaire aussi l'entendement par la lumière spirituelle.
149. On peut voir d'après les passages suivants de la Parole, que l'Esprit-Saint qui fait un avec le Seigneur, est la Vérité même d'après laquelle l'homme a l'illustration. Jésus dit : Quand l'Esprit de vérité sera venu, il vous conduira dans toute la vérité, car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu. -. Jean XVI, 13. Il me glorifiera, parce qu'il prendra de ce qui est à moi, et vous l'annoncera . - Jean XVI, 14, 15. - Il demeurera chez les disciples, et il sera en eux,- Jean XIV. 17. XV, 26- Jésus dit : les paroles que je vous dis sont esprit et vie - Jean VI, 63. - D'après ces passages, il est évident que la Vérité même, qui procède du Seigneur est appelée Esprit-Saint ; et parce qu'elle est dans la lumière, elle illustre.
150. L'illustration qui est attribuée à l'Esprit Saint est il est vrai, dans l'homme par le Seigneur, néanmoins elle se fait par le moyen des esprits et des anges. Mais cette médiation ne peut encore être décrite ; il sera seulement dit que les anges et les esprits ne peuvent nullement illustrer l'homme d'après eux-mêmes, car eux aussi sont illustrés par le Seigneur. Il s'ensuit donc que toute illustration vient du Seigneur seul. Elle se fait par le moyen des anges et des esprits, parce que l'homme qui est dans l'illustration est alors placé au milieu de certains anges et de certains esprits, qui, plus que les autres, reçoivent du Seigneur seul l'illustration.
151. Par le Seigneur il est entendu Dieu de toute éternité ou Jéhovah, qui est appelé Père et Créateur, parce que le Seigneur est un avec Lui, comme il a été montré dans La Doctrine de la Nouvelle Jérusalem sur le Seigneur. C'est pourquoi, dans la suite où il s'agit aussi de la création, il est nommé le Seigneur.
152. Dans la première partie, spécialement aux N°s 52 et 53, il a été pleinement montré que toutes choses dans l'univers ont été créées par le Divin Amour et la Divine Sagesse. Maintenant il sera montré que cela a été fait au moyen du Soleil qui est le premier procédant du Divin Amour et de la Divine Sagesse. Celui qui peut voir les effets d'après les causes, et ensuite par les causes voir les effets dans leur ordre et dans leur série, ne peut nier que le soleil ne soit le premier de la création, car par lui subsistent toutes les choses qui sont dans. son monde ; et comme elles subsistent par lui, elles ont aussi existé par lui. L'un implique et atteste l'autre. En effet, elles sont toutes sous l'aspect du soleil, parce qu'il les a placées pour qu'elles y soient, et les tenir sous son aspect c'est les placer continuellement. C'est pourquoi il est dit que la subsistance est une perpétuelle existence. De plus, si la moindre chose était entièrement soustraite à l'influx du soleil à travers les atmosphères, elle serait sur le champ dissipée ; car les atmosphères qui sont de plus en plus pures, et sont mises en activité et en puissance par le soleil, contiennent toutes choses et les rassemblent. Maintenant, puisque la subsistance de l'univers et de toutes les choses de l'univers vient du soleil, il est évident que le soleil est le premier de la création, de qui tout procède. Il est dit du soleil, mais il est entendu du Seigneur par le soleil, car lui aussi, a été créé par le Seigneur.
153. Il y a deux soleils par lesquels toutes choses ont été créées par le Seigneur, le Soleil du monde spirituel et celui du monde naturel. Toutes les choses créées viennent du Seigneur par le Soleil du monde spirituel, mais non par celui du monde naturel car le soleil naturel est loin au-dessous du soleil spirituel il est entre le monde spirituel qui est au-dessus de lui, et le monde naturel qui est au-dessous. Le soleil du monde naturel a été créé pour porter un secours subsidiaire, dont il sera parlé dans la suite.
