Auteur : Dr Raymond Moody
Sources : - La vie après la vie, Robert Laffont, Paris, 1977
- Lumières nouvelles sur la vie après la vie, Robert Laffont, Paris, 1978
Alors qu’il n’est encore qu’étudiant en philosophie, en 1965, Raymond Moody rencontre un professeur de psychiatrie qui a été deux fois de suite en état de mort clinique et lui rapporte les sensations étranges qu’il a expérimentées à ces moments. Devenu enseignant de philosophie dans une université de Caroline du Nord, Moody recueille, à la faveur de plusieurs cours sur le « Phédon » de Platon consacrés à l’immortalité de l’âme, le témoignage spontané d’un étudiant relatant l’expérience de sa grand-mère temporairement morte au cours d’une intervention chirurgicale. Ce qui frappe Moody, c’est la similitude complète des évènements rapportés à plusieurs années d’intervalle par cet étudiant et ce professeur qui ne se connaissaient absolument pas.
Dès lors, Moody entame une quête plus systématique des témoignages. Toujours spontanés, ceux-ci sont au nombre de 150, recueillis tant parmi les étudiants de philosophie qu’auprès de malades qu’il rencontre à partir de 1972, date à laquelle il devient médecin. Ces 150 cas se répartissent selon lui en trois catégories (La vie après la vie, p.30) :
- Les expériences vécues par des personnes qui ont été réanimées après avoir été tenues pour mortes, déclarées telles, ou considérées comme cliniquement mortes par leurs médecins.
- Les expériences vécues par des personnes qui, à la suite d’accidents, de blessures graves, ou de maladie, ont vu la mort de très près.
- Les expériences vécues par des personnes qui, sur le point de mourir en donnent la description à ceux qui les entourent, témoins qui ultérieurement rapportent les faits au Dr Moody.
Moody commença donc ses recherches par hasard, poussé par la similitude de témoignages qui s’offrirent spontanément à lui. Kübler-Ross recueillit également le même type de témoignages par hasard, au cours de ses études qui portaient exclusivement sur le comportement psychologique des agonisants. Moody ne procéda à aucune étude statistique des cas qui lui furent soumis. Ce n’est que plus tard que d’autres médecins entreprirent des études systématiques de nature scientifique. Les résultats de Kübler-Ross et de Moody étaient purement qualitatifs, apportant des témoignages à l’état brut. Les recherches ultérieures présentent au contraire toutes les caractéristiques scientifiques.
En mai 1977, un socio-psychologue, le Dr Kenneth Ring, entreprend une étude qui va durer treize mois, avec une équipe de recherche dans des hôpitaux du Maine et du Connecticut. Il vérifie tout d’abord sur ses propres patients l’exactitude des faits rapportés par Moody ; il soumet les résultats à une analyse statistique serrée et les critique en les précisant, ce qui permet d’affiner le tableau proposé par Moody. Il réfute toutes les interprétations physiophathologiques, psychopathologiques, neurologiques, toxicologiques, proposées par certains auteurs, et montre que ces explications ne peuvent rendre compte avec justesse de ce qu’il appelle « l’expérience du substrat », qui constitue en elle-même un phénomène nouveau et totalement original. On peut dire qu’il esquisse une analyse du phénomène basée sur la théorie holographique de K. Pribram.
Il souligne en premier lieu le caractère d’incommunicabilité de cette expérience. Il cite en particulier le témoignage d’une jeune femme qui analyse les raisons de cette incommunicabilité (La vie après la vie, p.42) : « Voyez-vous, c’est pour moi un problème d’essayer d’exprimer ça parce que tous les mots que j’emploie s’appliquent à trois dimensions. Pendant mon aventure je n’arrêtais pas de penser : « Mes cours de géométrie m’avaient enseigné qu’il n’y a en tout et pour tout que trois dimensions, ce que je tenais pour acquis. Mais c’est une erreur : il y en a davantage. » Bien sûr, le monde dans lequel nous vivons est tridimensionnel, mais l’autre monde pas du tout. C’est pour ça que j’ai tant de mal à vous expliquer. Je suis obligée d’employer des mots à trois dimensions. J’essaie de coller autant que possible à la réalité : mais ce n’est pas tout à fait ça. Je n’arrive pas à vous dépeindre un tableau exact. »
Notre langage est construit à partir des sensations qui reposent elles-mêmes sur l’image tridimensionnelle de la réalité que notre cerveau organise et fabrique de toutes pièces. Il paraît normal, dès lors, que les sensations émanant d’un autre espace-temps soient incommunicables : notre langage n’y est pas adapté. Une sorte de barrière sémantique se dresse et nous empêche d’analyser nos sensations avec notre logique habituelle.
