Bien que les enquêtes soient terminées, Certaines expériences continuent. Le site sera donc régulièrement mis à jour.
Nom de l'équipe : Les Sentinelles des Tourbières.
Titre du projet : Rétablissement des fonctions écologiques des zones forestières dégradées : Impact de la restauration des anciennes pessières sur l'hydrologie et la biodiversité du Plateau de Saint-Hubert.
Question de recherche : Quel est l'impact de la restauration des zones anciennement exploitées en pessières (plantations de résineux) sur l'humidité du sol et la biodiversité des milieux tourbeux et humides du massif forestier de Saint-Hubert ? Quelles solutions peuvent être envisagées pour poursuivre et amplifier cette restauration ?
Faits saillants de l'enquête :
L'enquête s'est basée sur l'analyse des raisons historiques du drainage et de l'enrésinement des tourbières du massif de Saint-Hubert. Au XIXe et XXe siècles, ces zones humides ont été asséchées un peu pour l'exploitation de la tourbe comme combustible mais surtout pour la sylviculture, notamment la plantation d'épicéas (pessières) à croissance rapide pour la production de bois.
Cette pratique a entraîné une dégradation significative des écosystèmes tourbeux, avec une perte de biodiversité caractéristique des milieux humides et une modification de l'hydrologie des sols.
L'assèchement de la tourbe a également conduit à la libération de carbone stocké, contribuant au changement climatique. La restauration des tourbières est devenue une priorité face à cette perte de biodiversité, aux émissions de carbone et à la reconnaissance du rôle essentiel de ces milieux. Les pessières artificielles sont par ailleurs reconnues pour leur faible biodiversité et leur potentiel appauvrissement des sols.
Le projet LIFE a démontré que la production sylvicole sur ces sols tourbeux est souvent non rentable. L'enquête a analysé les méthodes de restauration mises en œuvre, incluant l'abattage des résineux, le bouchage des drains pour rétablir l'hydrologie naturelle, le décapage de la couche superficielle du sol, la création de mares et la réintroduction d'espèces typiques. L'observation par satellite (EO Browser, Wallon Map) et les inventaires de terrain (humidité du sol, flore, faune) sont des outils clés de l'étude.
Principaux résultats :
Les efforts de restauration des zones anciennement occupées par des pessières ont démontré un impact positif significatif sur l'humidité du sol.
Le bouchage des drains et la création de digues ont permis de retenir l'eau, favorisant la remontée de la nappe phréatique et recréant les conditions humides essentielles aux écosystèmes tourbeux. Cette restauration hydrique a eu un effet spectaculaire sur la biodiversité.
On observe le retour d'espèces végétales typiques des tourbières, comme les sphaignes et les linaigrettes, ainsi qu'une augmentation de la présence d'amphibiens, de libellules et d'oiseaux liés aux milieux ouverts. La suppression des pessières et la restauration des zones ouvertes ont également favorisé une diversification des habitats, avec la réapparition de landes humides et la recréation d'habitats feuillus.
Le projet LIFE a permis de neutraliser plus de 80 kilomètres de drains et de créer de nombreux points d'eau. Le suivi des indicateurs (espèces végétales, avifaune, papillons, libellules) a confirmé l'évolution positive des sites restaurés. La restauration contribue également à la séquestration du carbone à long terme par la formation de nouvelle tourbe.
Actions entreprises pour faire la différence :
Pour poursuivre et amplifier la restauration des zones anciennement exploitées en pessières, plusieurs actions peuvent être envisagées. Il est crucial de maintenir les efforts de négociation avec les propriétaires fonciers (publics et privés) pour les convaincre d'abandonner la sylviculture résineuse sur les zones à potentiel de restauration.
La pérennisation du statut de conservation des zones restaurées, comme la création de la Réserve Naturelle Domaniale du Plateau de Saint-Hubert, est essentielle. Il est nécessaire de continuer et d'étendre les travaux de restauration hydrique (bouchage des drains, création de mares et de digues) sur les zones dégradées.
La gestion active des zones restaurées, notamment par le pâturage extensif pour maintenir les milieux ouverts et favoriser la biodiversité des landes, doit être encouragée.
Le suivi scientifique rigoureux des indicateurs environnementaux doit se poursuivre pour évaluer l'efficacité des actions et adapter les stratégies de restauration. Enfin, il est primordial de renforcer la sensibilisation et l'éducation du public (élèves, propriétaires, touristes) à l'importance des tourbières et aux enjeux de leur restauration, en s'appuyant sur des outils pédagogiques et des infrastructures d'accueil. L'intégration de la conservation des tourbières dans les plans de gestion forestière à vocations multiples est également une voie à privilégier.