Internet, source de pollution

Nous vivons dans une époque où la technologie est devenue indispensable ; nous dépendons de nos appareils connectés et, surtout, d’internet. L’utilisation quotidienne de ces derniers peut parfois nous aveugler sur le fait qu’ils ont un impact environnemental très fort. En effet, le web est plus polluant que le trafic aérien mondial et en 2017 les appareils connectés représentaient 3% de la consommation d’énergie mondiale. Or, nous savons que notre planète fait face à un réchauffement climatique qui ne cesse de s’accroître, et, en tant qu’êtres conscients, il nous faut prendre des mesures contre celui-ci, changer certaines de nos habitudes. Dans cet article vous trouverez des conseils pour diminuer l’impact environnemental de notre utilisation de l’électronique, de même qu’une explication sur la façon dont elle génère de la pollution.

La fabrication des objets technologiques

Tout d’abord, pour fabriquer nos appareils connectés il faut extraire des minerais et des métaux, dont certains métaux rares ; pour concevoir un smartphone, il en faut 50. Pour extraire 6 de ces 50 métaux rares, il faut extraire une quantité de roches de 40 fois le volume d’un smartphone. L’exploitation minière s'élargit donc et cette activité est nuisible à l’environnement, autant par le carbone qu’elle rejette (la fabrication d’objets connectés générait, en 2017, 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre), que par la consommation et la pollution qu’elle génère dans les ressources qu’elle utilise. La preuve en est que pour la simple fabrication d’un ordinateur de 2kg, il faut exploiter 800kg de roches et utiliser 240kg de combustibles fossiles, 1,5 tonnes d’eau et 22kg de produits chimiques.

A ceci il faut ajouter le rejet de gaz à effet de serre et la consommation d’énergies dans les usines qui assemblent les composants et bien évidemment le transport des appareils connectés de l’usine jusqu’à son lieu de vente.

La consommation d’énergie de par le stockage de données et l’utilisation des apps

Hormis les problèmes environnementaux liés à la fabrication des appareils, se pose aussi la question de l’énorme consommation d’énergie lors de leur utilisation. Chaque utilisateur du réseau internet stocke constamment des données et des fichiers dans ce que l’on appelle le “cloud”. Tout ce qui est stocké dans celui-ci va en fait dans des data centers qui tournent 24h/24. Ils consomment de l’énergie pour fonctionner mais aussi de par la climatisation utilisée pour éviter qu’ils surchauffent. On estime qu’un data center de 10 000 mètres carrés consomme la même énergie qu’une ville de 50 000 habitants en une journée.

Le web consomme tellement d’énergie, que “si internet était un pays, il serait le troisième consommateur mondial d’énergie derrière la Chine et les Etats-Unis”, d’après le magazine NEON.

Chaque clic sur le web consomme de l’énergie et certaines activités en consomment encore plus. Par exemple, le visionnage de matériel audiovisuel, autrement dit le streaming, est terrible pour l’environnement. Lorsque nous visionnons une heure de film en HD sur notre smartphone, l’énergie consommée est celle d’une ampoule de 60W allumée pendant 250 heures! Il faudrait donc que nous limitions cette consommation énergétique…


Les solutions pour réduire l’impact

L’utilisation d’énergies renouvelables par les entreprises

Nous ne sommes pas les seuls à être responsables de l’impact environnemental des technologies. Les entreprises derrière elles doivent agir et pour cela elles ont parfois besoin qu’on les y pousse. Alors, des organisations comme Greenpeace incitent les plus grandes entreprises du net à se tourner vers des énergies renouvelables pour faire fonctionner leurs centres de données.

Il existe des rapports (comme ClickClean de Greenpeace) qui permettent de classer les géants par catégories et de déterminer leur degré de pollution et d’utilisation d’énergies renouvelables. Ainsi on retrouve Apple dans la catégorie A -regroupant les entreprises dont l’activité est la moins nocive pour l’environnement- et des apps comme Twitter dans la catégorie F -regroupant les entreprises dont l’activité est la plus nocive pour l’environnement.

Images extraites du rapport de 2017 de Greenpeace

http://www.clickclean.org/france/fr/

Comment pouvons-nous aider?

En tant qu’utilisateurs, nous pouvons décider de quels programmes nous faisons usage. Pensons à faire des choix éco-responsables et à nous informer en consultant des rapports d’experts. Nous pouvons également utiliser des navigateurs qui pratiquent la compensation, c’est-à-dire qu’ils compensent financièrement leur pollution.

Ecosia par exemple est un navigateur en fonctionnement depuis 2014. Il marche conjointement avec Bing grâce à la publicité et aux annonces (comme tout autre navigateur) ; lorsque les utilisateurs cliquent sur ces annonces publicitaires, ils contribuent aux revenus de l’entreprise. 80% de ces revenus sont alors utilisés pour planter des arbres dans le monde. En moyenne, Ecosia recueille 0,5 € par recherche. Le 23 août 2019, on compte 65 millions d’arbres plantés par Ecosia dans le monde entier.

Lilo en est un autre exemple ; c’est un moteur de recherche français créé en 2015 qui attribue 50% de son chiffre d’affaire au financement de projets responsables et éthiques, effectués par des ONG et des associations, dans des cadres sociaux et environnementaux.

En faisant des recherches, l’utilisateur cumule des “gouttes d’eau” -1 goutte équivaut environ à 3 €- qu’il donne par la suite aux projets auxquels il veut contribuer.

Nous pouvons aussi réduire le nombre de fichiers que l’on stocke dans le cloud ou supprimer les mails que l’on sauvegarde inutilement car, même sans les ouvrir, ils consomment de l’énergie dans les data centers. D’après l’Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME), un mail stocké équivaut à 10g de CO2, soit le bilan carbone d’un sac plastique.

De même, nous pouvons éviter de transférer des fichiers ou des drives lourds en les faisant plutôt circuler via clé USB ou en utilisant des logiciels comme WeTransfer, qui éliminent les fichiers du cloud 7 jours après qu’ils sont envoyés.

Pour alléger les data centers, nous pouvons aussi favoriser le stockage local de données: les disques durs. Puis, nous pouvons éviter d’avoir des dizaines d’onglets ouverts lorsque nous surfons sur internet parce que chaque page ouverte, bien qu’elle ne soit pas en cours de consultation, consomme de l’énergie.


Nous avons donc la capacité de faire de nombreux gestes qui, bien qu’ils soient petits, aident l’environnement. Alors, utilisons le net de façon responsable, choisissons judicieusement les apps que l’on utilise et, pourquoi pas, diminuons le temps que l’on passe sur le net et sur nos appareils connectés; ça ne peut faire de mal à personne.


Elyse Chaves

Février 2020