La deuxième phase notée par Moody est ce qu’il appelle « l’audition du verdict », c’est-à-dire que le patient en état de mort clinique entend et voit parfaitement les médecins annoncer son propre verdict de mort, alors qu’il est en principe dans l’impossibilité de ressentir quoi que ce soit.
Le Dr Ring cite le cas d’une femme qui a frôlé la mort à la suite d’une hémorragie interne deux semaines après la naissance de son premier enfant (Souvenir de la mort, p.92) : « Dans la salle des urgences, je me suis dit intérieurement : « Je pars, adieu. » J’avais seulement l’impression de m’éloigner en glissant. Je les entendais dire que j’étais en état de choc. J’ai entendu l’infirmière annoncer : « Je ne trouve plus son pouls, elle ne respire plus, elle est passée. » Puis j’ai entendu une infirmière dire : « Branchez-la sur la réanimation. » Mais tout cela me parvenait comme des échos lointains. »
Une jeune femme, morte à trois reprises d’un arrêt du cœur à la suite d’un grave accident de voiture, a perçu toute une conversation entre son médecin et le chirurgien, alors qu’elle était en arrêt cardiaque sur la table d’opération. Elle a entendu distinctement les commentaires que faisait le chirurgien sur l’état de son foie déchiqueté par l’accident et vu les chirurgiens l’opérer ; confrontée aux médecins deux semaines plus tard, elle leur répéta mot pour mot leur conversation, à leur grande surprise, et leur décrivit les différentes phases de son opération. Moody cite plusieurs autres cas du même style.
Tous les sujets sont cliniquement morts, donc hors d’état de percevoir des informations sous forme de sensations par le canal de leurs organes sensoriels habituels.
La troisième phase consiste en une sensation de paix et de bien-être. Selon K. Ring, 60% des personnes interrogées ont connu ce stade de l’expérience ; 71% d’entres elles emploient explicitement les termes « paisible » et « calme » pour caractériser la tonalité émotionnelle de leur expérience.
R. Moody cite plusieurs extraits de ce genre de témoignages (p. 45-46). Une femme raconte après une crise cardiaque : « Je commençais à éprouver des sensations délicieuses. Je ne ressentais absolument rien si ce n’est paix, réconfort, bien-être, un grand calme. J’avais l’impression que tous mes ennuis avaient cessé, et je me disais : « Que c’est doux, que c’est paisible, je n’ai mal nulle part ».
Au cours de la quatrième phase, Moody signale que certains sujets rapportent avoir entendu, avant l’entrée dans la zone obscure, un phénomène sonore pouvant aller d’un « vrombissement franchement pénible » à un « fort timbre de sonnerie », un « bourdonnement aigu », un « grondement », jusqu’à des sensations plus agréables qui prennent la forme d’un « tintement de cloches » ou d’une « musique très belle ». On retrouve partiellement ces témoignages chez K. Ring.
D’après ce dernier (p.98) : « Le souvenir de ces impressions auditives était non seulement rare mais aussi parfois incertain. Le plus souvent, les enquêtés affirmaient ne pas se rappeler avoir entendu des bruits insolites et répondaient plutôt quelque chose comme : « bien au contraire, c’était très silencieux ». »
Au cours de la cinquième phase s’effectue l’entrée dans une zone obscure, accompagnée d’une sensation de paix. Cette zone est souvent comparée à un tunnel, mais aussi à une vallée étroite ou à un tonneau, une caverne, etc. Voici deux témoignages parmi ceux que présente R. Moody (p.50-51).
Un homme sombre dans l’inconscience au cours d’une grave maladie : « Je me trouvais dans un espace vide, dans le noir complet. C’est difficile à expliquer, mais je sentais que je m’enfonçais dans ce vide, en pleine obscurité. J’avais pourtant toute ma conscience. C’était comme si on m’avait plongé dans un cylindre sans air. Une impression de limbes ; j’étais en même temps ici et ailleurs. »
Une femme, qui a frôlé la mort à la suite d’un accident de la circulation, raconte : « Ce fut une impression de paix absolue et je me trouvais dans un tunnel, un tunnel formé de cercles concentriques. Peu après cette aventure, j’ai vu à la télévision une émission intitulée « Le tunnel du temps » dans laquelle des personnages remontaient le temps à travers un tunnel en spirale ; eh bien ; c’est l’image la plus proche que je puisse trouver. »
Un cas cité par K. Ring (p.56) est également très intéressant ; il s’agit d’un jeune homme grièvement blessé dans un accident de moto : « J’avais l’impression que j’étais… C’était comme si je flottais. Comme si j’étais dedans et, croyez le ou non, la douleur est… il n’y a pas de couleur, c’est comme l’obscurité. Cette obscurité était vide. Oui, c’est cela : l’espace. Simplement le néant. Mais un néant avec une existence. C’est comme essayer de décrire le bout de l’univers. »
La sixième phase est la phase de décorporation, ou sortie du corps accompagnée d’une modification de la perception par les sens et de l’appréhension du temps comme de l’espace. Moody cite deux témoignages particulièrement intéressants à cet égard.
Tout d’abord celui d’une femme (p.54-55) : « Je me sentais sortir de mon corps et glisser vers le bas entre le matelas et la barre de côté du lit ; très exactement, il me semblait que je passais au travers de cette barre, jusqu’au sol. Puis je m’élevais doucement en l’air […] Je continuais à m’élever au-dessus du plafond, le regard tourné vers le bas. J’avais l’impression d’être un morceau de papier sur lequel on aurait soufflé pour le faire voler en l’air. »
Cette expérience de décorporation peut également survenir à l’extérieur, hors du milieu hospitalier.
Un jeune homme raconte qu’à la suite d’un accident de la route survenu la nuit : « Je me retrouvais en train de flotter à peu près à 1,50m au-dessus du sol, à environ 5m de la voiture et j’entendis l’écho de la collision s’éloigner puis s’éteindre. J’ai vu des personnes arriver en courant et se presser autour de la voiture […] Je voyais aussi mon propre corps dans la ferraille, au milieu des gens qui essayaient de le dégager. »
Beaucoup de témoins en pareil cas sont stupéfaits, partagés entre la tristesse d’avoir quitté leur corps, l’ignorance de l’état dans lequel ils sont, ou parfois la sérénité, le détachement. Ils expérimentent une nouvelle façon d’appréhender l’espace comme le montre ce témoignage (Moody, p.63) : « Des badauds accouraient de tous les côtés vers le lieu de l’accident. Je les observais et j’occupais le milieu du trottoir qui était très étroit. Néanmoins, pendant qu’ils approchaient, ils ne semblaient pas remarquer ma présence. Ils continuaient à marcher en regardant droit devant eux. Quand ils furent vraiment tout près, je voulus m’écarter pour leur laisser le passage, mais ils avançaient à travers moi. »
Le corps semble différent par son aspect et ses propriétés. Un homme qualifie ainsi son nouveau corps (Moody, p.66) : « Mon être avait une certaine densité enfin presque. Pas une densité physique, je dirais plutôt des ondes ou quelque chose comme ça, je ne sais pas, rien de vraiment matériel, mettons une décharge électrique si vous le voulez. Mais c’était quand même quelque chose. C’était petit, vaguement sphérique, mais sans contour précis, à peine un nuage […]. Tout ça était très léger, très léger. Cela ne produisait aucune tension sur mon corps (physique). C’était une sensation totalement séparée. Mon corps ne pensait plus rien. »
Les facultés intellectuelles et sensorielles sont modifiées, hyper-développées (p. 68-69) : « Notre esprit devient merveilleusement clair. Ma pensée prenait note de tout et résolvait tous les problèmes comme cela ne m’était jamais arrivé auparavant et cela sans avoir à revenir plus d’une fois sur les mêmes idées. » Une femme raconte : « Quand je souhaitais voir quelqu’un qui se trouvait au loin, c’était comme si quelque chose de moi, une espèce de tête chercheuse, s’élançait vers cette personne. Et j’avais alors l’impression que si n’importe quoi se produisait n’importe où dans le monde, il me serait facile d’y assister. » Une seconde femme raconte : « Je voyais des gens autour de moi et je comprenais ce qu’ils se disaient. Je ne les entendais pas sous une forme auditive comme je vous entends. C’était plutôt comme si je savais ce qu’ils pensaient, mais seulement en idée, pas dans leur vocabulaire. Je captais leur pensée une seconde avant qu’ils n’ouvrent la bouche pour parler. »
Enfin, certains témoignages recueillis par le Dr Ring insistent sur la modification totale de la perception du temps en état de décorporation (p.101-102) : « Ce qu’il y a d’intéressant là-dedans, c’est que ça devait se passer en-dehors du temps et de l’espace. C’est obligé, parce que le contexte est tout simplement… on ne peut pas le classer dans un genre de chose temporel… »
La conscience des sujets semble être passée dans une autre dimension sensorielle. Il est intéressant de noter que certaines personnes en état de relaxation intense arrivent à se décorporer. Cette expérience est appelée par les mystiques un voyage astral. Des sujets très rares, après modification apparente de leur conscience, ont montrés qu’ils détenaient des pouvoirs paranormaux.