154. L'univers et toutes les choses de l'univers ont été créés par le Seigneur au moyen du soleil du monde spirituel, parce que ce Soleil est le premier procédant du Divin Amour et de la Divine Sagesse, et que toutes choses viennent du Divin Amour et de la Divine Sagesse, comme il a été montré aux N°s 52 à 82. Il y a trois choses, la fin, la cause et l'effet, dans tout objet créé, tant dans les plus grands que dans les plus petits. Dans le plus grand qui est l'univers, ces trois choses existent dans l'ordre suivant : la fin de toutes choses, est dans le Soleil qui est le premier procédant du Divin Amour et de la Divine Sagesse ; les causes de toutes choses sont dans le monde spirituel : les effets de toutes choses sont dans le monde naturel. Mais il sera dit dans la suite comment ces trois sont dans les premiers et dans les derniers. Puisqu'il n'y a pas d'objet créé dans lequel ne soient ces trois, il s'ensuit que le Seigneur a créé l'univers et toutes les choses de l'univers par le Soleil où est la fin de toutes choses.
155. La création elle-même ne peut être à la portée de la compréhension, si l'espace et le temps ne sont éloignés de la pensée. S'ils peuvent être éloignés, ou s'ils le sont autant que possible, et si le mental est tenu dans une idée séparée de l'espace et du temps, on percevra qu'il n'y a pas de différence entre le très grand et le très petit de l'espace. Alors on aura de la création de l'univers une idée semblable à celle de la création des choses particulières qu'il contient. On percevra aussi que la diversité dans les objets créés vient du fait que des choses infinies sont dans Dieu-Homme, et par conséquent des choses sans limites dans le Soleil qui est le premier procédant de Dieu, et que ces choses sans limites existent comme dans une image dans l'univers créé. Il s'ensuit que deux choses absolument semblables ne peuvent jamais exister, d'où la variété de toutes choses, variété qui se présente devant les yeux avec l'espace dans le monde naturel, et avec l'apparence de l'espace dans le monde spirituel ; et cette variété concerne les choses en général et en particulier. Tout cela a été traité dans la première partie, où il a été montré que les choses infinies sont distinctement un dans Dieu-Homme, N°s 17 à 22 ; que toutes choses dans l'univers ont été créées par le Divin Amour et la Divine Sagesse, N°s 52, 53 ; que toutes choses dans l'univers créées sont des réceptacles du Divin Amour et de la Divine Sagesse de Dieu-Homme, N°s 55 à 60 ; que le Divin n'est pas dans l'espace, N°s 7 à 10 ; que le Divin remplit tous les espaces sans espace N°s 69 à 7 2 ; que le Divin est le même dans les très grands et dans les très petits, N°s 77 à 82.
156. On ne peut pas dire que la création de l'univers et de toutes les choses qu'il contient ait été faite d'espace à espace et de temps à temps, ainsi progressivement et successivement ; mais on doit dire qu'elle a été faite de ce qui est éternel et infini, non de l'éternel du temps puisqu'il n'y en a pas, mais de l'éternel du non-temps, car c'est la même chose que le Divin, ni de l'infini de l'espace, puisqu'il n'y en a pas non plus, mais de l'infini du non-espace, ce qui est aussi la même chose que le Divin. Je sais que cela surpasse les idées des pensées qui sont dans la lumière naturelle, mais non celles qui sont dans la lumière spirituelle, car dans celles-ci il n'y a rien de l'espace et du temps. Cela peut ne pas surpasser absolument les idées des pensées qui sont dans la lumière naturelle, car lorsqu'on dit qu'il n'y a pas d'infini de l'espace, chacun l'affirme d'après la raison. Il en est de même de l'éternel qui est l'infini du temps. Ainsi éternellement est saisi d'après le temps, mais de toute éternité n'est saisi que si le temps est écarté.
157. La création ne peut aucunement être attribuée au soleil du monde naturel qui est complètement mort, mais elle doit l'être tout entière au Soleil du monde spirituel qui est vivant, car il est le premier procédant du Divin Amour et de la Divine Sagesse. Puisque ce qui est mort n'agit pas par soi-même, mais est mis en action, c'est pourquoi attribuer au soleil du monde naturel quelque chose de la création serait comme si l'on attribuait à un instrument mis en action par les mains d'un ouvrier, l'ouvrage que fait celui-ci. Ce soleil est un pur feu dont a été séparé tout ce qui appartient à la vie mais le Soleil du monde spirituel est un feu dans lequel est la vie Divine. Les anges pensent que la vie Divine est intérieurement dans le feu du Soleil du monde Spirituel, et extérieurement dans le feu du soleil du monde naturel. On peut ainsi voir que l'activité du soleil naturel ne vient pas de lui, mais vient de la force vive procédant du Soleil du monde spirituel. Si cette force lui était ôtée, il n'aurait plus de puissance vitale. Il s'ensuit que le culte du soleil est le plus bas de tous les cultes rendus à Dieu, car il est absolument mort comme le soleil lui-même, et il est appelé dans la Parole une abomination.
