Le Brexit, une décision historique qui fait tout basculer

Le Brexit, un mot qui restera sans aucun doute dans notre histoire. Cette décision, qui a provoqué tant de conflits, a finalement réussi à s’officialiser le 31 janvier 2020. Cependant, la sortie ne sera pas simple et le chemin est encore long. L’arrivée de Boris Johnson permettra-t-elle de tout régler ? L’accord saura-t-il plaire à l’ensemble du peuple britannique ? Quelles pourraient être les conséquences de cet acte ?

Le Brexit, quelles sont ses origines ?

Il y a maintenant longtemps que la question de la sortie du Royaume-Uni de L’UE a été envisagée. Cette possibilité a été évoquée plusieurs fois, comme par exemple au temps de Harold Wilson, en 1975 ; le résultat d’un vote affiche que 67 % des britanniques ont voté pour rester dans l’Union européenne. Pourtant, le Royaume-Uni se montre assez distant des valeurs de l’Union européenne et va vouloir se distinguer : le rejet de l’euro en est une preuve. Mais le pays a conscience des avantages qu’accorde l’UE, comme le libre marché. Cependant, l’euroscepticisme grandit au fur et à mesure que le temps passe. La question de l’immigration pose de nombreux soucis, ainsi que les énormes quantités d’argent versées par le Royaume-Uni. Toute la responsabilité des complications est rejetée sur le fonctionnement de l’UE, systématiquement considérée comme coupable de l’ensemble des problèmes actuels. C’est ainsi que le 27 mai 2015, avec les propositions du Premier ministre David Cameron, la Reine Elizabeth II fait une déclaration et va annoncer ce qui causera tant de troubles au Royaume-Uni.

Les diverses raisons de choisir le Brexit.

Pour de nombreux britanniques, le Brexit est quelque chose de nécessaire, et pour d’autres, les inconvénients ne suffisent pas à justifier cette décision. L’argument de force qui mène les gens à voter pour sortir de l’UE est que les britanniques veulent pouvoir mettre en place un contrôle des politiques migratoires pour augmenter la sécurité et la rendre plus efficace face au terrorisme et aux problèmes de drogues. Cette décision s’associe aussi à la croyance d’un échec de ce projet européen qui est essentiellement lié à la dérive des migrants. Les Britanniques considèrent également que leur souveraineté est remise en cause. Or, ils voudraient que le RU puisse faire ses propres lois et ainsi contrôler sa destinée sans que l’UE ne s’interpose. D’ailleurs, on considère que la monnaie britannique perd de sa valeur et il faudrait donc impulser la livre sterling pour la faire gagner en importance et pouvoir commercer librement à travers le monde.

Le pari raté de David Cameron causerait le Brexit

Le 27 mai 2015, la reine Elizabeth II prononce un projet pour renégocier les accords, ainsi que la disposition d’un référendum sur le maintien ou la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. C’est cette proposition qui va tout faire basculer. On pourrait évoquer plusieurs détonateurs pour cet événement : la crise économique de 2008, celle de l’euro en 2010, ou encore les idées croissantes d’eurosceptiques comme Nigel Farage. L’ex-Premier ministre britannique David Cameron, élu en 2010, va jouer un rôle considérable ; il va relancer les discussions à propos de nouveaux accords et va mettre sur la balance le fait que le Royaume-Uni pourrait sortir de l’UE s’il ne trouve pas d’accords convenables. Il va ainsi renforcer l’idée croissante que l’UE cause plus de soucis qu’elle n’en règle. Son objectif : trouver de meilleurs accords. Mais son pari est un échec car les britanniques vont bel et bien croire aux désavantages de l’UE.

Un résultat qui pose problème. L’apparition de Theresa May l’a-t-il arrangé ?

Un référendum donne un résultat de 51,9% en faveur du oui pour la sortie de l’Union européenne. Ce qui marque le début de ce que l’on appelle maintenant le Brexit. David Cameron, très étonné de ce résultat, décide de laisser sa place à Theresa May qui assume le poste de première ministre. Elle proclame ensuite que « Brexit means Brexit » ; son objectif est clair: le Brexit doit se réaliser. Mais le doute s’installe et deux questions se posent: ce résultat est-il valide et démocratique ? et quand sera-t-il effectif ? Theresa May va donc durant les trois années suivantes chercher à trouver un accord avec l’UE qui convienne à son pays car, même si la décision a été prise, on ne sait pas encore correctement ce que cela implique et ce que souhaite le pays vis-à-vis de l’Union européenne. Le grand souci de Theresa May est sa minorité au Parlement qui ne lui permet pas d’avancer. Ainsi, trois accords sont rejetés et trois nouveaux délais s’imposent. Theresa May annonce finalement sa démission en 2019 et le pays se retrouve toujours face à la même question : sortira-t-on de l’UE?