Moody rapporte le témoignage d’un homme (p.75-76) qui fut accueilli dans l’au-delà par un de ses amis, mort peu de temps avant lui : « Au moment où je suis sorti de mon corps, j’ai eu le sentiment très vif que Bob se tenait tout près de moi. Je le voyais mentalement et je le sentais là, mais c’était une sensation curieuse : je ne le voyais pas physiquement ; je distinguais des choses mais pas sous une forme physique ; et pourtant de façon très claire, ses traits, tout. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre. Il était là, mais il n’avait pas son corps terrestre. C’était un corps diaphane, il me faisait l’effet d’avoir tous ses membres, bras, jambes, mais je ne peux dire que je le voyais physiquement… » Le témoin interroge alors anxieusement son ami Bob pour savoir s’il est mort et où il faut qu’il aille, mais Bob ne répond pas.
Très souvent, la phase 8 se substitue à la phase 7. Le sujet perçoit alors une intense lumière, parfois liée à une présence rassurante et chaleureuse.
C’est le cas d’une jeune femme rencontrée par Moody (p.82) : « J’ai continué à flotter au travers des battants du portique, comme s’ils n’avaient pas existé, et de là vers cette lumière de pur cristal ; une lumière blanche qui rayonnait ; une lumière très belle, très brillante, irradiante. Mais elle ne faisait pas mal aux yeux. On ne peut pas dire que j’ai vu une personne dans cette lumière, mais il m’a paru certain qu’elle possède une identité, c’est indéniable. Imaginez une lumière faite de totale compréhension et de parfait amour. Une pensée a été dirigée vers moi : « M’aimes-tu » ? […] Et pendant ce temps je me sentais tout enveloppée de compassion et comme écrasée d’amour. »
Un homme essaie de décrire plus précisément cette lumière (p.83) : « Au début, elle m’a paru un peu pâle, mais tout à coup, il y a eu ce rayon intense. La luminosité était prodigieuse, rien à voir avec un éclair d’orage, une lumière insoutenable, voilà tout. Et cela dégageait de la chaleur, je me suis senti tout chaud. C’était d’un blanc étincelant, tirant un peu sur le jaune mais surtout blanc. Cela brillait formidablement, je n’arrive pas bien à le décrire. Cela éclairait tout alentour mais n’empêchait pas de voir le reste, la salle d’opération, le docteur, les infirmières, tout. »
K. Ring, grâce à ses statistiques, démontre que la perception de la lumière est l’un des stades les plus avancés de l’expérience aux frontières de la mort. En effet, si 60% des témoins ont ressenti l’impression de paix et de beauté qui constitue la phase 3, ils ne sont déjà plus que 37% à subir la phase 5 (décorporation), 23% à entrer dans la zone obscure (phase 6) et 16% à constater l’apparition de la lumière (phase 8). Ring est parvenu à distinguer deux stades différents au cours de cette phase. En effet, s?ils sont 16% à constater l’apparition de la lumière, 10% des témoins pénètrent carrément dans cette lumière, ce qui constitue l’un des stades les plus profonds de l’expérience.
Cette lumière paraît avoir son origine dans un monde à part composé de magnifiques paysages. Une femme interrogée par Ring (p. 63) déclare : « Je me trouvais dans un champ, un champ vaste et désert où l’herbe était haute, dorée, très douce et brillante. […] Cette herbe était d’une beauté tellement extraordinaire que je ne l’oublierai jamais. »
Un homme, quant à lui, voit un paysage de lacs d’un bleu intense mais clair, entourés de fleurs magnifiques (P.64) : « Des fleurs comme j’en ai vu là-bas, personne sur cette Terre n’en a jamais vu. Je ne crois pas qu’il existe sur cette Terre une seule couleur qui ne se soit pas trouvée parmi les coloris que j’ai vus. »
La neuvième phase, extrêmement curieuse, car elle recoupe toutes les traditions religieuses, est une vision panoramique de sa vie par le défunt qui juge ses propres actes.
