Arthur Rimbaud

El mal

Mientras los rojos escupitajos de la metralla

silban todo el día por el azul cielo infinito;

mientras escarlatas o verdes, junto al Rey que burlón ríe,

se desploman bajo el fuego batallones en masa;


mientras una espantosa locura machaca

y hace de cien mil hombres un montón humeante;

─ ¡pobres muertos!, ¡en verano la hierba, en tu alegría,

Naturaleza! ¡Tú que hiciste a estos hombres santamente!… ─


─ Hay un Dios que ríe en los adamascados manteles

de los altares, en el incienso y en los grandes cálices de oro;

que en el arrullo de los hosannas se adomerce,


y sólo despierta cuando unas madres, encogidas

en la angustia, y llorosas bajo su vieja cofia negra,

¡le dan una moneda envuelta en su pañuelo!


Arthur Rimbaud de Poesías [1863-1869] en Poesía completa [2002]

Trad. Mauro Armiño

 

«Le Mal»


Tandis que les crachats rouges de la mitraille

Sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu ;

Qu’écarlates ou verts, près du Roi qui les raille,

Croulent les bataillons en masse dans le feu ;


Tandis qu’une folie épouvantable broie

Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant ;

– Pauvres morts ! dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie,

Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !… –


Il est un Dieu qui rit aux nappes damassées

Des autels, à l’encens, aux grands calices d’or ;

Qui dans le bercement des hosannah s’endort,


Et se réveille, quand des mères, ramassées

Dans l’angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir,

Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir !