L' Alchimiste, Paulo Coelho

L’Alchimiste est le deuxième livre de l’auteur brésilien Paulo Coelho. Véritable succès depuis sa parution en 1988, c’est un livre philosophique qui, à l’aide du symbolisme, entraîne le lecteur dans une vision du monde tel que le voit Coelho après onze années d’étude sur l’alchimie. Il traite les questions des rêves individuels et des chemins que prennent nos vies, de notre relation avec notre environnement (humain et naturel), à travers la vie de Santiago, un jeune berger andalou qui, suite à un rêve répété lui montrant les pyramides de Gizeh, entreprend un long voyage, tant physique que mental. Cet article se concentre sur la vision qu’expose l’auteur dans son livre sur les cheminements personnels et les éléments clés pour atteindre ce qu’il appelle « la Légende personnelle ».


La trajectoire de Santiago

Le personnage principal, Santiago, dont on ignore le nom quasiment jusqu’à la fin, est un jeune homme simple et ordinaire. Il n’est pas décrit avec précision, mais ses sentiments et ses pensées sont ouvertement partagés avec le lecteur. Le lecteur peut, grâce à cela, se reconnaître facilement dans les pensées de Santiago. Le récit progresse en même temps que la vie du berger qui devient voyageur, traverse le détroit, arrive en Afrique, travaille dans un magasin de cristaux, apprend l’arabe, se fait plusieurs fois voler tout ce qu'il possède, rencontre d’intéressants personnages, traverse le désert à chameau, vit dans une oasis, devient le disciple d’un alchimiste, et finalement atteint sa Légende Personnelle.


Le trajet du personnage est la preuve de la diversité des chemins que nous pouvons emprunter au cours de notre vie et de la richesse que chaque expérience, aussi banale semble-t-elle, nous apporte. C’est aussi un trajet physique qui génère une profonde transformation spirituelle chez Santiago et un changement dans sa compréhension du monde.


Élément essentiel du livre, le jeune homme représente aussi ce que Coelho appelle « Le troisième type d’alchimiste ». Dans sa préface, l’auteur explique qu’il existe trois types d’alchimistes : ceux qui disent connaître l’alchimie mais n’en savent rien, ceux qui la connaissent grâce à leurs longues études sur le sujet, puis ceux qui ne savent pas ce qu’est l’alchimie et néanmoins la connaissent en profondeur. Le berger, que Coelho met en parallèle avec le lecteur, fait partie du troisième groupe. Il constitue en quelque sorte un guide pour ceux qui désirent comprendre et suivre la vision de l’auteur.



La vision de Coelho et les concepts de l’alchimie

Grâce à son personnage principal, Coelho explique également aux lecteurs, de manière abordable, les grands concepts de l’alchimie et les transforme en conseils vitaux pour vivre pleinement.


Voici ces concepts : « les Signes », « l'Âme du Monde », « la Légende Personnelle » et « le Langage du Cœur ».

Selon Coelho, une force suprême, qu’il nomme parfois « l’Univers » ou encore « Dieu », est à l’origine de « signes ». Ils peuvent correspondre à un rêve, à une rencontre, à la direction que prend le vent, à tout élément qui vous donne des pistes sur le chemin à suivre. Selon l’auteur, il faudrait toujours écouter ces signes et les suivre. Mais pour bien les saisir, il faut comprendre « l’Âme du Monde ». « L’Âme du Monde » est en réalité le langage de l’Univers, c’est-à-dire le langage commun à tout ce qui se trouve sur Terre ; c’est le fonctionnement du monde, les équilibres qui existent et surtout l’amour de la vie; c’est comprendre que chaque élément de la nature est précieux.


Mais en plus de saisir ces signes, il faut comprendre le « Langage du cœur », qui correspond à ce que nous ressentons. Dans son livre, Paulo Coelho fait littéralement parler Santiago avec son cœur, pour faire entendre au lecteur qu’il faut écouter les sentiments et agir en fonction de ce que nous considérons être le meilleur et ne pas regretter nos choix par la suite.


Tout cela permet de parvenir à la « Légende Personnelle » qui est simplement la raison d’exister de chacun de nous. C’est un but individuel, parfois caché, mais qui est notre destinée et rend notre vie intéressante et heureuse. Coelho dit être convaincu que chacun a une Légende Personnelle mais que nous ne l’atteindrons pas tous. Malgré cela, il ne s’agit pas seulement de l’atteindre, mais également de la vivre : le chemin est aussi important que le but. Et, d’après l’auteur, « quand on veut une chose, tout l’Univers conspire à nous permettre de réaliser notre rêve. »


Cela dit, si l’on gère ces quatre concepts d’alchimie à l’aide de la patience, de la persévérance et du courage, selon Paulo Coelho, nous devenons alors nous-mêmes alchimistes.

Une dimension spirituelle au-delà du religieux

L’Alchimiste n’est pas seulement un récit sur l’alchimie, mais également sur la spiritualité. Paulo Coelho est très proche de ce concept ainsi que de celui de la religion. Il a grandi dans un environnement très catholique. Cependant, lorsqu’il écrit, il met toutes les religions sur un pied d’égalité face à la question de la vie et du destin. Pour lui, « tout a été écrit par une même main », et peu importe le nom que l’on donne à cette main car elle reste la même.


Comprendre et ressentir la présence de cette « main » est d’après l’auteur un point clé pour atteindre une plénitude spirituelle, puisque cette compréhension permettrait de voir que « tout n’est qu’une seule chose » dans le monde. Cela revient aussi à voir au-delà de la complexité et du superficiel de l’humain, pour comprendre la simplicité du monde, qui nous échappe souvent.

Pour finir, si vous souhaitez vous plonger dans une lecture courte et simple et réfléchir à votre perception de la vie et en apprendre davantage sur celle de Coelho, ou encore si vous voulez analyser l’alchimie comme la matière qui permet de transformer tout métal en or, non pas au sens littéral, mais métaphorique, L’Alchimiste est le livre parfait.




Elyse Chaves

Janvier 2020