Moody cite le cas d’une jeune femme (P.85-87) qui fit un récit extrêmement détaillé de son expérience. D’après elle, c’est la présence qui émanait de la lumière magnifique qu’elle perçut (phase 8) qui l’incita à juger sa propre vie et l’amena à revoir tous les évènements qui la constituaient. Elle se revit enfant cassant un jouet qu’elle aimait, puis adolescente au lycée. Le rappel est chronologique, certains faits sont mis en relief, soulignés par la présence lumineuse qui est aux côtés de la jeune femme pendant tout ce temps. L’importance de l’amour et celle de la connaissance sont très nettement mises en valeur par cet être de lumière : « J’étais là, je voyais réellement toutes ces scènes ; je les parcourais effectivement et tout allait si vite, en me laissant toutefois le temps nécessaire pour que je n’en perde rien. Pourtant, dans l’ensemble, ça n’a pas duré longtemps. Du moins, je n’en ai pas eu l’impression. Il y a d’abord eu la lumière, puis le déroulement du passé, et le retour à la lumière. J’estime que ça a pris en tout moins de cinq minutes et probablement plus de trente secondes ; mais je ne peux pas vous en dire davantage. »
Moody précise - et Ring le confirme - que le panorama de la vie n’est pas forcément mis en scène par l’être de lumière.
Certains témoins insistent sur la forme des tableaux qui leur apparaissent (P.88) : « Ce n’étaient pas exactement des images, je dirais plutôt des formes de pensée. Je ne sais pas comment vous l’expliquer, mais tout était là, tout se trouvait là en même temps, je veux dire, pas une succession de tableaux scintillants l’un après l’autre, c’était une vue mentale de tout l’ensemble à la fois. »
Une jeune femme, dont le témoignage est recueilli par le Dr Ring (p.77), a la vision de son avenir au cours de ce panorama : « C’était comme si je voyais mon mari en même temps qu’une image de nous cinq ans plus tard. Je me voyais en compagnie de nos enfants. Et on aurait dit que je voyais et que je savais les enfants que j’allais avoir. » Cette jeune femme avait clairement perçu qu’elle aurait deux garçons, ce qui se produisit. Il est fort intéressant de noter que dans des conditions normales, certaines personnes rapportent des rêves prémonitoires dont les plus intéressants se rapportent à de grandes catastrophes humaines.
La dixième phase fait état d’une limite que n’ont pu franchir les sujets.
La onzième phase décrit le retour à la vie de ceux-ci par réintégration de leur corps.
Une femme interrogée par Moody déclare avoir été dans un paysage merveilleux, un pré d’un vert intense et lumineux, et s’être soudain heurtée à une clôture qu’elle n’a pas pu franchir malgré tous ses efforts.
Un autre sujet se voit sur une petite barque en train de traverser une rivière très belle pour parvenir sur l’autre rive, ses parents morts prêts à l’accueillir ; mais son embarcation fait brusquement demi-tour et il n’atteint jamais cette rive.
Un troisième fait état d’un brouillard gris qu’il doit franchir, un quatrième parle d’une porte fermée à travers laquelle il voit transparaître une lumière intense.
Le retour est fréquemment instantané et violent. Très souvent, la dixième phase n’existe pas et le sujet ne vit que la onzième. Un homme déclare (p.101) : « J’étais là-haut près du plafond, je les observais en train de me donner des soins. Quand ils ont posé leurs électrodes sur ma poitrine, et que mon corps fit un saut, je me vis retomber comme un poids mort ; l’instant d’après, j’étais dans mon corps. »
Ce retour se fait parfois contre le gré des sujets qui se trouvaient si bien dans leur nouvel état qu’ils n’aspiraient pas à revivre, mais quelquefois aussi après une négociation ou une décision personnelle prise en toute connaissance de cause de revenir à la vie. Certains sont rappelés par le sentiment du devoir (Ring, p.105) : « Je souhaitais rester où je me trouvais. Puis tout à coup, j’ai entendu ma fille et mes enfants et j’ai compris que je devais, que je devais revenir. »