Talgo (Tren Articulado Ligero Goicoechea Oriol) est une entreprise espagnole de construction de matériel ferroviaire. Elle est connue notamment pour ses rames articulées qui circulent tant en service intérieur que sur des relations internationales entre la France et l'Espagne.
Histoire[modifier | modifier le code]
La société Patentes Talgo S.A. fut créée le 28 octobre 1942. Elle est aujourd'hui devenue un groupe international, présent notamment en Allemagne, aux États-Unis (où elle a cependant revendu certaines filiales en 2005) et en Finlande (après rachat de Rautaruukki-Transtech, constructeur de rames "S220", pour le train pendulaire finlandais mis au point à partir des ETR 460 des chemins de fer italiens).
Son capital a toujours été détenu pour l'essentiel par la famille Oriol. La banque d'affaires Lehman Brothers a toutefois annoncé, le 23 décembre 2005, son intention de souscrire une augmentation de capital de l'entreprise. À l'issue de celle-ci, la banque, associée à MCH Private Equity, détiendrait 49,9 % de la société, le solde restant entre les mains de la famille Oriol. Cette opération devrait être bouclée dans le courant du premier trimestre 2006.
En février 2025, un consortium composé de Sidenor, de Kutxabank et du gouvernement régional basque acquiert une participation de 29,7 % dans Talgo, valorisant Talgo à 595 millions d'euros2.
Les trains[modifier | modifier le code]
Le nom « Talgo » est l'acronyme de « Tren articulado ligero Goicoechea Oriol » (Train articulé léger Goicoechea Oriol). Les trois premiers mots reprennent les caractéristiques de base du matériel Talgo, tandis que les deux derniers correspondent respectivement au nom de l'ingénieur Alejandro Goicoechea à l'origine du concept et à celui de José Luis Oriol, qui a en financé la réalisation puis le développement.
Extrémité d'une voiture Talgo 200 montrant les roues indépendantes et situées à l'articulation de la rame.
Le matériel Talgo présente plusieurs particularités techniques qui lui sont propres et qui sont, pour certaines, reprises dans son nom :
l'articulation : chaque voiture s'appuie sur les organes de roulement de la précédente ;
la légèreté : depuis l'origine (1942), les Talgos sont construits en aluminium ;
l'absence d'essieux, les roues étant indépendantes, c'est-à-dire montées individuellement, sans lien mécanique entre elles ;
le système de pendulation passive, appelé suspension Talgo pendular3 ;
le système de changement d'écartement automatique Talgo RD (Rodadura Desplazable) permettant de passer de la voie large à la voie normale et réciproquement, sans arrêt, le train défilant au ralenti (entre 5 et 15 km/h) sur une installation spéciale. De telles installations ont existé jusqu'à fin 2012 aux principales gares sur la frontière franco-espagnole (Cerbère-Port-Bou et Hendaye-Irun)4 et sur le réseau espagnol, aux points de contact entre le réseau ibérique (écartement 1 668 mm) et le réseau à grande vitesse (écartement normal - 1 435 mm).
Rame Talgo I.
Voitures Talgo II.
Voitures Talgo III.
Voitures Talgo III RD.
Aménagement intérieur d'une voiture Talgo III.
Voitures Talgo 4.
Voitures Talgo série 6 ou Talgo 200.
Voitures Talgo 7
Rame Talgo 250, S. 130 à la RENFE.
Rame Talgo 350, S 102 à la RENFE.
Affichage dans une voiture Talgo entre Montpellier et Barcelone.
Voitures Talgo attelées de la ligne Almería-Madrid en gare de Linares-Baeza.
Le matériel Talgo circule dans plusieurs pays :
Espagne (trains de jour et de nuit) ;
Allemagne (trains de nuit, provisoirement sans emploi) ;
Argentine (Buenos Aires-Mar del Plata) ;
Portugal (trains de nuit en provenance d'Espagne) ;
États-Unis (trains de jour) ;
Kazakhstan (trains de nuit).
