Chantal Audebeau, Samedi 16 octobre 2022
Málaga est un centre économique et culturel qui nous a offert beaucoup de surprises. Il nous a fallu un moment pour comprendre que le large canal de bitume qui longeait notre hôtel était un fleuve, le Guadalmedina. Des jeunes y installent leur filet de volley-ball et y passent une bonne partie de la nuit à festoyer. La ville est comme un poumon économique alimenté par la mer. Son port montre des yachts de croisière amarrés et son centre historique propose aux milliers de touristes de nombreux musées. Nous y avons croisé des touristes allemands, mais d’autres venant d’encore plus loin en Europe, comme une famille lithuanienne
Le musée Thyssen nous a permis de comprendre l’évolution des intentions picturales de la fin du 19ème au début du 20ème à travers la peinture espagnole et européenne ayant pris l’Andalousie comme sujet. Ce virage dans l’histoire de la représentation artistique a alimenté nos débats. Du romantisme folkoriste, au costumbrisme espagnol, du raffinement du « preciosismo » à la peinture naturaliste jusqu’à l’amorce de styles en ruptures avec la représentation, nous avons vu comment les peintres ont réfléchi à l’importance de la peinture dans la construction d’une identité sociale. L’exposition consacrée à l’art belge nous a révélé la distance que les peintres du début du XXème siècle ont voulu prendre avec cette idée de représentation d’un réel social ou naturel, voire même de figuration.
C’est l’après-midi que les débats philosophiques ont été les plus vifs. Entraînés par une guide en désir de communication avec nos apprentis philosophes, nous avons déambulé dans les couloirs du Musée Pompidou, en quéte de significations. Les élèves ont pu expérimenter, sur le thème de l’exposition « un tiempo propio » comment l’art invite à la réflexion, à l’interrogation et à se défaire de préjugés, dont celui- tenace – qu’une œuvre est la codification d’un message sur lequel il faudrait s’accorder.
Si le Málaga d’aujourd’hui nous a hâpé avec ses tentations- pour ne pas dire tentacules – commerciales, nous avons pu retrouver son passé en découvrant la fraîcheur des patios arabo-andalous. Nous avons terminé la journée par une expérience musicale inoubliable de flamenco qui nous a plongé dans l’histoire douloureuse de la communauté gitane et nous a sensibilisé au regard théorique et poétique du premier universitaire et philosophe d’origine gitane : José Heredia Maya.