Le concept de "cinéjournalisme" est né en 2014, alors je venais de créer et prendre la direction du DU "Photojournalisme, captations et images aériennes" (PCIA) à l'UPVD. Le terme, d'abord forgé en relation avec le photojournalisme, s'est institué en une théorisation, une méthode et une pratique, enseignées en école journalisme (CELSA) et en licence de journalisme (MIMJP) où il est devenu une matière officielle dans la maquette du diplôme.
Références
Gobert T. (2024), « Articulations entre médias visuels et sonores par des étudiants en réalisation documentaire et cinéjournalisme », Entendre l’image, Perpignan, Dir Claire Bardelmann, Cécile Jubier-Galiner, Presses Universitaires de Perpignan, coll. Images in situ n°3, pp. 117-132. https://hal.science/hal-05133346
Gobert T. (2021), « Retour sur cinq ans de pédagogie liée à l’utilisation des médias sonores en montage documentaire et cinéjournalisme », Entendre l’image & VISA, Perpignan, Dir. Jay-Robert G., Gobert T., Bardelmann C., 18 septembre 2021. https://hal.science/hal-03590480v1
Gobert T. (2021), « Le cinéjournalisme, une fabrique contemporaine du social avec des dispositifs numériques ; retour sur cinq ans d'enseignements », Ludovia # 18 : le numérique est-il social ? Ax-les-Thermes, 23 août 2021, https://www.ludovia.org/colloque.html. HAL : https://hal.science/hal-03592059
Invention du concept : Gobert T. (2014 - 2024) : Cours de réalisation en cinéjournalisme : quand le social est au coeur de l'action documentaire. UPVD (LP MIMJP) puis CELSA (Master MSJ).
Définition & extraits de textes (citations)
"Le cinéjournalisme est un kinéjournalisme, (κίνησις, kínêsis « mouvement » ; κινέω, kinéô « bouger ») : un journalisme où les images sont mises en mouvement, dans des montages cinématographiques, audiovisuels ou transmédias, qui refusent la fiction et mettent l’accent sur la sphère sociale des situations observées" (Gobert, 2017).
"Le « Ciné-photojournalisme » : une série de photographies présentées dans une réalisation audiovisuelle qui respecte les règles du cinéjouranlisme. Le « Cinéjournalisme » : une réalisation documentaire adaptant d’une part les éléments de la charte de Munich (photojournalisme) au ciné-reportage et d’autre part en injectant les 4 principes de construction, d’élaboration, de validation et de restitution spécifiques au cinéjournalisme. Il peut mélanger des travaux photographiques et vidéos dans une réalisation". (Gobert, 2021).
"Principes du cinéjournalisme
Le cinéjournaliste est un « photojournaliste audiovisuel ».
Pas de scènes de fiction dans les travaux. Le cinéjournaliste est épris de déontologie (voire d'éthique) et de fidélité au réel (dans les limites du possible).
L’esthétique du travail est significative mais la qualité du son et la réflexion sont plus importants que les images.
Il n’apparaît pas à l’image même s’il pratique parfois de « l’observation participante » ou du « terrain expérientiel ».
Pour faire naître une réflexion chez le téléspectateur, il est impératif de problématiser en quatre temps la problématique.
Il s’autorisera – après avoir collecté des matériaux et des informations solides - une analyse élargie mais parfaitement documentée. Le jugement de valeur est proscrit".
Dans les médias, le photojournalisme est une activité reconnue. Il véhicule des codes et des modalités info-communicationnelles que Visa pour l’image rappelle chaque année. J’ai proposé, au départ comme un jeu de mots, le terme « cinéjournalisme » pour évoquer un photojournalisme en mouvement, audiovisuel, qui aurait pu être appelé kinéjournalisme. Mais la transformation n’est pas neutre ; les premiers travaux d’étudiants devenus réalisateurs et documentaristes ont mis en lumière des spécificités que j’ai codifiées dans un enseignement, puis un label et enfin, une méthode de travail qui associe l’esthétique et les chartes déontologiques du photojournalisme à l’éthique et aux exigences du montage et de l’ajout des matières sonores et des prolongements multisupports numériques en ligne.
Fondamentalement, le cinéjournalisme est influencé par les travaux d’anthropologie visuelle (Piault, 2008[1]), le cinéma vérité (Vertov, [2]), le cinéma direct (Brault & Groulx, 1958[3] ; Rouch, 1967[4]) et les documentaristes qui refusent la fiction, à moins que les actants ne jouent eux-mêmes leur propre rôle et cela dans des conditions particulières. Il met l’accent sur les relations entre les personnes et leurs pratiques info-communicationnelles considérées dans leur contexte. Quel que soit le sujet ou la situation, l’angle principal est toujours la socialité qui s’exprime par les échanges, les comportements, les éthos visibles. Le cinéjournalisme est ainsi adapté à toutes les thématiques. Ainsi, mes documentaires sont en général réalisés dans le milieu aéronautique mais ils pourraient concerner d’autres milieux.
[1] Piault Collette (2008), Looking at European Societies: The European Research Film Seminars—Regards sur les Sociétés Européennes, 1983–1992, Visual anthropoly review, https://doi.org/10.1525/var.2007.23.1.111.
[2] Vertov Dziga (1924), L’homme à la caméra.
[3] Brault Michel, Groulx Gilles (1958), Les raquetteurs.
[4] Rouch Jean (1967), La chasse au lion à l’arc.