158. Puisque le soleil du monde naturel est pur feu et par conséquent mort, la chaleur et la lumière qui en procèdent sont donc mortes aussi, pareillement les atmosphères appelées éther et air qui reçoivent dans leur sein la chaleur et la lumière de ce soleil et les transportent. Comme tout cela est mort, toutes et chacune des choses du globe terrestre, qui sont au-dessous et sont appelées terres, sont mortes aussi. Néanmoins toutes ces choses en général et en particulier, ont été enveloppées de spirituels qui procèdent et affluent du Soleil du monde spirituel. S'il n'en était ainsi, les terres ne pourraient être mises en activité pour produire les formes des usages qui sont les végétaux, et les formes de la vie qui sont les animaux, ni les matières par lesquelles l'homme existe et subsiste.
159. Puisque la nature commence par le soleil, et que tout ce qui existe et subsiste d'après lui est appelé naturel, il s'ensuit que la nature, avec toutes les choses qui la composent, est morte. Elle parait comme vivante dans l'homme et l'animal, parce que la vie l'accompagne et la met en action.
160. Dans la nature il y a des espaces et des distances d'espace parce que les derniers de la nature qui constituent les terres sont morts, immuables et fixes, et qu'ils ne peuvent ni changer ni varier selon les états des affections et des pensées, comme dans le monde spirituel. Il en est ainsi, parce que la création se termine là, et y demeure en repos. Il est donc évident que les espaces sont une propriété de la nature ; et puisque les espaces n'y sont pas des apparences d'espaces selon les états de la vie, comme dans le monde spirituel, ils peuvent aussi être appelés morts.
161. Les temps, comme les espaces, étant fixes et constants, sont aussi une propriété de la nature, car la longueur du jour est toujours de vingt-quatre heures, et celle de l'année de trois cent soixante cinq jours et quart. Les états mêmes de la lumière et de l'ombre (matin, midi, soir et nuit), de la chaleur et du froid, (printemps, été, automne, et hiver), qui marquent la variété de ces temps, reviennent constamment aussi. De plus les états de l'année varient constamment,aussi les états des jours. Tous ces états, n'étant pas des états de la vie, comme dans le monde spirituel, sont morts aussi ; car dans le monde spirituel il y a une lumière continuelle qui correspond à l'état de la sagesse chez les anges, et une chaleur continuelle qui correspond à l'état de l'amour chez eux, ce qui rend vivants leurs états.
162. On peut ainsi voir la folie de ceux qui attribuent tout à la nature ; quand ils se sont confirmés pour elle, ils ne veulent plus élever leur mental au-dessus de la nature, par conséquent celui-ci est fermé par le haut et ouvert par le bas. L'homme devient alors naturel sensuel, c'est-à-dire spirituellement mort. Comme il ne pense plus que d'après les choses qu'il a puisées dans le monde par les sens du corps, il nie même Dieu de cœur. Alors toute conjonction avec le Ciel étant rompue, il se fait une conjonction avec l'enfer. Seules lui restent la faculté de penser d'après la rationalité, et la faculté de vouloir d'après la liberté, facultés qui sont données à l'homme par le Seigneur, et qui ne lui sont jamais ôtées. Elles sont également chez les diables qui les appliquent à extravaguer et à mal faire, et chez les anges qui s'en servent pour être sages et bien faire.
163. L'univers en général est divisé en deux mondes, l'un spirituel et l'autre naturel. Les anges et les esprits sont dans le monde spirituel et les hommes dans le monde naturel. Ces deux mondes sont si semblables quant à l'apparence externe, qu'ils ne peuvent être distingués, mais ils sont absolument différents quant à l'apparence interne. Les hommes qui sont dans le monde spirituel, sont appelés anges et esprits et sont spirituels ; ils pensent donc spirituellement et Parlent spirituellement. Mais les hommes qui sont dans le monde naturel étant naturels, pensent naturellement et parlent naturellement. La pensée et le langage spirituels n'ont rien de commun avec la pensée et le langage naturels. Il est évident que ces deux mondes sont absolument distincts l'un de l'autre, et ne peuvent en aucune manière être ensemble.
164. Du fait de la séparation de ces deux mondes, il est nécessaire qu'il y ait deux soleils, l'un dont procèdent tous les spirituels, et l'autre dont procèdent tous les naturels. Comme tous les spirituels dans leur origine sont vivants, et que tous les naturels d'après leur origine sont morts, et que ces origines sont les soleils, il s'ensuit que l'un des soleils est vivant et que l'autre est mort ; et aussi que le soleil mort, a lui-même été créé par le Seigneur au moyen de soleil vivant.
165. Le soleil mort a été créé afin que dans les derniers, toutes les choses soient fixes, déterminées et constantes, et qu'ainsi existent les choses qui doivent se perpétuer et durer longtemps. De cette façon, et non autrement, est fondée la création. Le globe terrestre, dans lequel, sur lequel et autour duquel sont de telles choses, est comme une base et un support car il est l'ouvrage ultime dans lequel tout se termine, et sur lequel tout se repose. Il sera dit dans la suite qu'il est aussi comme une matrice, de laquelle les effets, qui sont les derniers de la création, sont produits.
166. On peut voir que le Seigneur a créé toutes choses par le Soleil vivant, et n'a rien créé par le soleil mort, en ce que le vivant dispose le mort sous sa dépendance et le forme pour les usages qui sont ses fins, et non l'inverse. Seul un homme déraisonnable peut penser que toutes les choses viennent de la nature, et que la vie en vient aussi, il ne sait pas ce que c'est que la vie. La nature ne peut donner la vie à quoi que ce soit, car en elle-même, elle est complètement inerte. Il est absolument contre l'ordre que le mort agisse dans le vivant, ou la force morte dans la force vive, ou ce qui est la même chose, le naturel dans le spirituel. Par conséquent penser cela est tout à fait déraisonnable. Il est vrai que le mort, c'est-à-dire le naturel peut être altéré ou changé de plusieurs manières par des accidents externes, cependant toujours est-il qu'il ne peut agir dans la vie, mais la vie agit en lui selon le changement de forme introduit. Il en est de cela comme de l'influx physique dans les opérations spirituelles de l'âme ; on sait que cet influx n'existe pas, parce qu'il n'est pas possible.
167. Il y a trois fins qui se suivent en ordre, et qui sont appelées fin première, fin moyenne et fin dernière, ou fin, cause et effet. Ces trois doivent être ensemble dans tout sujet pour qu'il soit quelque chose, car il n'y a pas de fin seule sans une cause et sans un effet. Pareillement, il n'y a pas de cause seule sans une fin dont elle provient, et sans un effet dans lequel elle est ; il n'y a pas non plus d'effet seul, ou d'effet sans cause et sans fin. On peut saisir qu'il en est ainsi, si l'on pense que la fin sans l'effet, ou séparée de l'effet, ne peut exister, aussi n'est-ce qu'un mot. Pour qu'une fin soit en actualité une fin, elle doit être terminée, et elle est terminée dans son effet, dans lequel le premier est appelé fin parce qu'il en est la fin. Il semble que l'agent efficient existe par soi, mais cela est une apparence provenant de ce qu'il est dans un effet ; s'il est séparé de l'effet, à l'instant il disparaît. D'après ces explications il est évident que la fin, la cause et l'effet doivent ensemble être dans tout sujet, pour qu'il soit quelque chose.
