J’avais toujours rêvé de voyager toute seule. Alors quand ma tante m’avait proposé de venir passer les grandes vacances chez elle, dans son village des Carpates ukrainiennes, j’avais immédiatement sauté au plafond. On m’avait chargée de cadeaux et de messages à lui transmettre, car depuis longtemps, sans que je ne sache vraiment pourquoi, elle ne venait plus chez nous.
J’étais installée dans un wagon-couchettes que je partageais avec une femme entre deux âges et sa petite fille. Toutes deux respectaient mon besoin de solitude sans que j’ai eu besoin de leur demander; depuis notre départ, seule la mère avait prononcé quelques phrases et la petite était mutique. Mes timides sourires n’avaient pas réussi à la rendre plus bavarde.
Le train filait à toute allure à travers la campagne endormie. De temps en temps, le sifflement de la locomotive, crachotant une fumée d’une épaisse blancheur, perçait le silence de la nuit. Le cliquetis des wagons sur les rails me berçait et mes yeux se fermaient sur le roman que j’avais commencé quelques heures auparavant. Quelques minutes plus tôt, j’avais entendu le vendeur de boissons chaudes et de sucreries passer avec son chariot grinçant.
Minuit sonnerait bientôt et je m’enfonçais dans mes rêves d’aventures. Soudain, un cri déchira le silence, je me réveillai en sursaut. Rien ne bougeait dans les couchettes de mes compagnes de voyage. Avais-je rêvé ? Non, impossible… Ce cri terrible ! Même mes pires cauchemars n’auraient pas pu l’inventer.
Je sortis rapidement de ma cabine pour voir ce qui c’était passé.
Je vis un horrible spectacle, un homme mort par terre dans le couloir!
La victime était âgée, bien habillée,
et elle avait un couteau enfoncé dans le ventre.
Je dus éviter une énorme flaque de sang pour passer à côté du cadavre.
Soudain, une porte claqua violemment, au fond du wagon. Je me précipitais vers la cabine qui était au bout du couloir. Je poussais doucement la porte et regardais à l’intérieur.
Je sentais la peur monter en moi, mes mains commençaient à trembler.
Dans cette cabine, il y avait trois personnes: deux femmes et un jeune homme.
La première femme était très maigre avec des lunettes cassées, des yeux rouges et elle n’avait que quatre doigts sur sa main gauche.
La deuxième femme était aussi maigre que la première et elle avait des jambes courtes. Sur son visage, on pouvait voir qu’elle était en colère.
Ces deux femmes semblaient être des sœurs jumelles.
Le jeune homme avait des menottes autour de ses poignets, une barbe rouge, une bouteille de vodka dans ses mains, ainsi qu’un couteau à côté de lui.
Je me trouvais dans une situation très mystérieuse, comme le fameux Sherlock Holmes.