La paix ne sera-t-elle jamais obtenue en Syrie ?

Depuis le début de la révolution syrienne en 2011, la Syrie ne connait plus la paix, une situation que les conflits d’intérêts des différents acteurs font perdurer.

La guerre civile en Syrie

Ce qui a commencé comme une révolte pour renverser le régime bassiste, à l’image de l’Egypte et de la Tunisie (printemps arabe), s’est mué en une guerre civile qui a pris fin il y a quelques semaines seulement.

Ce conflit a débuté à cause de la répression brutale du régime syrien sur les manifestants pacifiques, ce qui a engendré une rébellion armée de la part de groupes plus ou moins radicaux, tels que l’Armée syrienne libre (ASL), et une opposition politique formée par le Conseil national syrien (CNS), entre autres. Ces groupes ont cependant été rapidement supplantés par « des groupes de djihadistes extrémistes », (selon le président Bachar Al-Assad), qui seraient les auteurs des mouvements insurgés.

De cette façon, Bachar Al-Assad s’est présenté comme un défenseur de la Syrie face aux « djihadistes extrémistes », alors que c’est lui-même qui a contribué à gonfler leurs rangs en réprimant les manifestations jusque-là pacifiques. L’Occident est alors partagé, car bien que plusieurs pays désirent armer l’opposition, ils craignent que leurs armes se retournent contre eux, comme cela est arrivé en Afghanistan.

Pourtant, L’Iran et la Russie décident d’aider le régime syrien; l’Iran parce que la Syrie est son seul pays allié dans le monde arabe, et la Russie dans son propre intérêt, notamment pour défendre son seul port militaire en Méditerranée (Tartous), et pour conserver une position stratégique dans la région.

Daech, la Syrie et les combattants kurdes

A cette situation de guerre civile, s’ajoutent les revendications territoriales de Daech en Syrie. Le groupe État islamique en Irak et au Levant (Daech) a été officiellement créé en 2006, sur les restes d’un Irak détruit par les américains dans leur tentative d’éradiquer le terrorisme. En 2014, Daech réussit à écarter les groupes d’opposants du régime syrien pour contrôler le territoire que ceux-ci avaient gagné face au régime, principalement le Nord et l’Est de la Syrie, s’étalant également sur l’Irak. C’est sur ce territoire d'environ 200.000 km², maintenu sous contrôle par Daech, qu’Abou Bakr l-Baghdadi, a établi le califat, en se proclamant lui-même calife.

En septembre 2014, une coalition de soixante-dix pays se forme pour lutter contre Daech, mais parallèlement, le régime syrien et la Russie continuent les bombardements sur les positions de Daech, faisant de nombreuses victimes civiles. Un autre groupe de combattants se joint alors à la lutte contre l’Etat islamique: les Kurdes.


"Grâce à eux, la guerre contre Daech a pu être gagnée plus rapidement"

Cette minorité vivant dans le nord de la Syrie s’est en effet vue menacée lors de l’arrivée de Daech, et s’est donc impliquée plus que quiconque dans cette guerre, de façon économique et humaine, aidant ainsi la coalition internationale. Grâce à eux, la guerre contre Daech a pu être gagnée plus rapidement, l’État islamique ne contrôlant actuellement plus aucune région sur le territoire syrien.

L’offensive turque contre les Kurdes de Syrie

Alors que la communauté internationale pensait que la guerre en Syrie était finalement terminée, un acteur qui avait jusqu’à présent regardé la situation chez son voisin sans y prendre part directement, décide d’agir. Le 9 octobre 2019, le gouvernement turc et son président, Recep Tayyip Erdogan, bien qu’ennemi de Daech, considérant les nouveaux occupants kurdes comme des terroristes et des ennemis de la Turquie, a lancé une offensive appelée « source de paix » contre les camps kurdes. Cette nouvelle guerre commence au lendemain d’une guerre civile qui a déjà fait plus de 400.000 morts et 5 millions de réfugiés à l’étranger. L’armée du régime syrien est ensuite entrée dans le conflit pour soutenir les kurdes face aux turcs. Cette dernière action du régime syrien aurait vraisemblablement pour but d’empêcher la Turquie d’établir leur « couloir de sécurité », lequel provoquerait une occupation de tout le nord de la Syrie par les forces turques.


Pablo Chassier

Novembre 2019