Le cours de philosophie :
En classe de Première Humanités : Primero de Bachillerato, Humanidades
Le professeur a programmé une séance dédiée à des exposés d’élèves sous forme de fichiers PowerPoint projetés sur écran. Il annonce qu’à la séance dernière les élèves ont présenté les philosophes grecs et latins. Il s’agit à présent de présenter le reste de l’histoire de la philosophie, à savoir depuis le Moyen-Age jusqu’à l’époque contemporaine (au moins le début du vingtième siècle).
Un seul groupe d’élèves a réussi à finaliser son exposé. Les élèves présentent Thomas d’Aquin (présenté selon sa canonisation catholique en tant que Saint). La diapositive présente un portrait , les dates de vie et de mort et le thème supposé de son œuvre : la conciliation de la foi et de la raison. Une deuxième diapositive présente Guillaume d’Ockham selon le même procédé en affichant l’étiquette de Nominalisme. Une troisième diapositive présente un troisième philosophe, Juan Duns Escot, selon les mêmes critères. Les élèves se contentent de reprendre les informations des diapositives.
L’exposé informatif reste très pauvre. Le professeur reprend brièvement l’exposé en ajoutant San Augustin qu’il situe dans la lignée de Platon, alors que Thomas d’Aquin est situé dans la lignée d’Averroes. Le professeur informe ses élèves que les écrits d’Aristote étaient très célèbres au Moyen-Age grâce au travail de lecture et d’interprétation entrepris par les philosophes et scientifiques arabes de l’Andalousie. Faute d’exposés finis, le professeur présente à ses élèves les exposés réalisés par d’autres élèves d’autres classes du même niveau.
Le cours révèle plusieurs impasses. Premièrement, vouloir présenter plus de 10 siècles de philosophie en une heure est une gageure qui aboutit à un récitatif d’informations très superficielles, et historiquement mal établies. Deuxièmement, ne compter que sur l’apport des élèves pendant une heure rend le professeur dépendant de la production ou de l’absence de production des élèves. Troisièmement, l’usage des exposés de type PowerPoint tel qu’il a été pratiqué fait obstacle à la problématisation vivante, l’échange argumentatif dialogique entre professeur et apprentis philosophes.
L’observation a permis aux professeurs français de réfléchir avec leurs homologues espagnols sur les travers d’un usage des nouvelles technologies de l’information pour l’exercice du jugement réflexif des élèves.