Élections de Décembre 2019, résultats ?

L’abandon de Theresa May amène Boris Johnson, ancien maire de Londres, à prendre la tête du gouvernement. Ce conservateur va ainsi annoncer la sortie officielle pour le 31 octobre 2019, « avec » ou « sans » accord. Il entreprend le projet de mener à bien le Brexit. Il va commencer le processus en proclamant de nouvelles élections législatives cette même année. Les campagnes politiques débutent, notamment celles de Boris Johnson et de son parti qui semblent avoir comme devise : « Get Brexit done ». Des slogans publicitaires vont être employés comme le fameux camion qui proclamait que le Royaume-Uni donnait 350 millions de livres par semaine à l’UE, somme qui va peu après être contestée, mais qui va néanmoins rester dans les esprits. Le parti conservateur va donc centrer cette élection sur la réussite du Brexit. Son opposant, le parti travailliste, va aussi faire campagne, guidé par Jeremy Corbyn, mais son projet politique est beaucoup moins clair et les conservateurs l’emportent avec une majorité écrasante : 43,6% des votes leur donnent 365 sièges, contre 202 pour le parti travailliste, qui voit sa position s’affaiblir. Ce résultat est très élevé et n’avait pas été vu depuis les élections de Margaret Thatcher dans les années 80. Boris Johnson va ainsi se lancer dans une course contre la montre qu’il ne réussira pas.

Une opposition intérieure, symbole des complications du Brexit

La question du Brexit a peut-être été réglée d’une certaine manière ce 31 janvier. Pourtant, les conflits intérieurs ne semblent pas diminuer. On peut citer les manifestations contre la suspension du Parlement ou encore l’Écosse, qui en est un exemple clair, ayant eu de nombreuses fois l’intention de devenir indépendante. Le 18 septembre 2014, un référendum a été proposé avec le but de résoudre cette question : “Should Scotland be an independent country?” (l’Écosse devrait-elle devenir indépendante?) Cependant, l’«independence day » ne s’est pas réalisé. Le résultat a indiqué que 55,3% des participants ont voté pour le maintien dans le Royaume-Uni. Malgré cela, après le résultat de 2016, où la majorité de l’Écosse avait voté pour le maintien dans l’Union européenne, la question est réapparue et, avec le résultat final ce 31 janvier 2020, le doute plane de nouveau et continue de grandir. Depuis, on a tenté de proposer un nouveau référendum, qui n’a toujours pas eu lieu, mais cela pourrait bientôt se faire car les écossais ne sont pas décidés à sortir de l’UE. Et ce ne sont pas les seuls; l’Irlande du Nord est dans le même dilemme. Les jeunes eux aussi clament leur mécontentement. La sortie de l’Union Européenne cause des soucis principalement liés à leur futur car, pour eux, la libre circulation, les accords entre Universités, la facilité pour s’installer dans un pays européen et bien d’autres accords et facilités tant économiques que politiques sont des avantages qu’ils ne veulent pas abandonner.

Le grand problème autour de l’Irlande du Nord

À partir du XVIème siècle, la majorité des irlandais étaient catholiques. Les colons anglais protestants furent envoyés dans le nord et causèrent des perturbations. C’est après la Première Guerre mondiale que se forment les « deux Irlandes », qui existent encore actuellement. Pourtant, ce n’est qu’en 1960 que débutent les problèmes : la minorité catholique d’Irlande du nord s’estime maltraitée et des manifestations se déclenchent. C’est de cette manière que commence ce que les anglais appellent « The Troubles ». Une guerre meurtrière d’environ 3000 morts s’apaise avec l’Accord du Vendredi Saint en 1998. On installe la libre circulation entre les « deux Irlandes ». Tout change en 2016 avec le vote du Brexit car cela met en jeu la mise en place d’une frontière plus stricte avec des douanes et des contrôles. Cette frontière devrait régler tous les problèmes du Brexit. La première idée est qu’il faudrait une frontière stricte, mais les Irlandais s’y opposent car cela pourrait ramener les troubles de la guerre. L’Europe propose alors un « backstop » (filet de sécurité) où l’Irlande du Nord resterait dans la législation européenne et où les mesures de contrôle se feraient seulement au niveau de la mer. Cependant, les ultra-unionistes sont contre cette idée. Une autre possibilité est alors proposée : le Royaume-Uni reste dans le marché commun et donc la frontière n’est pas nécessaire. Mais les « hard-brexiters » désapprouvent. Cela cause d’abondants différends et la question reste irrésolue.

