Sommes-nous proches d’une sixième extinction ? Quelles pistes de réflexion?

Savez-vous que chaque jour de plus en plus d’animaux sont en voie de disparition ? Même si, aujourd’hui, il existe plusieurs groupes qui s’en préoccupent, il subsiste encore un manque d’information, et beaucoup ignorent ce que cela signifie et ne possèdent pas de données exactes.

Les espèces d’animaux en voie de disparition

Selon des rapports officiels récents, il y a à peu près 5000 espèces sur la liste rouge. Les chiffres se sont aggravés et ont continué à augmenter de manière alarmante ces 10 dernières années. La définition du concept « en voie de disparition » est simple : il s’agit d’une espèce animale qui est sur le point de disparaître, ne comptant plus que quelques spécimens, ou qui n’a plus d’espèces reproductives. L’extinction ou la disparition d’une espèce est un phénomène naturel qui se produit depuis des millions d’années. Cependant, de nos jours, ce phénomène est accentué par nos influences et nos actions en tant qu’humains. La survie de certaines espèces dépend maintenant de facteurs comme : la conservation de leur environnement, la protection des espèces natives, une réglementation plus stricte de la chasse et de la pêche, le réchauffement climatique global et bien d’autres raisons.

Les dix espèces les plus menacées

- Le tigre : il y a déjà quatre espèces de tigre qui n'existent plus et il ne reste environ plus que 3000 spécimens dans le monde. Ses principalesmenaces sont le braconnage et la destruction de son habitat.

- La tortue Luth : on compte 20 000 tortues luth actuellement, pour 150 000 dans les années 80. La principale menace est le plastique dans les océans, qu’elle confond avec de la nourriture, mais aussi la disparition de son habitat naturel pour la ponte des oeufs.

- La salamandre géante de Chine : menacée par la chasse excessive et par la pollution détruisant son habitat.

- L’éléphant de Sumatra : c’est l’animal le plus en danger actuellement.

- Le marsouin du golf de Californie : en danger à cause de sa pêche démesurée.

- Le saola : l'abattage massif des zones forestières et le marché de ce bovidé menacent les 500 spécimens restants...

- L’ours polaire : subissant les conséquences du réchauffement climatique de plein fouet, cette espèce qui dépend de la banquise perd chaque jour de son territoire.

- La baleine franche de l’Atlantique nord : on dénombre actuellement moins de 350 baleines, elles sont en danger à cause de la pêche commerciale.

- Le papillon monarque : la culture à grande échelle va généralement de pair avec les pesticides qui polluent et tuent ce magnifique papillon. Ainsi, sa population a baissé de 90% durant les 20 dernières années.

- L’aigle royal : il est directement touché par la déforestation.

Espèces en danger, les exemples les plus récents

Les éléphants continuent d’être en danger, et cela plus que jamais. En octobre 2019, au Zimbabwe, une cinquantaine de spécimens ont été retrouvés, morts de faim et de soif, victimes de la sècheresse extrême qui touche encore le pays en ce moment. Un autre exemple est les abeilles. Que ce soit en Europe ou bien au Brésil, les pesticides font des ravages. Au Brésil, Jair Bolsonaro a permis l’entrée de nouveaux pesticides et cela empire la situation; on estime que plus de 500 millions d’abeilles ont été affectées.

Un des cas d’extinction les plus douloureux en cette année 2019 est la disparition d’une espèce spectaculaire : le Rhinocéros de Sumatra. La Malaisie vient de perdre son dernier spécimen ; il en existe aujourd’hui autour de 80 dans le monde.

Il existe des milliers d’exemples comme ceux-ci tout autour du monde. En voie d’extinction ou touchés par les centaines de problèmes engendrés par notre influence, les espèces sont menacées, tant indirectement, comme avec le plastique retrouvé à l’intérieur des organismes de plusieurs espèces de poissons, que directement, avec les forêts brûlées qui affectent des espèces comme le Koala ou le Jaguar. On peut encore évoquer l’impact de la pêche excessive de mollusques (conchas) en Équateur, qui risque de les faire disparaître, ou l’incapacité du Poisson clown à s’adapter aux changements causés par le réchauffement climatique. L’écosystème marin est en effet particulièrement menacé : 70% des récifs de corail pourraient se perdre si la température augmentait au-dessus de 1.5 degrés Celsius, entrainant ainsi la perte de milliers d’espèces vivant en symbiose avec les récifs, et donc avec nous.

Qu'est-ce qu'une extinction de masse ?

Alors que la disparition des espèces est un phénomène qu'on mesure sur une assez longue durée, une extinction de masse est un événement que l’on peut considérer comme relativement bref sur l’échelle des temps géologiques mais qui, au niveau de son impact sur les espèces vivantes, est absolument catastrophique.