Le matériel Talgo a également circulé dans ces pays :
France (trains de jour et de nuit en provenance d'Espagne, services arrêtés fin 2013) ;
Suisse (trains de nuit en provenance d'Espagne, service arrêté fin 2012) ;
Italie (trains de nuit en provenance d'Espagne, service arrêté fin 2012) ;
Le matériel Talgo a été décliné en plusieurs générations :
La grande vitesse : les AVE 102 et 130[modifier | modifier le code]
Articles détaillés : S-102 et S-130.
L'AVE série 130 est, lui aussi, une rame automotrice pendulaire. Mais à la différence du 102, le 130 est conçu pour rouler sur LGV et sur ligne classique. À ce titre, il est à écartement variable et bicourant 25kV-50 Hz alternatif / 3kV continu. Sa vitesse limite est de 250 km/h. Sa ligne, inspirée de celle de l'AVE 102, lui a valu le surnom de pato ou patito (canard).
Un AVE 130 est en fait un Talgo 7 encadré par deux motrices. Les premières compositions ont d'ailleurs été formées avec des rames Talgo 7 qui jusqu'alors circulaient remorquées jusqu'à 200 km/h par des locomotives conventionnelles. Pour devenir des AVE 130, ces rames ont fait l'objet de quelques modifications mineures, telles l'adjonction d'une ligne à haute tension en toiture pour alimentation de la motrice dont le pantographe n'est pas levé, le renforcement du freinage ou encore la mise en place d'une interface informatique avec les motrices.
Ces rames sont entrées en service le 6 novembre 2007 sur les trains Alvia 131/130 Madrid-Gijón et 79/78 Alicante-Madrid-Gijón, sur des parcours intégralement réalisés sur ligne classique. Depuis le 22 décembre 2007, ces trains (renumérotés) sont tracés par la ligne à grande vitesse Madrid-Valladolid, à la vitesse limite de 250 km/h (le parcours sur ligne classique restant, lui, limité à 200).
Talgo AVRIL[modifier | modifier le code]
Talgo est à l'élaboration d'un train connu sous le nom de « AVRIL » (Alta Velocidad Rueda Independiente Ligero), qui signifie « grande vitesse, plus léger à roues indépendantes ». Le système est conçu pour inclure la traction avant et arrière des véhicules, avec des voitures ayant un système pendulaire, atteignant 380 km/h.
Talgo ICE-L[modifier | modifier le code]
Prototype d'une voiture de Talgo ICE-L en 2022.
La DB a commandé à la Société Talgo 100 ICE-L pour une valeur de 2.3 milliards d'Euros. Ces rames peuvent embarquer 562 passagers et circuleront principalement entre Berlin et Amsterdam5. Il s'agit d’une rame tractée réversible, longues de 256 m avec 17 modules, elle sera associée à une locomotive de la famille Tracvia, elle aussi produite par Talgo6
Notes et références[modifier | modifier le code]
Voitures Talgo avec locomotive série 334 en gare de Ourense.
↑ « https://elpais.com/economia/2021-03-18/talgo-nombra-nuevo-consejero-delegado-a-gonzalo-urquijo-en-sustitucion-de-jose-maria-oriol.html [archive] »
↑ (en) « Spanish group from Basque Country agrees to buy 29.7% of Talgo [archive] » , sur Reuters, 14 février 2025
↑ Les installations situées aux deux points-frontières franco-espagnols sont fermées depuis le 15 décembre 2013, à la suite de la mise en service de la liaison TGV, et ont été démantelées
↑ Rail Passion, N° 311, septembre 2023, Page 10
↑ « DB : nouvelles commandes d’ICE [archive] », 22 mai 2023 (consulté le 6 septembre 2023)
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
Bruno Legouest, « Talgo : l'exception espagnole », Correspondances ferroviaires, no 7, juin-juillet 2003, p. 40-56.
(es) Manuel Cano Luzzatti et Manuel Galán Eruste, Talgo 1942-2005 : de un sueño a la alta velocidad, Estudios gráficos Europeas, octobre 2005, 253 p. (ISBN 978-8-4931-3449-5).