Le Passager /
The Passenger
Isaac Toussaint-Louverture
Le Passager, romance
Rives de ma terre natale,
Que de pleurs ont versés mes yeux,
Quand des vents l'haleine fatale
Marqua l'heure de nos adieux.
Emporté par ma nef légère,
Loin de l'amour et du bonheur,
A mes yeux fuyait la chaumière
De celle qui plaît à mon cœur.
Ces astres, cette autre nature,
Ces cités, ces peuples nouveaux,
Cet ennui que mon âme endure
Parmi les feux des matelots,
De ces mers l'immense barrière,
Tout me redit dans mon malheur.
Ah ! combien est loin la chaumière
De celle qui plaît à mon cœur !
J'ai connu la guerre et l'orage
Et les mœurs des bords étrangers :
Rien n'a pu ternir ton image,
Gloire, absence, plaisirs, dangers.
Tranquille au port, sur l'onde amère
Je répétais dans mon malheur :
Quand reverrai-je la chaumière
De celle qui plaît à mon cœur ?
Poem by Isaac Toussaint-Louverture
The Passenger, Romance
Oh, shorelines of my motherland,
What tears fell from my eyes
As fatal winds blew ‘cross the sand
Striking the hour of our goodbyes.
Blown asea by my sail alight,
Away from love and bliss,
As faded from sight
The hearth of the one I miss.
These stars, this strange nature,
These cities, these new faces
This pain my soul to endure
Among the sailors’ lights,
Of these seas, the vast distance,
Everything recalls my mischance.
Oh, so far from the hearth
Of the one who pleases my heart!
I have seen wars and storms
And the customs of shores foreign:
Nothing to dim your sunlit forms,
Not glory, absence, pleasures, nor perils.
Calm at the harbor, over the bitter seas
In sorrow, I kept on singing this refrain:
When shall I see again the hearth
Of the one who pleases my heart?
Translated by Carter Charles, 2023
Photograph of Haitian coast, courtesy Christine San Juan