168. De plus il faut savoir que la fin est le tout dans la cause, et aussi le tout dans l'effet ; c'est pourquoi la fin, la cause et l'effet sont appelés fin première, fin moyenne et fin dernière. Mais pour que la fin soit le tout dans la cause, il faut qu'il y ait quelque chose d'après la fin, dans lequel elle sera ; et pour qu'elle soit le tout dans l'effet, il faut qu'il y ait quelque chose d'après la fin par la cause, dans lequel elle sera. Car la fin ne peut être en soi seule, mais elle doit être dans quelque chose qui prend son existence d'elle, et dans lequel elle doit habiter tout entière, et par l'action produire l'effet, et ainsi arriver à la subsistance. Ce dans quoi elle subsiste est la fin dernière, qui est appelée effet.
169. Ces trois, à savoir, la fin, la cause et l'effet, sont tant dans les très grands que dans les très petits de l'univers créé. Ils y sont, parce que dans Dieu Créateur, qui est le Seigneur de toute éternité, il y a la fin, la cause et l'effet. Mais comme Il est infini et que les infinis dans l'Infini sont distinctement un, ainsi qu'il a été montré aux N°s 17 à 22, c'est pourquoi aussi ces trois dans le Seigneur et dans Ses Infinis, sont distinctement un. Il s'ensuit que l'univers, qui a été créé par l'Etre du Seigneur, et qui, considéré quant aux usages, est l'image du Seigneur, doit posséder la fin, la cause et l'effet dans toutes et dans chacune de ses choses.
170. La fin universelle, c'est-à-dire la fin de toutes les choses de la création, c'est la réalisation d'une conjonction éternelle du Créateur avec l'univers créé. Cette conjonction n'est pas possible, à moins qu'il n'y ait des sujets dans lesquels Il puisse habiter et demeurer. Pour qu'ils soient Ses habitacles et Ses demeures, les sujets doivent être des réceptacles de Son Amour et de Sa Sagesse comme par eux-mêmes, ainsi doivent comme par eux-mêmes s'élever vers le Créateur et se conjoindre à Lui ; sans cette réciprocité il n'y a pas de conjonction. Ces sujets sont les hommes, qui peuvent comme par eux-mêmes s'élever et se conjoindre à Lui. Il a été démontré ci-dessus plusieurs fois que les hommes sont de tels sujets, et qu'ils sont des réceptacles du Divin comme par eux-mêmes. Par cette conjonction le Seigneur est présent dans toute œuvre créée par Lui, car la fin pour laquelle tout objet a été créé, c'est l'homme. De ce fait, les usages de toutes les choses créées montent par degrés depuis les derniers jusqu'à l'homme, et par l'homme jusqu'à Dieu Créateur, de qui tout procède, comme il a été montré ci-dessus, aux N°s 65 à 68.
171. La création va continuellement vers cette dernière fin par la fin, la cause et l'effet, parce que ces trois sont dans le Seigneur Créateur, ainsi qu'il vient d'être dit, et parce que le Divin est dans tout espace sans espace, N° 69 à 72, et est le même dans les très grands et les très petits, N°s 77 à 82. Il est donc évident que dans sa progression générale vers sa fin dernière, l'univers créé est respectivement la fin moyenne, car dans leur ordre les formes des usages sont continuellement élevées de la terre par le Seigneur Créateur jusqu'à l'homme, qui vient aussi de la terre quant à son corps. L'homme ensuite est élevé par le Seigneur au moyen de la réception de l'amour et de la sagesse, et les moyens lui sont donnés pour les recevoir. Il est fait de telle manière qu'il peut recevoir, pourvu qu'il le veuille. D'après ce qui vient d'être dit, on peut voir, toutefois d'une manière très générale, que la fin de la création existe dans les derniers, fin qui veut que toutes choses retournent au Créateur, et qu'il y ait conjonction.
172. On peut encore voir que la fin, la cause et l'effet sont dans toutes et dans chacune des choses créées, en ce que tous les effets, qui sont appelés fins dernières, deviennent de nouveau fins premières dans une série ininterrompue à partir du Premier, qui est le Seigneur Créateur, jusqu'au dernier, qui est la conjonction de l'homme avec Lui. Il est évident que toutes les fins dernières deviennent de nouveau fins premières en ce qu'il n'existe pas de chose tellement inerte et morte qui n'ait une force efficiente en elle. Même d'un grain de sable il sort une exhalaison qui aide à produire quelque chose, par conséquent à effectuer quelque chose.
Source : Livres-mystiques.com