Recherche - Laboratoire APILAB

© David Enon

LABORATOIRE DE RECHERCHE APILAB

Depuis 2018, la recherche à l’ÉSA La Réunion est structurée par une unité de recherche dénommée APILab. C'est un laboratoire – une des représentations de l'île pour les chercheurs - qui tresse ensemble Arts, Paysages et Insularités, en relation avec les spécificités de l'île : sa géographie et sa géolocalisation, ses histoires géopolitique, économique et sociale et son imaginaire.

Les questionnements de APILab, artistiques, esthétiques et critiques se fondent dans le territoire de La Réunion, un monde créole aujourd'hui mondialisé dans un espace physique toujours clôs et toujours en mouvement car volcanique. Mais ils sont aussi ouverts. Le volcan, sa science et son imaginaire est un thème de nombreuses représentations qui relie de nombreuses îles entre elles, par exemple. Ils sont ouverts plus généralement, car les projets menés, en art et sur l'art, visent à explorer l'île de la relation et de la complexité avec ces notions-outils de « paysage(s) » et « insularité » dans leurs dimensions conceptuelles, scientifiques et artistiques.

APILab prolonge la plateforme de recherche expérimentale API (Arts, Paysages, Insularités), créée en 2013. La mention “Paysages” a été l' élément structurant de la recherche à l'ÉSA La Réunion et déterminant dans son habilitation à délivrer le DNSEP dès 2004, année où émerge la première plateforme de recherche “Art & Science sur le paysage”.

Comprendre le paysage (Extrait de la présentation du séminaire tenu à L'ESA RÉUNION – 7 mai 2022) “Le paysage est une production de l’activité humaine, dans sa dimension esthétique et dans les modalités d’aménagement d’un territoire. Sa formation est due à des modes de vie et à une organisation de la société. La seule traversée d’un lieu peut en changer la forme. Le paysage, en tant que marqueur esthétique d’un pays, est généralement le fait d’une organisation collective sédentaire. Habiter un pays, c’est habiter un type de paysages. L’espace se teinte ainsi d’une dimension affective ; il mobilise des émotions, c’est-à-dire une esthétique que nous cherchons à lire davantage comme catégorie politique. Il n’y a pas d’esthétique innocente, il n y a pas de « paysage vierge ». Le paysage apparaît avec les manières d’habiter. Il peut être bouleversé, modifié par des catastrophes naturelles et décisions sociopolitiques et devenir ainsi méconnaissable, autre. Une forme d’inquiétude peut le traverser, car un familier (le pays formé par nos habitudes sédentaires) a été défiguré.” Les interactions et les interrelations entre le paysage et l’humain font l’objet de la recherche de APILab à travers ses deux axes : « Mémoire, histoire et créolisations india-océanes » et « Pensées plastiques des insularités », axes caractérisés par leur perméabilité.

AXES DE RECHERCHE

Les problématiques de recherche de l'ÉSA Réunion se déclinent selon deux axes principaux : 

Mémoire, histoire et créolisations india-océanes


On n’habite jamais sans être habité


La Réunion est une montagne dans la mer dont les pitons constituent les points les plus saillants d’un territoire plus vaste, immergé et interconnecté. Son histoire est celle d’un espace d’interdépendance, d’hétérogénéité, de mouvance et de fabrication. L’axe de recherche « Mémoire, histoire et créolisations india-océanes » propose de sonder l’épaisseur du temps présent afin d’interroger « l’écosystème culturel » de l’île en portant un regard sur la construction des récits et ce qui en a été évacué pour révéler sa dimension cachée, l’espace souterrain et sous-marin, les interstices, les marges, etc. Par la recherche en art, il s’agit de questionner la créolisation comme processus de création et comme possibilité d’émergence, le rapport à l’histoire et au patrimoine, notamment à travers le document, l’archive, la littérature et le champ des études postcoloniales, mais aussi ouvrir d’autres perspectives en considérant la mémoire du corps (performance, danse, chant, fonnkèr, rituel). Le paysage est ici envisagé comme un médium, c’est-à-dire un processus et une interface où se créent des interactions et des codes culturels.



Pensées plastiques des insularités

Projet d’élaboration d’une « carte mentale » des représentations îliennes

« L’oeuvre d’art est un objet plastique produit par une pensée plastique distincte de la pensée technique ou scientifique. » 

Pierre Francastel, Art et technique aux XIXème et XXème siècles, Éd.

Denoël/Gonthier, 1972, p.108

J’ai une image de l’île en tête, celle d’un labyrinthe jouant de sa situation géographique et de sa topographie, naturel et culturel, lié à son histoire et à sa construction sociale. Pour comprendre l’île, la représentation du corps humain insulaire territorialisé - spécifiquement celui du corps réunionnais, individuel et social - paré d’un vêtement occidental, sur une peau indienne ou asiatique qui recouvre une chair intérieure de l’Afrique noire (idée empruntée à G. Chopinet), nous immerge déjà dans une île de la complexité. Une île qui s’est faite par croisements de juxtapositions.

Il s’agit de mener et partager des recherches en art et sur l’art qui travaillent la question de nos représentations des îles, en général, de notre territoire insulaire en particulier , celui-ci en interrelations avec un archipel India- océanique et sa métropole française et européenne.

Une île produit-elle des formes qui sont spécifiques aux représentations de son insularité et de son iléité ?

Espace clos - « en discontinuité terrestre -, l’île est d’emblée signifiante de la relation.

- En quoi les oeuvres, leurs formes, font-elles part de cette relation ?

- Comment les représentations et expressions sensibles témoignent de ce « processus géographique d’interaction régionale « ? (In : Etude de l’insularité - p.11 - Persée.fr)

- Comment les représentations de l’insularité et de l’iléité influent sur les expressions et les génèrent ? Les oeuvres en retour, nous informent-elles, sur nos manières d’habiter un territoire insulaire ?

Ce sont quelques questions déjà de la recherche qui nécessite observation des productions sensibles.

Parce qu’au départ espace clos, l’île est devenue un lieu privilégié pour les chercheurs. Elle est un laboratoire. Cette représentation moderne semble susciter un regain d’intérêt dans de nombreux champs d’études dont l’art avec des artistes qui travaillent ensemble art, science et poésie.



PROJETS DE RECHERCHE - Quelques exemples

"Mineral Accretion Factory"                                                                                                                          Projet de David Enon (chercheur associé)

Ce projet de recherche est engagé dans l’école depuis 2016, avec un soutien de la DGCA (ministère de la Culture) en 2019.

"Territoires précaires"                                                                                                                                   Projet de Yasmine Attoumane, Ter'la éditions-ESA / 2021

SÉMINAIRES DE RECHERCHE 

Tout au long de l'année, l'ÉSA organise des séminaires qui viennent alimenter les problématiques de recherche développées à l’ÉSA au sein de l’unité de recherche APILAB.



Les actions du laboratoire APILAB reçoivent le soutien du Ministère de la Culture à travers une bourse de recherche.