"70% des récifs de corail pourraient se perdre si la température augmentait au-dessus de 1.5 degrés Celsius"

De manière générale, lors d'une extinction de masse, une moyenne de 75% des espèces animales et végétales présentes sur la terre et dans les océans disparait. Les différentes extinctions ont été définies en 1982 par Jack Sepkoski et David M. Raup; au total il y en a eu cinq, toutes générées par des causes naturelles. Il est important de souligner ce dernier aspect, car nous ne pouvons dire que les phénomènes actuels sont complètement notre faute; ce qui arrive de nos jours se déroule à une vitesse inouïe, jamais constatée auparavant. Le Changement Climatique, il s’agit d’une cause naturelle, amplifiée par nos décisions et notre influence.

Disparition des populations

Certains scientifiques ont cherché à quantifier le déclin non plus du nombre d’espèces mais des populations, c’est-à-dire des groupes d’animaux sur un territoire.

"41 % des espèces d'amphibiens et 26 % des espèces de mammifères sont menacées d'extinction."

Au total, plus de 50 % des animaux ont disparu depuis quarante ans, estiment les scientifiques, qualifiant leurs résultats de « prudents », et 32 % des espèces étudiées déclinent en termes de population et d’étendue. Ainsi, d'après l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), environ 41 % des espèces d'amphibiens et 26 % des espèces de mammifères sont menacées d'extinction.

Aujourd’hui, nous pouvons noter qu’il ne s’agit pas de disparition d’espèces isolées, mais de populations entières. Ce phénomène peut donc se produire à grande échelle, ce qui est inquiétant. Ainsi, observer une seule espèce en particulier n’est plus un critère aussi valide car ce sont parfois plusieurs espèces qui sont menacées simultanément. De plus, leur réduction va à leur tour affecter d’autres espèces. En effet, il faut tenir compte des réactions en chaîne provoquées par la destruction ou l’altération des habitats naturels.

Tous les continents sont concernés par la perte de la biodiversité. Toutefois, les zones les plus touchées par cette déclinaison se situent aux tropiques (Amazonie, bassin du Congo, Asie du Sud-Est) car elles sont les plus riches en termes de faune et de flore, et donc les plus affectées.


Parmi les 177 espèces de mammifères scrutées plus spécifiquement par l’étude, quasiment toutes ont perdu au moins 30 % de leur aire de répartition historique depuis 1900 et 40 % en ont perdu plus de 80 %.

Cas emblématique, le lion a longtemps régné sur la majeure partie de l’Afrique ; on ne compte aujourd’hui qu’une poignée de populations dispersées en Afrique subsaharienne et une population dans la forêt de Gir, en Inde.

Malgré ces chiffres alarmants, près de 30 % de ces espèces en déclin sont considérées comme communes. Elles sont (encore) classées en tant que « faible préoccupation » et non pas « en danger » par l’UICN.

"Si on permet que cela continue, la vie pourrait mettre plusieurs millions d'années à s'en remettre, et notre espèce même disparaitrait probablement assez tôt "

Gerardo Ceballos

Les humains aussi en voie de disparition ?

On connait les causes de ces reculs : on peut en premier lieu les imputer à la perte et à la dégradation de l’habitat par l’agriculture, l’exploitation forestière, l’urbanisation ou l’extraction minière. On peut ensuite évoquer la surexploitation des espèces (chasse, pêche, braconnage), les espèces invasives, la pollution, les maladies et le changement climatique.

Ce déclin concerne non seulement la biodiversité mais également l’humanité. Ainsi, « L’érosion des espèces entraîne de graves conséquences en cascades sur l’ensemble des écosystèmes, ainsi que des impacts économiques et sociaux pour l’humain », rappelle Gerardo Ceballos, chercheur en écologie. En effet, toutes les sociétés humaines dépendent des ressources naturelles et animales pour se nourrir ou pour créer des produits innovants, et notre société dépend de fait de leur viabilité. D’autant plus que, dans la nature, tout est connecté : la perte d’une espèce comme les abeilles pourrait tout changer.

Cette disparition d’espèce augmente à une vitesse surprenante et si nous voulons que l’équilibre ne soit pas plus rompu nous devons commencer à agir avant qu’il n’y ait plus de retour, avant que l’humain soit irrémédiablement touché. En effet, les humains feront probablement partie des espèces qui disparaîtront, préviennent les chercheurs. « Si on permet que cela continue, la vie pourrait mettre plusieurs millions d'années à s'en remettre, et notre espèce même disparaîtrait probablement assez tôt», explique en effet Gerardo Ceballos.

Il se pose donc une question très importante: si nos actions affectent l’environnement, les espèces qui y vivent et l’équilibre naturel, ne devrions-nous pas les protéger ? Que ce soit pour notre propre salut comme espèce animale ou que ce soit pour le respect à la vie de la nature ?

Il y a beaucoup de raisons de croire que la disparition d’espèces animales et végétales est amplifiée par l’humain, qui, dans sa cupidité et son utilisation irraisonnée des ressources naturelles, n’a pas considéré que ses actions pourraient provoquer des conséquences peut-être irréversibles.

Il faut maintenant nous demander si nous préoccuper de la nature ne devrait pas être une des choses les plus importantes, non seulement pour défendre les droits de la nature mais aussi pour la survie de notre espèce. De plus, nous devons agir rapidement : des centaines d’espèces et leur population disparaissent chaque jour.


Mathias Wadoux

Novembre 2019