L’Europe, quelle position ?

«Le départ du Royaume-Uni laisse un gouffre béant dans le projet politique, mais aussi dans le budget de l’UE », constate The Daily Telegraph. Le Brexit déstabilise en tout point de vue les gouvernements européens et du monde car ce dilemme met en doute tout le travail qui s’est développé pour créer l’UE. Néanmoins, l’UE a choisi de former un front uni et efficace. Cela s’oppose à la position britannique qui semble déstabilisée: les changements de Premier Ministre et les retards durant toutes ces années le prouvent.

Après de nombreux débats, on constate que les britanniques ne sont pas préparés au Brexit et que cela ne s’arrange toujours pas. Pourtant, le 31 janvier 2020, les eurodéputés ont approuvé, vers 18 h 30, le rétrécissement de l’UE, en adoptant l’accord par 621 voix contre 49, déclarant enfin la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Des changements vont s’opérer de chaque côté et le RU perd 27 marchés alors que l’UE en perd un seul. Pourtant, possédant l’avantage de la City (le plus grand centre financier d’Europe) cela pourrait permettre au RU de se positionner différemment face au reste du monde et peut-être de trouver des avantages que l’UE ne permettait pas. Pour l’UE, cette sortie est une arme à double tranchant : cela pourrait inciter les autres pays à faire de même, car les contraintes et lois de l’UE ont déjà causé de nombreux conflits (on peut citer le référendum grecque pour abandonner l’euro qui n’a pas eu de résultat favorable). Cela illustre une de ses plus grandes peurs : perdre chaque fois plus de sa souveraineté ou bien encore l’euroscepticisme qui grandit envers cette administration démocratique qui ne semble pas être attentive aux conseils de ses citoyens et possède un fonctionnement très complexe. Dorénavant, tout tourne autour de la réussite ou non du Brexit : sa réussite pourrait-elle influencer d’autres pays? Cette issue n’est pas acceptable pour l’Union Européenne. Mais c’est aussi un risque qui pourrait lui rapporter gros car l’échec du Brexit pourrait montrer que ce projet vaut la peine.

Le 31 janvier, une date où tout change sans rien changer

Le député conservateur Mark François a déclaré, « voir le soleil se lever sur un pays libre » car, pour lui, l’événement constituait un aboutissement historique. Mais ce n’est pas l’avis de tous et cela reste encore à voir.

Beaucoup de questions se soulèvent et peu de réponses sont apportées car, pour le moment, ce n’est qu’un acte politique et les conséquences sont minimes. Mais tout le reste est encore à éclaircir. Les Britanniques ont jusqu’au 31 décembre 2020 pour trouver un accord. Avec la majorité assurée, Boris Johnson a peut-être toutes les cartes en main, mais tout reste à faire. De plus, l’aspect financier inquiète ; quel sera le choix des banques, des organismes financiers et des grandes multinationales : s’en aller ou rester ? C’est une des nombreuses questions toujours sans réponse. Et maintenant reste à choisir si ce sera un Brexit dur ou doux. Comment s’arrangera le statut des citoyens européens vivant à l’étranger ? La pêche reste aussi un des conflits des plus discutés car la zone de pêche va changer, tout comme les normes alimentaires, environnementales, la libre circulation, le marché unique, les accords juridiques… L’argent qui ne va plus être envoyé en Europe va pouvoir être réinjecté dans l’argent du service public et de la santé comme promis. Sinon, où ira-t-il ? Pour le moment les lois et les règlements européens resteront en vigueur dans l’attente de futures négociations. Le Brexit a mis en avant de nouveaux problèmes et en a remué d’autres plus anciens ; reste à voir si cela aura été une bonne décision.

Mathias Wadoux

Février 2020